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La Guerre de la fibre: Episode IV – Un nouvel espoir?

Publié le 17 novembre 2009 par Cédric Soares

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Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine…

En fait pas tant que ça, la saga de la fibre a débuté en France en Juin dernier, lorsque l’ARCEP a rendu public le cadre juridique dans lequel devra se dérouler le déploiement de la fibre optique.

En réponse au régulateur, France Telecom a gelé ses investissements dans la fibre. Depuis la bataille se joue sur deux fronts:

Dans les bassins de population dense ou zones noires (telles que définies par l’ARCEP sur la carte cliquable  ci-dessous):

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La position de l’ARCEP, depuis entérinée par l’autorité de la concurrence et la commission européenne, veut, que dans dans ces zones jugées rentables, le déploiement, reste à la charge de chaque opérateur. Concernant le raccordement « vertical » le schéma retenu par le régulateur est le « multifibres »: l’opérateur qui a déployé le fourreau jusqu’à l’immeuble doit permettre à ses concurrents de passer leurs propres fibres à l’intérieur de celui-ci.

La vocation du multifibres pour le régulateur est de favoriser la concurrence et de fait le taux de pénétration de la fibre. C’est sur ce point qu’il y a désaccord avec France Telecom. Alors que l’ARCEP chiffre le surcoût du multifibres à 5% pour l’opérateur possédant le fourreau, France Telecom le modélise à 40%.

En gelant ses investissements dans la fibre, France Telecom souhaite forcer l’ARCEP à reconsidérer le modèle monofibre où chaque opérateur ayant négocié de gré à gré, syndic par syndic, aurait l’exclusivité de l’exploitation de son fourreau. La position de l’opérateur historique s’explique par le fait que, sur le marché de la fibre, où les infrastructures ne sont pas déployées, le monopole qu’il avait sur Internet n’a plus lieu d’être. Ne pouvant plus compter sur ce marché, sur son trésor de guerre que représente son réseau de paires de cuivre, l’atteinte du break-even (point d’équilibre) n’est plus un acquis.

Dans les zones intermédiaire ou zones grises:

Alors que les zones noires ont un potentiel qui attisera naturellement toutes les convoitises des opérateurs et que les zones blanches à très faible densité devraient bénéficier le subventions afin de déployer la fibre, les zones intermédiaires où grises représentant 38% de la population (source ARCEP via Le rapport « Le nouvel espace rural Français » publié par le Sénat en 2008) ne représentent pas un ROI suffisant pour être couvertes systématiquement. Dans ce cadre, sans directives à l’échelon national, le risque à moyen, long terme réside dans l’accentuation de la fracture numérique entre les différentes zones géographiques qui seraient ou non couvertes.

En la matière, des propositions de l’état sont attendues d’ici mi-décembre. Deux schémas de déploiement horizontal ont pour l’heure été envisagés:

  • La création d’un opérateur mutualisé qui pourrait être financé par la Caisse Nationnale des Dépôts et Consignations. Sa mission serait de déployer la fibre optique du NRO (Noeud de Raccordement Optique) à un point de mutualisation donné (cabinet, immeuble…). Charge ensuite à chaque opérateur de déployer le « dernier kilomètre ».
  • L’ouverture d’appels à projets par zones géographiques. Pour chaque projet retenu, des subventions ainsi que des facilités financières seraient accordées à un opérateur qui détiendrait alors l’exclusivité d’exploitation de l’infrastructure déployée.

Il semblerait, à date, que l’Elysée s’orienterait vers la seconde voie et allouerait plus de 30 milliards d’Euros issu du grand emprunt au déploiement de la fibre. Cette position avantagerait France Telecom de par la granularité et l’importance de ses ressources. On assisterai, dès lors, au mieux à la reconstitution du monopole de l’opérateur historique et au pire à un « retour vers le futur » vers ce qui ressemblerait aux concessions accordées aux opérateurs durant le « Plan Câble » du début des années 80. In fine, le consommateur ne bénéficierait pas des avantages de la concurrence dans les zones grises.

A moyen terme, quelques soient les types de déploiements horizontaux et verticaux de la fibre retenus par l’exécutif, le législatif ou le régulateur, France Telecom n’a plus les moyens de maintenir sa position. D’une part la concurrence est en marche et malgré un taux de pénétration faible (230 000 abonnées fin Juin 2009), le marché est en forte progression avec +35% d’abonnés sur un an (source: Tableau d bord du très haut débit de l’ARCEP). D’autre part les revenus de la voix sur le marché grand public diminuant, l’opérateur a misé depuis maintenant plusieurs années sur de nouveaux services qui nécessitent une augmentation significative du débit pour être déployés: TV HD, 3D, interactive.

Le déploiement de la fibre semble donc maintenant « sur des rails » et avec un peu de chance, nous pourrons revoir l’oeuvre de Georges Lucas en haute définition avant l’avènement des voyages en hyper-espace.


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