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Les préservatifs n'empêcheront pas le changement climatique

Publié le 18 novembre 2009 par Unmondelibre

Les préservatifs n'empêcheront pas le changement climatiqueCaroline Boin - Le 18 novembre 2009. Ressortir les vieilles peurs du placard et les mettre au goût du jour avec l’alarmisme en vogue, voilà la recette du rapport annuel du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) sorti ce mercredi et dédié au changement climatique. L’État de la population mondiale relève avec justesse que les femmes pauvres seront les plus vulnérables à l’impact d’un changement climatique. Mais il se concentre sur des méthodes dépassées de contrôle de la population plutôt que sur le fait de donner des moyens réels aux femmes pour se prémunir contre la pauvreté et du réchauffement climatique.

L’UNFPA a été créé dans les années 60, au beau milieu de la mode des prédictions sur la croissance de la population qui allait entrainer des famines de masse, une dégradation environnementale et la pauvreté. C’est donc sans aucune honte que l’organisation a décerné son premier prix de la population en 1983 au Dr. Qian Xinzhong, responsable de la supervision de la politique sauvage de l’enfant unique en Chine.

Mais les visions apocalyptiques ne se sont pas matérialisées, l’UNFPA perdant sa raison d’être. Pourtant il continue de défendre le contrôle de la population, même si c’est de manière détournée.

L’UNFPA a rejoint par le passé de nombreux trains en marche, de la santé au changement climatique, et quel que soit le sujet, il arrive toujours à la conclusion que la population est le problème et ... les préservatifs la solution. Il met toutes sortes de maux économiques, sociaux et environnementaux sur le dos de la surpopulation et de la croissance démographique. Mais en fait, tous ces désastres que sont la déforestation, les bidonvilles, le manque d’accès à l’eau et à la nourriture sont des symptômes de la pauvreté, pas de la population. Des taux de fertilité réduits ne résoudront aucun de ces symptômes ou les causes de la pauvreté, qui sont en réalité la réglementation irrationnelle, la corruption et l’oppression.

En fait, il n’y a pas de relation causale entre la densité de population et la pauvreté. On accepte l’idée que l’Inde soit qualifiée de surpeuplée mais on ne suggérerait jamais cela des Pays-Bas ou d’Israël, qui sont pourtant plus densément peuplés.

De même, les conditions environnementales se sont améliorées dans de nombreuses régions de la planète – grâce au développement et à la croissance économique, pas du fait de la réduction de la croissance démographique. L’UNFPA déclare : « les dommages à l’encontre de l’environnement par la société moderne est un des risques les plus inéquitables de notre temps ». L’UNFPA a raison de penser que les plus pauvres vivent dans les environnements les pires et les plus difficiles. Mais la faute n’est à imputer à l’industrialisation des pays riches mais, encore une fois, à la pauvreté. Le développement économique permet aux populations de surmonter les problèmes environnementaux Ce sont les pays pauvres qui connaissent les pires déforestations, les pires pollutions de l’air et de l’eau et la pire érosion du sol.

Le dernier rapport de l’UNFPA soutient que le planning familial, la contraception et l’éducation ne sont pas simplement désirables parce qu’ils renforcent la position des femmes (ce qui est vrai) mais aussi « qu’ils mènent à réduire les taux de fertilité qui contribue à une croissance plus faible des émissions de gaz à effet de serre sur le long terme ».

Mais il n’est pas évident que ces éléments réduisent les naissances, en dépit des exemples bien sélectionnés par l’UNFPA. Il y a des tas de contre-exemples où de tels programmes n’ont eu aucun impact sur les taux de fertilité. Et il y a encore plus d’exemples où aucun programme n’a été mis en place et où les naissances ont tout de même baissé. Le Mexique avait des programmes de planning familial de 1974 à la fin du siècle alors que le Brésil n’en avait pas, et pourtant la fertilité a baissé dans les deux pays à des taux similaires.

L’attitude de l’UNFPA est dirigiste et condescendante, supposant que la plupart des femmes veulent moins d’enfants. Et la seule méthode infaillible de réduire la fertilité serait la coercition, comme en Inde dans les années 70 ou en Chine aujourd’hui.

Plutôt que de recommander l’usage des préservatifs pour refroidir le climat, l’UNFPA devrait étudier les problèmes précis auxquels les femmes font face aujourd’hui, et qui pourraient s’aggraver s’il y avait un réchauffement climatique : la faim, le manque d’eau potable, la maladie… La liberté économique, et non la contraception, est la clé pour surmonter ces problèmes, pour le développement économique et pour renforcer la position des femmes.

Les femmes dans les pays pauvres ont besoin d’avoir la possibilité de posséder des propriétés et des entreprises, de commercer librement et de participer à l’économie formelle. Seulement alors pourront-elles se libérer des chaines de la pauvreté.

Caroline Boin est directeur de projet à l’International Policy network, un think tank de Londres.


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