Magazine Journal intime

A la découverte de Kiwiland, Auckland

Par Simplybrice
Un soupçon de Moyen-Orient,
Trois pincées d'Asie,
Que pourrais-je bien ajouter maintenant à ma recette?

Bon sang mais c'est bien sur!! La Nouvelle-Zélande, les antipodes!!! En avant, c'est parti!!!


Je quitte l'Indonésie sur un petit gout d'inachevé. Seulement trois semaines sur place n'auront pas été suffisantes pour que je sois rassasié. Ahh, si seulement je n'avais pas perdu trois semaines à Kathmandou en attente d'une nouvelle carte bleue, les choses auraient surement été toutes différentes! Mais il faut faire avec ce que l'on a, ce qui est déjà extraordinaire.

A l'heure de monter dans l'avion, de tirer le rideau sur dix mois à manger du riz, je ne peux nier que j'ai une petite boule au ventre faite de sentiments contradictoires. Quand on s'apprête à atterrir dans le pays de l'autre côté de la terre par rapport à la Douce France, c'est le signe qu'à partir de maintenant, véritablement, inexorablement, je me rapproche. Soit.
Cela dit, l'expérience de onze mois en Asie aura été au delà de tous mes rêves et le plus beau, c'est que ça continue! Malgré les croches-pattes inhérents à la vie nomade, j'avance toujours d'un pas conquérant. Je suis vivant, surfant sur la vague des aléas du quotidien avec brio.


Malgré mes premiers galops en Turquie,
Malgré les dizaines de Dark Vador que l'on croise en Syrie,
Malgré les grimpettes pas toujours assurées en Jordanie,
Malgré les vendeurs égyptiens qui te suivent sur des centaines de mètres, malgré le désert,
Malgré la montagne qui te fais découvrir des sphères de fatigue encore inconnues au Népal,
Malgré les coeurs brisés épongés aux seaux d'alcool grimpant des parois en Thailande,
Malgré la conduite de nuit au Cambodge,
Malgré les chutes à répétition à moto au Laos,
Malgré les lits de rivières que l'on remonte à fond de deuxième avant de tirer à la Kalashnikov au Vietnam,
Malgré les requins ET les requines aux Philippines,
Malgré la mongolphière et les pertes d'orientation pas fier en Chine,
Malgré l'altitude au Tibet,
Malgré les pertes de repères et pas que de retour au Népal,
Malgré les vaches, la chaleur, les odeurs, le froid en Inde,
Malgré le souffre en Indonésie,
Je suis toujours là, le coeur vaillant. Enfin j'essaye...


C'est que ce n'est pas facile à chaque seconde d'être un conquérant en terre inconnue. Imaginez-vous, par exemple. Vous vous apprêtez à découvrir le pays des kiwis mais pour ce faire, il faut passer l'épreuve de dix heures d'attente en escale à Brisbane en Australie. Certes, il y a bien deux ou trois choses à faire mais quand même, c'est long dix heures d'attentes quand on a le couteau entre les dents.
Pour patienter, je commence par, il était temps, acheter le LP consacré à la Nouvelle Zélande. Je débarque dans ce pays le soir même, il est enfin temps d'avoir quelques informations. Question organistation, c'est mieux... La lecture me tient éveillé quelques heures. Je n'en suis seulement sorti quand rugissent au milieu du ronronnement ambiant des sirènes qui réveilleraient un mort. La voix qui d'ordinaire annonce les vols en partance ou les enfants perdus qui cherchent désespéréments leurs parents, prend le micro pour une annonce pas banale :

- Avis à toutes les personnes. Ceci n'est pas un exercice. Veuillez quitter au plus vite le terminal en empruntant la sortie la plus proche. Je répète, ceci n'est pas un exercice!

Héberlué, ne sachant à quoi m'en tenir, je suis alors la foule des voyageurs pendant que un à un, les boutiques "duty free" abaissent le rideau de fer et ferment dans une cacophonie de tous les diables. Tout le monde prend ses jambes à son cou.
Passant un premier panneau annonçant une sortie toute proche, on s'enfonce dans un couloir. Au bout de celui-ci, un agent en uniforme apparemment inconscient de ce qui se trame nous intime l'ordre de rebrousser chemin. Impossible de sortir par là. Vite, une deuxième sortie. Là encore, un autre guignol nous refuse l'accès, c'est à n'y rien comprendre d'autant que les sirènes continuent de retentir. Puis, alors que la transumance d'urgence se poursuit, les sirènes s'interrompent. La foule des badots s'interrompt alors aussi. La voix reprend alors la parole :

- Avis à toutes les personnes. L'alerte est levée, vous pouvez reprendre une activité normale.

