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Beril Balkan signe pour le nouvel observateur un très bel article sur les hackers, pirates et autres cyberpunks ... cette résistance du web qui façonnent les libertés de l'espace numérique

Publié le 18 novembre 2009 par Jérémy Dumont

Quand on dit grand acteur du web, on pense à Google, Microsoft, Apple, ces grandes multinationales qui façonnent presque à elles seules tout l'espace numérique. Mais c'est sans compter sur une autre partie, plus sous-terraine, mais bien réelle : les hackers, pirates et cyberpunks.

Des internautes (Reuters)

Des internautes (Reuters)

L'avènement des nouvelles technologies dans les années 1970, la démocratisation du micro-ordinateur, l'accès à une information toujours plus large, ont permis l'émergence d'une autre culture de masse. Cet essor a engendré l'accès à de nouveaux savoirs, à une pluralité d'informations. Cependant la quasi-totalité de la toile étant gérée par quelques multinationales surpuissantes, il existe une frange qui se détache de cette information, la considérant comme tronquée. Cette faction revendique ainsi un véritable monde numérique, sans aucune frontière. Fonctionnant avec ses propres codes, ces personnes ont décidé d'œuvrer en faveur de la vérité, de l'information, usant parfois de moyens controversés. Hackerscyberpunkspirates, la résistance du web est arrivée il y a maintenant une vingtaine d'années et n'a cessé de s'imposer.
Ou comment des personnes alors insignifiantes, bousculent les codes de la toile et se sont imposées en quelques années comme des acteurs à part entière du web.

Qu'est ce qu'un hacker?


Hacker : nom masculin 
(de l'anglais to hack into, entrer par effraction)
Personne qui, par jeu, goût du défi ou souci de notoriété, cherche à contourner les protections d'un logiciel, à s'introduire frauduleusement dans un système ou un réseau informatique. (Recommandation officielle : fouineur.)

Voici la définition qu'on peut trouver dans le Larousse édition 2009. 
Un hacker serait donc selon le dictionnaire un fouineur. Une personne peu scrupuleuse dont le but est de s'introduire par effraction dans un système informatique, qui sait, peut-être même le votre!
Cette définition reflète particulièrement bien l'amalgame fait aujourd'hui entre les hackers, les cybercriminels et les pirates informatiques.
Dans sa signification relayée par les mass médias auprès du grand public, le terme fait surtout référence aux "black hats" ou chapeaux noirs.
Ce sont des hackers qui pénètrent par effraction dans des systèmes ou des réseaux avec un objectif personnel, souvent un gain financier.
Aux antipodes se trouvent les "white hats", chapeaux blancs: ils pénètrent par effraction dans des systèmes ou des réseaux dans l'objectif d'aider les propriétaires du système à mieux le sécuriser. Mais ces deux définitions restent assez simplistes.
A l'origine, hacker est un mot anglais signifiantbidouilleur, bricoleur. Il est aussi utilisé pour désigner des programmeurs doués en informatique. Mais par extension ce mot caractérise les personnes capables de transformer, détourner une technologie, un objet ou un programme pour lui faire faire autre chose que ce qui était initialement prévu. Le hacker se caractérise donc essentiellement par le détournement d'objet.
Il va utiliser toutes les nouvelles technologies dont il dispose afin d'explorer les confins de la machine, le plus souvent son ordinateur, qui va ensuite devenir son outil de travail une fois la phase exploratoire achevée.

Aux origines du hacker : le phreaker


Mais retraçons brièvement les origines de ce personnage du web. Le phreaker est au hacker ce que le vinyle est au CD : son ancêtre. Le phreaker désigne celui qui piratait les lignes téléphoniques. Ce mouvement émerge dans les années 1960 aux Etats-Unis.
Et ce que l'on considère aujourd'hui comme le premier cas de hacking est en fait du phreaking. Il reste particulièrement révélateur de l'impact que peut avoir un objet détourné.

Beril Balkan signe pour le nouvel observateur un très bel article sur les hackers, pirates et autres cyberpunks ... cette résistance du web qui façonnent les libertés de l'espace numériqueJohn Draper (DR)

