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Quand VGE s'inquiétait de la nomination "historique" du futur Président du Conseil européen

Publié le 20 novembre 2009 par Sylvainrakotoarison

(dépêches)
Quand VGE s'inquiétait de la nomination "historique" du futur Président du Conseil européen
"Quand l'Union européenne improvise" par Valéry Giscard d'Estaing
Publié le 12/11/2009 - Modifié le 12/11/2009 N°1938 Le Point
L’Union européenne va désigner pour la première fois son président stable. C’est un événement historique, et le plus extraordinaire est son absence de préparation ! La proposition de l’élire remonte déjà à six ans. Elle figure dans le projet de traité constitutionnel à l’article 21 : « Le président du Conseil européen est élu par le Conseil à la majorité qualifiée [ce qui fait disparaître le droit de veto] pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois. » Le traité de Lisbonne, sur le point d’être ratifié, reproduit cet article sans en changer un mot. La règle est fixée, mais il reste à l’appliquer. L’expérience des Etats-Unis et de la France montre que de nombreuses questions se posent : doit-on faire acte de candidature, et dans quel délai ? Les candidats ont-ils des conditions à remplir ? Doivent-ils avoir siégé dans les institutions européennes ? Doivent-ils appartenir à un Etat membre qui applique toutes les politiques de l’Union ? Ces candidatures doivent-elles être accompagnées d’un élément de programme : gestion de la crise économique, fonctionnement des institutions, attitude vis-à-vis des demandes d’élargissement ? Le Conseil auditionnera-t-il les candidats avant de faire son choix ? Fera-t-il appel aux sondages de l’Eurobaromètre pour tester les réactions des citoyens sur les noms cités, et s’approcher ainsi d’une démarche démocratique, vers laquelle il faudra évoluer ? Tout cela aurait dû être étudié et prévu au cours des six dernières années, en attente de la ratification, soit par une commission du Conseil, soit par un comité spécial créé à cette fin, et présidé par un homme d’expérience comme, par exemple, le président Ciampi ou le président von Weizsäcker, qui auraient fait des propositions au Conseil. Cette suggestion, qui a été présentée auprès des présidences tournantes successives, est restée sans réponse. La désignation du premier président du Conseil européen va se faire dans l’improvisation ! Souhaitons que le bon sens et l’esprit européen inspirent les décideurs ! Une modeste suggestion : qu’au moment de choisir ils ferment les yeux et qu’ils imaginent leur candidat, assis en face de Barack Obama ou du président Hu Jintao, en train de défendre, avec force et autorité, les positions européennes ! L’idée de lancer un grand emprunt, qui a été présentée au président Sarkozy, semble-t-il, sans étude préalable, doit être traitée avec beaucoup de prudence. L’illusion qui se répand dans l’opinion consiste à croire qu’il s’agit de recueillir des ressources supplémentaires qui permettront de financer un nouveau train de dépenses publiques. Rien ne serait plus néfaste. Un emprunt, surtout s’il est vu avec méfiance, ne mobilise pas une épargne nouvelle. Il se substitue aux émissions de bons et de titres que le Trésor effectue de manière continue pour financer le déficit massif des finances publiques. Le grand problème de la France dans les années à venir sera l’excès de ses dépenses publiques, qui génère un déficit élevé, et un endettement record. Le gouvernement conduit des actions courageuses pour le réduire. Or la France ne retrouvera un taux de croissance suffisant pour diminuer le chômage que lorsqu’elle aura rétabli un meilleur équilibre de ses finances publiques, laissant ainsi une part suffisante de l’épargne disponible pour financer le développement de ses entreprises, sans hausse excessive des taux d’intérêt. Un grand emprunt peut être utile s’il améliore le financement de la dette, en procurant des ressources plus longues ou moins chères, ou encore s’il se substitue aux besoins d’opérateurs qui n’ont pas d’accès direct au marché. Mais il ne constitue en rien une cagnotte permettant d’étancher la soif de dépenses budgétaires nouvelles. Dans ce cas, il ne serait que l’alibi d’une augmentation supplémentaire de la dépense publique. La fin de la crise bancaire dans sa phase la plus aiguë, que je m’étais permis d’annoncer ici pour l’été 2009, laisse intacte, et même aggravée par les dépenses nouvelles qui ont dû être engagées, la difficulté de réussir la sortie de la crise, en se tenant à égale distance des deux solutions néfastes que seraient la hausse des prix et l’augmentation des impôts. Faisons confiance aux pilotes de notre économie pour ne pas y ajouter les inconvénients d’un emprunt spectaculaire, qui masquerait une augmentation de nos dépenses publiques.
