Le Marché des Gastronomes, erreur de casting ou maladresse marketing?

Fin octobre 2009, en me promenant du côté de Pigalle, on m’a distribué le flyer affiché ci-dessous, pour le Marché des Gastronomes (9 place Pigalle, 75009 Paris, à la place de la Nouvelle Athènes).

Recto, tout va bien, c’est informatif : « nouveau, épicerie, primeurs, frais, boucherie, traiteur, vins, liquides« , un poil publicitaire « +de bonnes affaires + de choix« . Avec un plus, le truc à la con, un peu racoleur, mais qui ne fait pas de mal : « aujourd’hui, profitez de notre journée découverte : -5% sur tout le magasin« . Hum, j’ai déjà un peu du mal à croire que c’est tous les jours journée découverte, il n’y a pas de date de validité…

Mais bon, ça passe encore. Là où ça se corse, c’est quand ils veulent prouver qu’ils sont moins chers que les autres. « + de bonnes affaires » :

• ce panier ne veut rien dire parce qu’il n’est pas vraiment représentatif… ou alors je cherche encore. On achète de la sauce tomate pour pasta sans pasta? On fait quoi avec l’huile d’olive? On achète du café moulu sans filtre?
• ce panier n’est pas très équilibré. Je ferme les yeux sur les yaourts et le beurre. Drôle de menu : du coca, du jus d’orange (vive le sucre liquide), du nutella (sucres, sucre…), du boursin? Si quelqu’un a idée de ce qu’on peut préparer avec ça, je suis preneur!
• bref, ce panier ne veut rien dire.
• en plus de ne rien vouloir dire, la comparaison de prix donne un avantage de 4 centimes d’euros au Marché des Gastronomes par rapport au Carrefour Market! 4 centimes sur plus de 20€, même si un sou est un sou, c’est infime, ridicule!
• je ne dois pas avoir les mêmes valeurs qu’eux, parce que ces produits, tous issus de la production de masse de l’industrie agro-alimentaire, avec des grandes marques connues (Danone, Nestlé, Coca Cola…) ne sont sans doute pas trop mauvais niveau gout, pour de l’industriel, mais ce n’est pas vraiment ce que j’appelle des produits de « Gastronomes« .

Et ça continue avec leur « + de choix : 500 nouveaux produits« , tout ça parce qu’ils ont « implanté » 500 références de plus en septembre 2009. N’importe quel supermarché qui vient d’ouvrir peut se targuer du même argument!

Enfin, les photos des rayonnages, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais c’est plutôt banal tendance moche.

Le seul bon point, finalement, c’est que ce prospectus est imprimé sur papier recyclé et recyclable.

Ne voyant pas trop ce que les Gastronomes avaient à voir là dedans, je lance une recherche google et tombe sur leur site web. Mouais, pas vraiment convaincu par leur pitch : naissance à Londres, où l’on trouve des « projets innovants dans les domaines de la restauration rapide et des petites surfaces alimentaires« . « Le mix des deux donna naissance à ce concept de distribution alimentaire de qualité et de proximité« . Mouais, mouais… Leur credo : « Proposer sous un même toit, chaleureux et convivial :  les grandes marques du quotidien à prix compétitif,  les produits savoureux de petits producteurs, une sélection de produits d’exception« . Hum, en effet, ça ne sent pas beaucoup le naturel et encore moins le spontané… Peut être que le vocabulaire est mal choisi?

Je ne leur laisse pas le bénéfice du doute, puisque les deux « gérants », Laurent Pinsolle et Daniel Naveira, sont passés par le marketing et le commercial chez L’Oréal et Unilever. La distribution de masse, les grands volumes, ils connaissent. Le discours assez formaté, très bien. Une certaine qualité apparente et du packaging, des « belles » marques, ça oui, mais des bons produits, je ne suis pas convaincu, même si d’après cet article, il y a bel et bien des petits producteurs, de l’équitable, du bio (tous les deux très à la mode) et qu’ils ont un camion pour aller à Rungis (so what?).

Bref, si le flyer ne m’avait déjà pas donné envie d’y aller, le site web et ce que j’ai pu lire ailleurs me conforte dans mon idée que le marketing de grande consommation récupère tout, à tort et à travers : le bio, l’équitable, les petits producteurs… Hop, toutes les bonnes idées sont dénaturées. C’est triste!