C'est John Draper, mieux connu sous le nom deCap'n Crunch qui vient des céréales Captain Crunch, qui a laissé son nom dans l'histoire du hacking et du phreaking. Dans sa boîte de céréales John Draper va découvrir que le simple sifflet cadeau destiné aux enfants reproduit la tonalité des lignes de téléphone de la compagnie Bell pour les appels longues distances.
Il s'en servira pour passer des appels gratuitement.
Un article publié en 1971 va révéler au grand public le phreaking. Cette pratique va alors prendre une tournure tout autre, jusqu'à son extinction, les autorités étant désormais avisées, elles vont mettre en place des mesures répressives. 
John Draper sera démasqué en 1976 et condamné à deux mois d'emprisonnement. Mais le cas reste intéressant puisque pour la première fois les autorités se sont trouvées face à un homme dont l'arme n'était qu'un jouet pour enfant.
Il faut surtout s'attarder sur l'évolution du micro-ordinateurs pour comprendre l'émergence des hackers.
Avant l’existence d'outils peu encombrants et simples, seuls les membres d’institutions de recherche universitaire et militaire avaient accès aux réseaux informatiques via les super-ordinateurs.

Beril Balkan signe pour le nouvel observateur un très bel article sur les hackers, pirates et autres cyberpunks ... cette résistance du web qui façonnent les libertés de l'espace numériqueLes premiers micro-ordinateurs en 1975 (Sipa)

Mais l'apparition de micro-ordinateursdestinés aux particuliers va changer la donne. Les réseaux, et donc les informations, deviennent dès lors accessibles à un nombre plus grand d'individus, qui proviennent le plus souvent du milieu universitaire. Ils vont alors utiliser ce canal pour échanger leurs connaissances et les résultats de leurs recherches. On entre dans une quête de nouveau savoir et de propagation, élément central à la culture universitaire qui se retrouve aussi au cœur de la culture hacker.
L'avènement du numérique, des nouvelles technologies va accélérer les cas de hackages. Toujours plus célèbres et plus impressionnants. Certains souhaitant simplement passer à la postérité d'autres ayant une finalité engagée voire politique. Souvent on est dans une dénonciation du secret d'Etat, d'une main-mise de quelques uns, riches et puissants, sur l'ensemble des gens.

Le hacker, un cyberpunk?


Cette dénonciation du pouvoir ressemble étrangement à un personnage de lascience-fiction: le cyberpunk. 
A l'inverse du hacker, ce n'est pas une personne réelle. C'est originellement un personnage d'un sous genre de la science-fiction apparu dans les années 1980.
Il est une figure emblématique de toute une génération, en quête du savoir, avide de rétablir une certaine justice. En ce sens le hacker est souvent assimilé au cyberpunk. 

Beril Balkan signe pour le nouvel observateur un très bel article sur les hackers, pirates et autres cyberpunks ... cette résistance du web qui façonnent les libertés de l'espace numériqueNeo, dans "Matrix", illustration du cyberpunk (Sipa)

Si on ne devait parler que d'une personne pour représenter le cyberpunk, qui serait compréhensible d'un large public on citerait Neo. Ce personnage de "Matrix" incarné par Keanu Reeves est une des meilleures expressions cinématographiques de cette mythologie.
Dans un futur proche (si proche que l'on pourrait presque s'y projeter), la société est désormais régie par les machines et l'univers se partage en deux : les puissants, peu nombreux, qui asservissent l'humanité, toujours plus pauvre et plus soumise. Dans ce monde envahi par les nouvelles technologies, un jeune informaticien est en quête d'une vérité : qu'est ce que la matrice? Il va alors découvrir qu'il vit dans un monde complètement irréel et n'aura cesse de vouloir rendre la liberté aux opprimés. Ce film représente le combat typique du cyberpunk.

Origine du cyberpunk


Le genre cyberpunk, apparu dans les années 1980, a complètement rompu avec les schémas traditionnels de la science-fiction. Habituellement placée dans des perspectives lointaines dans le temps comme l'espace, le lecteur s'identifie difficilement à la science-fiction de l'époque.
En revanche le courant cyberpunk se veut réaliste. L'action se situe toujours dans un futur proche et sur Terre. Les personnages sont dans un univers désorganisé, régi par des corporations de plus en plus puissantes. Le héros se retrouve alors dans une zone d'incertitude et fait son possible pour se débrouiller, survivre et rétablir une vérité qu'il se doit de répandre.
En ce sens le cyberpunk, certes dans un univers noir et pessimiste, est finalement un personnage optimiste par sa volonté de faire changer les choses. Il n'est pas dans l'acceptation d'un ordre établi. C'est en quelque sorte le super héros des temps modernes.
Politiquement on pourrait classer le cyberpunk dans le courant anarchiste, à l'image de certains hackers. Notamment en raison de son opposition à l'organisation des pouvoirs généralement répartis entre quelques corporations qui usent de pratiques amorales au détriment de l'ensemble des citoyens. Le cyberpunk va dénoncer et combattre cette main mise.

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" HACKERS ATTITUDE"

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