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Ceux que l'on enjambe dans la rue

Publié le 20 novembre 2009 par Enzodaviolo

“Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici 2 ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir.”

Voilà la jolie promesse populiste proférée par Sarkozy lors de sa campagne électorale pour l’élection présidentielle de mai 2007.

Tout le monde s’en souvient, effectuée au moment de l’action citoyenne des enfants de Don Quichotte de décembre 2006, cette promesse cynique correspondait en parallèle aux promesses de Boutin et de De Villepin pour un chantier national prioritaire ayant débouché sur la très populaire et médiatique mesure du droit au logement opposable ainsi qu’une batterie de 100 mesures censées améliorer le sort de tous ceux qui vivent dehors.

Trois ans plus tard, non seulement Sarkozy n’a rien éradiqué du tout, non seulement il a apposé son style répressif en expulsant les tentes posées par les enfants de don quichotte sur les quais de seine face à Notre-Dame avec perte et fracas au cours du mois de mai 2009, mais en outre sur les 100 mesures prioritaires promises par le gouvernement De Villepin, seules 29 mesures sont en cours d’engagement et uniquement 2 sont appliquées, et donc, 3 ans après, 69 mesures promises en faveur du logement de tous, ne sont toujours pas mises en œuvre.

Bien sûr, comment encore s’offusquer d’un tel abandon volontariste quand on constate les priorités affichées par Sarkozy dans sa politique, plus focalisée à expulser du sans papier qu’à loger les sans-abris, mais tout de même :

-le ministère du logement est passé entre temps au rang de Secrétariatd’Etat, c’est dire la priorité.

-la diminution annuelle pour 2010 du financement de l’Etat est prévue sans plan pluriannuel apportant une visibilité réelle pour l’avenir.

-le droit opposable au logement est peu appliqué puisque seules 12 000 procédures ont trouvé un logement sur les 100 000 dossiers déposés dont 29 000 ménages dits prioritaires.

Ce n’est pas l’empilement des 20 nouvelles mesures proclamées par le secrétaire d’Etat au logement Benoit Apparu, dont certaines très contestables voire futiles, et sans aucune volonté interministérielle affichée pour un plan national dit prioritaire, qui changera la donne. On est une fois de plus dans la communication et non dans l’action sincère.

Le SDF fait désormais parti des pertes habituelles de nos sociétés libérales et ça n’est pas prêt de changer malgré les promesses vulgaires non tenues et les mesurettes appropriées pour se donner bonne conscience, mais ridicules pour résoudre cette honte pour nos sociétés dites développées.

Quand je pense qu’il suffirait de récupérer une infime partie des exonérations fiscales accordées aux plus riches de ce pays pour rendre leur dignité à tous ces citoyens, je ne peux croire un instant à l’inéluctable, à la conjoncture, mais bien à une volonté de gestion du pouvoir de classe, un affrontement affirmé tel qu’il existait au 19ème siècle. Inacceptable.


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