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Sarko goes to Hollywood

Publié le 23 novembre 2007 par Jean-Philippe Immarigeon

On a tout dit sur le discours devant le Congrès de Sarko le 7 novembre dernier, copié-collé de toutes les niaiseries habituelles déjà servies depuis trois ans (voir notamment le discours du 12 septembre 2006 devant la French American Foundation, celui sur la « France arrogante et jalouse » : Sarko l'Américain pp. 121 à 127) et encore plus sur le reportage d’un petit quart d’heure diffusé par CBS dans l’émission « Sixty Minutes ». Regardez-le en entier : c’est de l’excellente propagande, et comme dans toute propagande il y a des perles.

Sarko en Amérique

La première est que ce portrait de Sarko l’Américain fait surtout celui de la France et des Français : une nation de feignasses qui se complaisent dans les 35 heures, avec des syndicats qui s’accrochent à leurs privilèges et des petits arabes qui foutent le bordel dans les banlieues. Rien de nouveau dans cette description d’un vieux pays tellement foutu et qui n’en finit pas de sombrer qu’on se demande toujours, en écoutant les Américains, comment on fait pour faire voler les avions les plus gros du monde, rouler les trains les plus rapides, être le troisième investisseur aux USA, le second exportateur de services comme d’agro-alimentaire, etc…. Mais Sarko va changer tout cela : au bout de quinze siècles de déclin et de déchéance, la France va enfin devenir un vrai pays.

Pour les médias US, il est le premier de nos présidents qui va serrer des mains (?), le premier qui visite ses compatriotes (??), le premier qui s’intéresse à eux (???), etc… Le tout à l’avenant. Même cocu, c’est un héros, celui de la maternelle de Neuilly. Sauf que depuis, face au dictateur-terroriste libyen, face au dictateur tchadien (quel mauvais arbitrage que d'obtenir d'un micro-Etat du Pacifique le jugement en France d'un chalutier coulé, pour se voir retourner par les Africains le même principe concernant L'Arche de Zoé !), face à Chavez l'ami de Ahmadinejad débarqué de sa fonction de médiateur dès sa sortie de l'Elysée, et, sans rapport aucun mais inquiétant concernant les capacités de négociation et surtout de résistance de notre président, face aux généraux américains comme face aux syndicats français, le héros se montre sous son vrai jour : celui d'un velléitaire qui cède sans résistance dès que la poudre parle, parce qu'il a voulu le pouvoir mais finalement ne sait pas quoi en faire ni à quoi ça peut servir.

Sauf à retenir Cécilia. Raté !

Seconde perle assez intéressante : la journaliste américaine lui rappelle un mot de son père disant qu’un Sarkozy n’aurait aucune chance en France : Go West, Young Man ! Et Nicolas de développer : on peut porter aux Etats-Unis un nom étranger et grimper très haut. Raisonnement entièrement tordu, mais typiquement sarkozien dans sa pauvreté paralogique. D'abord c’est quoi, un nom étranger en Amérique ? Tout ce qui n’est pas d’origine Amérindienne ? Justement pas, Sarko a quelques lacunes d'histoire : la presse US a relevé une nouvelle connerie de notre président, qui est allé décorer un vieil Indien (native american) qui avait fait le D Day, en lui disant que lui aussi, Sarko, était un émigré comme lui dans son propre pays. Quelqu'un pourrait-il rebrancher les neurones de notre président, apparemment toujours perturbé de s'être fait traiter de sodomite lors de sa visite en terre bretonne, et lui rappeler qui sont les intrus en Amérique du nord ?

Et si les exemples donnés par Sarko de réussite d'émigrés aux Etats-Unis sont réels, aucun n’est parvenu au sommet comme il l’a fait dans le seul pays au monde qui le permette : la France. Ce que Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa démontre sans le vouloir à la journaliste US (il l'a refait le soir du dîner de gala à la Maison Blanche), c'est que les Etats-Unis ont encore du chemin à faire en matière d'intégration pour se mettre au niveau de la France.

Enfin, sur l'incident lors de l'interview sur la question rapport à son ex, pourquoi se comporte-t-il ainsi avec la presse américaine, se permettant ce qu'il ne s'autorise pas avec la presse française (et Dieu sait s'il s'en permet, des choses) ? Il y a un rapport très bizarre à l'Amérique, qui n'est pas seulement politique ou sentimental.

C’est un point que je développe dans Sarko l’Américain :

« Pour Sarkozy, la règle est l’autorité ; la liberté est l’exception, sa définition est en creux, en négatif par rapport à l’autorité. Le modèle panoptique américain lui convient parfaitement. Sarko, c’est notre Desperate President, c'est notre Thelma et Louise. Réalise-t-il qu’en France où c’est la liberté qui est la règle, il est un homme plus libre qu’il ne le sera jamais aux Etats-Unis ? Il flatte les Américains en leur disant que chez eux on peut tout faire : c’est faux. « Aux Etats-Unis, écrivait déjà Tocqueville, on n’a point prétendu que l’homme eût le droit de tout faire ; on lui a au contraire imposé des obligations sociales plus variées qu’ailleurs. » Sarko l’Américain n’y serait pas libre car la vraie transgression y est rare, toujours récupérée ou ostracisée. Rien que ses déboires conjugaux l’auraient discrédité depuis longtemps, et lui auraient interdit tout espoir de carrière politique. » Jean-Philippe Immarigeon, Sarko l'Américain, 2007, Bourin Editeur, pages 114-115 .

Drôle de bonhomme, qui cherche dans un modèle américain dont il ignore tout, ce que la France lui a d’ores et déjà offert. Ou, pour renverser la proposition : que va-t-il chercher en Amérique qu’il n’ait déjà en France ? Le père, Pal, parti depuis l’âge de quatre ans, autrement dit tout à la fois l’affection et l’autorité qui lui font défaut depuis cette date ? C’est la première fois qu’un chef de l’Etat français prend sa fonction pour un divan de psychanalyste, et les Français à témoin d’un mal-être qui ne nous concerne pas. D’ici à ce que, devant les obstacles, il nous fasse une grosse dépression, comme au lendemain de la première trahison new-yorkaise de Cécilia (un zombie pendant une semaine, dixit les membres de son cabinet de l’époque Place Beauvau), il n’y a qu’un pas.

C’est grave, Docteur Freud… ? C’est surtout emmerdant pour la France.

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