Magazine Politique

Ségolène Royal et le coût élevé des polémiques

Publié le 21 novembre 2009 par Exprimeo
Longtemps positionnée à juste titre comme la leader politique la plus au fait des nouvelles tendances de l'opinion, Ségolène Royal a-t-elle conscience de l'impact des polémiques qui ponctuent sa présence depuis près de 3 ans ? Plusieurs évènements deviennent des indices d'une modification de fond de l'opinion. Les réactions face à la main de Thierry Henry montrent le besoin d'idéal qui anime l'opinion. C'est surtout le constat d'un besoin de sens : gagner à quel prix ? Une évolution se dessine en faveur de la recherche de ce qui compte vraiment. La communication de crise entraîne une crise de communication. Le consommateur et le citoyen aspirent à de nouveaux comportements. Il y a un besoin de sérieux, de considération, de respect. C'est la fin des pubards qui considèrent qu'il suffit de jeter de la frime et de la poudre aux yeux pour emporter la décision. La crise est passée par là. La pub va marcher à l'ombre parce que le citoyen demande du sérieux pour se sortir le plus rapidement possible de la crise. L'esprit de 2012 commence à naître. C'est cet esprit qui fera la décision. En 2007, l'élection présidentielle a été celle de l'action. L'actuel Président avait installé son prédécesseur dans la case du "roi fainéant" comme si l'action d'en haut pouvait tout changer. L'hyper nouvelle présidence n'a rien changé. 2012 pourrait être l'élection du sens. C'est le retour de bâton qui pourrait entraîner une génération politique qui a trop usé de la démesure de communication. L'ère du tout-pub s'achève. La demande d'être s'annonce et condamne celle du paraître. La crise économique rend insupportable la débauche publicitaire, ses effets d'annonces sans lendemain, ses "promesses-slogans", son show qui trahit les ambitions collectives ... La communication commerciale commence à prendre le tournant. C'est la redécouverte du produit qu'il faut goûter, tester, respirer ... pour découvrir son caractère, ses qualités ... La politique ne restera pas étrangère à cette évolution. Une nouvelle fois, la crise a changé la donne. C'est la fin de la frime et du bluff pour retourner à des valeurs solides, sérieuses. Cette évolution d'ambiance n'annonce rien de bon pour la majorité présidentielle qui incarne l'ère du light et de l'apparence de façon caricaturale avec les différentes étapes du bling bling au gourou Séguéla en passant par les fréquentations ostentatoires. Objectivement, trois tempéraments correspondent actuellement le mieux à cette nouvelle tendance. D'abord Dominique de Villepin, parce qu'il est par définition l'anti-Sarkozy pour l'imagerie populaire. Il est littéraire là où l'autre est image. Il est histoire là où l'autre est immédiateté... Même ses vidéos réalisées dans le bistrot du coin de quartier respirent bon la convivialité, la proximité, le terroir. Les confidences sur le train de vie spartiate de son Club montrent que lui aussi connait la dureté des temps. La concurrence la plus redoutable peut provenir de Martine Aubry ou de François Hollande. la première cultive la "ringardise" c'est à dire son expression à refuser la mode du moment. C'est efficace comme décalage revendiqué. Le second rappelle ses "racines corrèziennes" et son look pompidolien l'éloigne du clinquant. Ségolène Royal est progressivement trop empêtrée dans des polémiques qui paraissent inappropriées à la gravité du moment. Sa force de 2006 a été résumée dans l'enquête Ipsos réalisée pour le JDD les 17 et 18 novembre 2006. Ce qui attirait le plus dans la démarche de Ségolène Royal à cette époque : - elle incarne le renouveau de la gauche, - elle est la seule capable de battre Nicolas Sarkozy au second tour, - elle est à l'écoute des préoccupations des Français, - elle aborde les problèmes en faisant des propositions innovantes. Toutes ces qualités d'alors ont subi une érosion considérable qui explique les actuelles difficultés de Ségolène Royal dans les sondages. Les polémiques permanentes l'ont éloignée du renouveau comme des préoccupations réelles. La dernière polémique de Dijon risque de ponctuer ces sentiments diffus. Peut-être pour la première fois à ce point, Ségolène Royal s'est-elle éloignée des tendances de l'opinion ? C'est la fin du light pour la gravité. C'est la fin du look pour la vie intérieure. Le nouvel environnement de la présidentielle 2012 s'avance progressivement. C'est cette ambiance culturelle qui fera le "bon candidat".

Retour à La Une de Logo Paperblog