par Valéry Giscard d'Estaing.
Président du Conseil européen : habemus papam ?
10/11/2009
L’élection, même par un corps électoral composé de seulement de vingt-sept personnes, du  premier Président du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement et du ministre des Affaires étrangères de l’Union aurait pu être un moment symboliquement fort de la relance européenne, après les heurs et malheurs du projet avorté de Constitution et du traité de Lisbonne. C’est raté ! Les États membres offrent le spectacle de ce que l’Europe produit de pire, la magouille d’arrière-salle, le marchandage de couloir, le maquignonnage de foire agricole. Les citoyens, simples spectateurs d’une pièce écrite sans eux, en sont réduits à guetter la fumée noire ou blanche qui jaillira du Justus Lipsius, le bâtiment du Conseil des ministres, à l’issu du conclave des « chefs » et à applaudir au choix forcément avisé de leurs dirigeants.
« On n’est pas candidat pour de tels postes », rappelait récemment Guy Verhofstadt, l’ancien premier ministre belge, lui-même candidat putatif malheureux à la présidence de la Commission en 2004. Effectivement, en dehors du courageux et un tantinet suicidaire Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, personne n’a osé se porter candidat, personne n’a présenté le moindre programme. Après avoir été favori, le non-candidat Tony Blair a été happé par les oubliettes de l’histoire. Désormais, c’est le non-candidat Herman van Rompuy, le ci-devant premier ministre belge (photo ci-dessous), qui, dit on tient la corde. Et tant pis si personne ne le connaît et ne sait ce qu’il pense de l’Europe, pas même ses proches. Pour le poste de ministre des Affaires étrangères, l’ancien Premier ministre italien Massimo D’Alema a tout aussi mystérieusement succédé au Britannique David Miliband dans les pronostics… Et rien ne dit qu’on n’aura pas droit à de nouvelles surprises d’ici quelques heures.
Cette absence totale de démocratie et même tout simplement de transparence (l’une n’allant d’ailleurs pas sans l’autre et réciproquement) est une occasion manquée de rendre plus proches les institutions communautaires des citoyens dont les gouvernements européens portent l’entière responsabilité. Il est vrai que le Parlement européen, qui ne débattra que ce mercredi 11 novembre du profil du poste du président du Conseil européen, c’est-à-dire trop tard pour peser sur les choix des « chefs », n’a pas fait grand-chose pour que la procédure se déroule autrement.
Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien président de la Convention qui a rédigé le projet de Constitution, note justement, dans un article publié par Le Point de cette semaine, que l’élection du premier président du Conseil un « événement historique », mais que « le plus extraordinaire est son absence de préparation ». Il s’étonne qu’aucune procédure n’ait été arrêtée alors que de nombreuses questions se posent : « Doit-on faire acte de candidature, et dans quel délai ? Les candidats ont-ils des conditions à remplir ? Doivent-ils avoir siégé dans les institutions européennes ? Doivent-ils appartenir à un État membre qui applique toutes les politiques de l’Union ? Ces candidatures doivent-elles être accompagnées d’un élément de programme : gestion de la crise économique, fonctionnement des institutions, attitudes vis-à-vis des demandes d’élargissement ? Le Conseil auditionnera-t-il les candidats avant de faire son choix ? Fera-t-il appel aux sondages de l’Eurobaromètre pour tester les réactions des citoyens sur les noms cités, et s’approcher ainsi d’une démarche démocratique, vers laquelle il faudra évoluer ? »
VGE estime que tout cela aurait dû être préparé depuis longtemps par une commission des sages, le projet de traité constitutionnel datant de 2004 et le traité de Lisbonne, qui a repris les innovations institutionnelles de ce dernier, ayant été signé le 13 décembre 2007. Mais les États ont préféré l’improvisation pour choisir celui que l’ancien chef de l’État espère être le « George Washington » européen. À vrai dire, je soupçonne que cette improvisation est un choix délibéré, à la fois pour que le pouvoir de nomination ne relève que des chefs d’État et de gouvernement et pour éviter que des personnalités trop fortes n’émergent. La médiocrité n’est-elle pas souvent la fille naturelle de l’improvisation ?
Rédigé le 10/11/2009 à 06:00 dans analyse, Avenir de l'Europe, Conseil européen


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