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François F., un Français moyen au cœur de la crise

Publié le 18 novembre 2009 par Bravepatrie

Gérard veut tout, tout de suite. Convaincu par quelques publicités fallacieuses, il se laisse tenter. Ca commence par une nouvelle cravate, puis un écran plat, puis une voiture, puis une maison, puis une crise financière. La spirale du surendettement. Crédits relais, emprunts immobiliers, grands emprunts nationaux. Gérard ne sait plus comment faire pour s’en sortir. Les créanciers râlent, menacent de saisir : Gérard dépose un dossier à la Banque de France et à la Commission européenne. Refoulé. Motif : il est à la tête d’un parc immobilier d’une valeur de plusieurs milliards d’euros. L’assistante sociale lui conseille de revendre, mais le marché immobilier est en berne. Rien ne va plus.

Gérard a accepté de poser pour nous à visage couvert.

Gérard pense au pire. Il a une femme et des enfants à nourrir. « Je me suis dit à ce moment là que le suicide était peut-être une issue », nous confie t-il. Gérard consulte et prend des antidépresseurs. Gérard a vraiment une très sale gueule quand il passe à la télé. Il a le teint jaunâtre et des valises sous les yeux : il ne dort plus, ne mange plus, et commence à boire. Aller chercher son courrier est une épreuve. Il a peur de tomber sur un nouveau recommandé, une nouvelle menace de contentieux.

Gérard doit franchir le pas, acculé. Il se livre à de menus larcins pour gagner les quelques billets nécessaires à sa subsistance. Il braque les accidentés du travail, les fumeurs, les automobilistes : il grappille de-ci de-là quelques centaines de millions d’euros, mais reste incapable de faire face à son endettement abyssal. Gérard doit vivre la honte permanente de devoir s’expliquer à ses créanciers, d’étaler sur la place publique son train de vie. Nous avons écouté l’un de ces appels téléphoniques quotidiens. Au bout du fil, le congrès des Maires de France, redoutable filiale de recouvrement. Gérard a dû leur avouer qu’il ne pourrait plus s’acquitter de son débit de 17 milliards d’euros. Gérard a du mal à trouver les mots pour dire la triste réalité. Il essaie de se justifier : « Il ne s’agit pas de réduire les ressources financières des collectivités locales. Elles seront confortées ».

Gérard fréquente certains établissements de crédit peu recommandables.

Le créancier menace de faire jouer la caution solidaire. Gérard assure que ce ne sera pas nécessaire : « Il ne s’agit pas de redéployer les charges des entreprises vers les ménages. Les ménages ne seront pas affectés par la réforme ». Mais Gérard sait qu’il est dans l’impasse. Il n’a aucune solution de remboursement à proposer et craque nerveusement. Comme un soldat agonisant sur le champ de bataille, il en appelle au secours maternel : « Je m’en remets au Parlement pour trouver une solution équilibrée ». Gérard n’a plus envie de décider. Il a envie de se laisser aller. Il a envie qu’on fasse les choix à sa place, de retrouver la douceur et l’insouciance du foyer familial. Le créancier comprend qu’il a touché au but : Gérard est au fond du trou. C’est ce qu’il cherchait à obtenir.

Gérard pleure et se laisse aller à ses émotions. Il a envie de crier sa révolte contre un système qui broie les hommes. Avant, il était un vrai chef d’entreprise, mais il a été floué par un associé peu scrupuleux, Nicolas S., qui depuis s’est réfugié en Arabie Saoudite hors d’atteinte des poursuites. Mais Gérard a sa fierté. Il se reprend : « Bon, je vais faire un crédit de 35 milliards. J’en filerai 20 aux collectivités territoriales. Il en restera 15 pour les investissements nécessaires à l’avenir de la France et des français, pour surmonter la crise ». Nous ne disons rien. Nous préférons nous taire et laisser Gérard à son fol espoir.


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