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De l'identité à la réalité - intégration, désintégration ?

Publié le 21 novembre 2009 par Stb

Sans titre 1 Christian Harbulot, n'est pas n'mporte. Directeur de l'École de Guerre Economique et directeur associé du cabinet de consulting en risques informationnels C4IFR, il a également participé à plusieurs ouvrages et rapports parmi lesquels "Intelligence Economique et Stratégie des Entreprises" (rapport du Commissariat général du Plan), "La Guerre de l'Information" (étude commanditée par la Délégation Générale à l'Armement) ou "Techniques Offensives et Guerre Economique " (étude commanditée par le ministère de la Recherche). L'article qui suite, pioché dans le site www.infoguerre.fr  apporte un regard à la fois "savant" et juste sur un monde réél qui devient théâtre des opérations. Certes, cela fait 15 ans que je parle plus modéstement de ces problématiques. Même en fermant les yeux, des réalités sautent à la figure.

STB

Quelle identité pour la France


A l’heure où les débats sur l’identité de la France animent les salons et le microcosme parisien, d’autres débats voient le jour au gré de « faits divers » comme cette scène saisie samedi 14 novembre près du métro Ecole Militaire lors du fiasco publicitaire organisé par les responsables du site Mailorama. La société Rentabiliweb à l’origine de cette opération publicitaire prévoyait de distribuer plusieurs dizaines de milliers d’Euros dans des enveloppes comme elle l’avait déjà fait dans des villes anglo-saxonnes comme New York. Les scènes de violence gratuite commises par des « têtes creuses » (nouvelle appellation donnée aux casseurs de banlieue) illustrent les incohérences de l’évolution de la société française.

Les incidents violents intervenus à Marseille après la défaite de l’équipe d’Algérie en Egypte s’ajoutent à une liste déjà longue de non-dits sur les dérapages de certaines fractions de la population. Ces images qui sont peu, voire non commentées sur les antennes de Radio France (France Inter, France Info, France Culture) alimentent de nouvelles guerres de l’information sur Internet. Leur accumulation ne sera pas sans conséquences. Le risque d’un affrontement larvé entre une France « blanche » et une France d’origine immigrée n’est pas à exclure à terme si les provocations éventuelles et les non-dits banalisent de tels comportements.

Les prises de son réalisées par des journalistes durant ces violences de rue de samedi dernier font ressortir des propos désabusés de personnes venues chercher cet argent « gratuit ». Ces témoignages cautionnent les actions violentes commises ce jour-là au nom de la pauvreté et de l’expression « légitime » de la frustration de ne pas avoir reçu l’argent annoncé. L’amalgame « pauvreté = on a le droit de tout faire » est une escalade verbale qui est souvent cautionnée implicitement par une partie de la société de gauche. Rappelons à ce propos pour mémoire que l’extrême gauche savait faire le tri vingt ans auparavant entre les révoltés et les irresponsables. Lors d’une scène analogue qui eut lieu lors  d’une manifestation lycéenne de l’automne 1976, une femme enceinte avait été bastonnée par des casseurs lors d’un mouvement de foule. Une quinzaine de militants maoïstes avait alors chargé le groupe de casseurs à coups de barre de fer et de chaîne de vélo pour châtier l’agresseur. L’amalgame « pauvreté = on a le droit de tout faire » est aussi exploité par une certaine propagande d’extrême droite dans le but de faire naître dans l’hexagone une stratégie de la tension. Dans les deux cas de figure, il s’agit d’un affaiblissement de notre système démocratique.

Le débat sur l’identité de la France tel qu’il est amorcé aujourd’hui ne prend pas en compte ce type de dérapage. Drapé dans la langue de bois du politiquement correct, les partis qui siègent au Parlement ne traitent qu’une partie très limitée des conflits de nature sociétale qui couvent au sein de la société française. Les mini ruptures de digue symbolisées par les révoltes de quartiers « difficiles » de villes de la France profonde comme Saint Dizier et Vitry le François sont les premiers signaux faibles de crises sociétales de plus grande envergure. Face à la peur, les habitants de ces deux villes de l’Est de la France avaient commencé à s’armer. L’appareil d’Etat est intervenu pour temporiser et éteindre l’incendie, mais les braises ne sont pas éteintes.  Il suffit d’une véritable rupture de digue (policiers ou citoyens lynchés ou tués au cours d’affrontements) pour que la crise prenne une toute autre amplitude.

Christian Harbulot


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