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Les bons sentiments

Par Daniel Valdenaire

Le temps passe, je me promène doucement le long des blogs du samedi.


Je n’ai pas le courage de réagir, de donner un avis qui n’intéressera personne. Après tout un blog est d’abord un lieu d’expression personnelle et l’auteur y exprime des sentiments tout aussi personnels et je ne vois pas pourquoi je m’immiscerais dans sa vie. Pourtant, sur certains blogs, on ne peut ignorer la légère touche de provocation savamment distillée pour ne pas se dévoiler tout à fait, mais suffisamment pour que le lecteur discerne au travers des mots un message subliminal.

Ce qui n’est pas le cas de certains qui tels des taureaux dans l’arène foncent tête baissée et gare au lecteur qui ne s’écarte pas assez vite.


Mais, je sens que je m’égare car, ce dont je voulais parler aujourd’hui porte sur un sujet qui me tracasse depuis hier et qui concerne l’affaire des enfants du Soudan.

Ca me tracasse parce que je ne sais pas comment aborder ce sujet et malgré tout j’ai envie d’en parler. Cette affaire met en exergue plusieurs facteurs délicats.


Vouloir sauver des enfants relève d’une légitimité que personne n’osera contester.

Vouloir pour cela créer une structure permettant ce sauvetage est également louable.

Enfin, vouloir satisfaire le désir d’enfant d’un couple dans l’impossibilité d’en concevoir ne peut qu’être ressenti comme une grande et belle action.


Sous réserve de plus d’informations, tous les acteurs de ce scénario sont des gens sincères.

J’utilise le mot scénario sciemment, parce que j’ai l’impression et ce serait peut-être le seul reproche que l’on puisse faire aux dirigeants de cette association, c’est qu’ils ont bâti un édifice sur de l’émotion. Et dans ce cadre là, ils n’ont pas perçu les dérives que cela pouvait entraîner.


Le premier point, le plus dramatique est d’avoir voulu transférer des enfants. La situation dramatique de ceux-ci est évidente mais, ne pas tenir compte des modes de vie de ces peuples est une erreur grave. Les enfants orphelins, au contraire de chez nous, ne sont jamais abandonnés, ils sont toujours recueillis par la famille et s’il n’y a plus de famille ils le sont par la famille voisine.

Si on veut aider ces enfants, il faut le faire sur place. Des ONG sont là depuis longtemps. Il n’était nullement besoin de créer une structure de plus, il suffisait de se rendre au Soudan et se proposer comme volontaire.

Les 400 000 euros générés par cette aventure n’auraient-ils pas été utilisés plus utilement par les ONG ?


Le troisième point est le plus délicat. Il se trouve que les accueillants, malgré ce qui a été dit, étaient pour la plupart des couples désirant bien sûr apporter du bonheur à un enfant mais que d’autres avaient pour objectif, peut-être utopique, de pouvoir, au final, adopter. Le désir d’enfant est tellement fort qu’il entame une certaine perception de la réalité.


Et puis le dernier point que je voudrais définir est celui de notre arrogance occidentale.

Se dire que l’on va faire le bonheur d’un enfant parce qu’on le transpose dans notre modèle de vie me paraît le comble de l’irrespect de la dignité humaine.

Quelle que soit leur situation, les peuples de ces régions ont droit à leur intégrité. Ce sont des femmes, des enfants, des hommes normaux. Ni plus ni moins que nous.

Curieuse idée que d’aller se «  servir «  sous couvert d’aide humanitaire.


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