Vingt-trois pour un exploit

On prêtait des problèmes de riche au comité de sélection de l'équipe de France, après la victoire du XV tricolore face aux Iles Samoa. Même si la rencontre de samedi n'a pas permis de graver dans le marbre des certitudes certains enseignements, il n'en demeure pas moins que chaque joueur aligné face aux Iliens s'est attaché à démontrer qu'il pouvait être candidat à une place dans le groupe pour les Blacks.

Au terme de cet aimable divertissement automnal face à des Samoans sans granbd ressort, les Bleus s'apprêtent donc à tenter ce qui serait légitimement considéré comme un exploit : battre sur une même série de test, à qunize jours d'intervalle les deux meilleures équipes du Monde.

Un peu le genre de configuration qui attendra la France dans deux ans, pour peu qu'elle se qualifie pour les quart-de-finale de la prochaine Coupe du Monde. Même si les Blacks ne sont pas, à l'heure actuelle, de la même étoffe que leur devanciers, même si la mêlée néo-zélandaise pleure encore le départ de son pilier droit Carl Hayman et que la charnière Cowan - Carter est perfectible, accrocher le scalp des Kiwis deux semaines après avoir eu la peau des Springboks serait de très bon augure pour la suite.

Indéniablement, le "groupe France" est en train de se trouver une identité et se compose un vécu en commun absolument nécessaire pour prétendre, comme l'annonce sans ambage Emile N'Tamack, occuper la première place au classement de l'IRB. nous n'y sommes pas encore, loin s'en faut. Et le match de samedi constituera - sans jeu de mot - un vrai test pour les hommes de Capitaine Dusautoir.

La composition du groupe annoncée par Marc Lièvremont apparait comme un subtil panachage entre vainqueurs des Boks et bourreaux des Samoans. Avec, cependant, un léger avantage aux premiers nommés. A part Imanol Harinordoquy et Louis Picamoles, blessés, devant, Yann David et Cédric Heymans derrière ne figurent pas dans la liste parmi les joueurs ayant débuté la partie face aux Sud-Africains.

En troisième ligne Julien Bonnaire, très en vue face au Samoa et Fulgence Ouedraogo dont les sélectionneurs apprécient l'activité, auront la lourde charge, avec Thierry Dusautoir, de faire taire les velléités habituelles de Richie McCaw, spécialiste du pourrissement de balle dans les rucks. On regrette, à cet égard, qu'Imanol Harinordoquy ne soit pas là pour faire parler son expérience et sa ruse en matière de "police secrète des regroupements".

Pour le reste, on peut penser que Marc Lièvremont et ses collègues présenteront un pack calqué sur le premier test.

La charnière ne devrait pas non plus être très différente de celle qui mata les Springboks il y a deux semaines. A cet égard, qu'il nous soit permis de trouver particulièrement dures les critiques formulées à l'égard de François Trinh-Duc, dont on se plait à penser qu'il n'est pas loin d'être le meilleur à son poste, à l'heure actuelle. L'ouvreur parfait n'existant pas, et le clonage n'étant pas autorisé, il y a peu de chance pour qu'on trouve le candidat idéal d'ici 2011. Le choix des sélectionneurs de caler le Montpelliérain à l'ouverture du XV de France, y compris lorsqu'il connait des baisses de forme n'apparait donc ni surprenant, ni totalement idiot.

Chez les trois-quarts, le jeune Yann David n'a été rappelé qu'à la faveur du forfait du prometteur Benjamin Fall, qu'on a hâte de revoir à ce niveau. Le fait que le staff n'ait pas remplacé l'ailier Bayonnais par Cédric Heymans peut sembler étonnant. Cela indique certainement un positionnement de Maxime Médard à l'aile samedi prochain, Damien Traille reprenant le poste d'arrière. 

Yann David ne tient donc pas la corde s'agissant des titulaires au centre. L'ancien Berjallien a un côté "coffre à ballon". que de nombreux observateurs mettent en avant, certains allant mêm jusqu'à douter de son potentiel international.

Mais rappelons que David Marty, dont la sélection actuelle est loin d'être usurpée, n'avait pas franchement meilleure réputation en ce domaine il y a quelques années. Aussi, gageons que l'éviction du centre Toulousain ne sera que temporaire et qu'on le reverra cet hiver lors du Tournoi. Avec le retour de Maxime Mermoz, il se pourrait que Marc Lièvremont soit tenté d'associer les deux Catalans au centre de l'attaque. A moins que ne soit tentée une paire Jauzion - Mermoz, les deux hommes pouvant jouer en 12 ou 13.

Avec ce groupe, la France a les moyens de l'emporter. Si le XV de France parvient à imprimer à la rencontre la même intensité que celle mise face aux Sud-Africains, et qu'il parvient à varier le jeu, il pourrait bien perturber des Blacks pas forcément au mieux, on l'a dit. L'inconnu résidera dans le jeu au pied, que les Springboks n'ont pas vraiment sû utiliser face aux Français. Daniel Carter aura un rôle clé dans ce domaine. Et François Trinh-Duc souffrira sans doute de la comparaison.

Mais n'oublions pas non plus que la rencontre se jouera à Marseille. Dans un stade où le vent et le public ont souvent conduit le XV de France à battre les adversaires les mieux armés.

Avants (13): Fabien Barcella (Biarritz), Sylvain Marconnet (Stade Français), Nicolas Mas (Perpignan), Thomas Domingo (Clermont), Dimitri Szarzewski (Stade Français), William Servat (Stade Toulousain), Romain Millo-Chluski (Stade Toulousain), Sébastien Chabal (Racing-Métro), Lionel Nallet (Racing-Métro), Thierry Dusautoir (Stade Toulousain, cap), Fulgence Ouedraogo (Montpellier), Julien Bonnaire (Clermont), Julien Puricelli (Bayonne)
Arrières (10): Julien Dupuy (Stade Français), Morgan Parra (Clermont), François Trinh-Duc (Montpellier), Yannick Jauzion (Stade Toulousain), Maxime Mermoz (Perpignan), David Marty (Perpignan), Vincent Clerc (Stade Toulousain), Yann David (Stade Toulousain), Damien Traille (Biarritz), Maxime Médard (Stade Toulousain)