Ben voyons... Avec soulagement, je retourne alors m'assoir, l'idée même d'une alerte générale au sein d'un aéroport n'étant pas particulièrement bienvenue quand on doit y passer la journée entière... Mais au bout du compte, cela aura au moins eu le mérite de faire passer vingt minutes supplémentaires. Je retourne à ma lecture.
Les boutiques ré-ouvrent les unes après les autres. Peut-être devrais-je en profiter pour m'cquitter de ma deuxième mission indispensable : acheter un nouvel appareil photo, au rythme où ça va avant le prochain... Toujours fidèle à mon fournisseur même s'il ne me le rend pas depuis quelques mois, je m'équipe de nouveau en Panasonic dont je commence à avoir marre de faire la publicité sans contrepartie. A force d'égarer mes appareils photos, je fais pourtant tourner la boîte à moi tout seul!! Les ingrats, qu'il en soit ainsi...

Je viens enfin à bout de cette attente interminable. Il est 18h30, l'avion décolle.
Un décallage horaire plus tard, il est 1h passée quand il se pose enfin. Vivement un lit propre! Entre la route depuis Gili Trawangan, l'attente à Denpasar, l'avion vers Brisbane, une nouvelle attente de dix heures et ce dernier vol, ça fait pas moins de 36h que je suis parti! Ne reste plus qu'à me dédouaner des formalités douanières et le compte est bon.

Dans la queue qui avance péniblement vers la sortie, mes sacs posés sur un chariot roulant, je suis accosté par un officier en uniforme. là, il me pose quelques questions de routine.

- D'où est-ce que vous venez?
- De France, mais je n'y ai pas mis les pieds depuis un certain temps. Mon dernier vol vient de Brisbane.
- Combien de temps avez-vous séjourné à Brisbane.
- Quelques heures seulement, j'étais en escale.
- Avant cela, où étiez-vous?
- A Bali, mais encore une fois, je n'y suis resté que quelques heures.
- Suivez moi s'il vous plait.

Alors que je n'étais qu'à quelques pas de la sortie, je suis contraint de rebrousser chemin, suivant le douanier qui m'ouvre le chemin dans le sens inverse de la queue dans laquelle je patiente depuis de trop longues minutes. Un couloir plus tard, je suis dans une grande pièce où les agents s'affairent. Arrivé devant une grande table, mon képi me demande de m'assoir sur une chaise pendant qu'il s'occupe de mes affaires. Pour l'occasion, "s'occuper" signifiant tout débaler et étaler le tout sans soucis de rangement. Pendant le grand déballage, l'agent me questionne :

- Alors comme ça on voyage... Vous savez naturellement ce que je cherche...
- Je sais que nous sommes en Nouvelle Zélande et, le pays étant une île, vous recherchez tout ce qui peut être porteur de microbes, de bactérie ou je ne sais quoi du genre naturel et potentiellement dangeureux pour l'écosystème local.
- Ah? C'eut pu être une bonne réponse mais non. Présentement, je me demande si vous n'essayez pas d'introduire de la drogue sur le sol national.
- C'était donc ça, fouillez donc!!!

Je n'ai, dans le domaine, rien à me reprocher. Cela dit, je me souviens avoir discuter il y a quelques jours du cas de Manuel Blanc avec une française. En résumé, Manuel Blanc s'est vu confié à Bali par un de ses amis un équipement complet de plongée dans lequel la douane locale a retrouvé des dizaines de kilos de substances interdites au point de lui faire passer le restant de ses jours dans une prison indonésienne. Et si une personne mal intentionnée avait chargé mon sac? On ne sait jamais.
Mais non. Rien à se mettre sous la dent pour l'ami uniforme tout déçu qu'il est s'il n'était pas rassasié d'avoir étalé l'ensemble de ma maison ambulante sur 3m².

Notre rendez-vous inopportun s'achève là. Charge à moi de tout remettre à sa place. Il est trois heures du matin, heure locale, quand je m'extrais du local à suspects. Ne reste plus qu'à rejoindre le centre ville et à la trouver cette fameuse pièce de litterie dont je rêve les yeux ouverts. Je suis alors toujours dans l'aéroport quand je me rends compte d'emblée qu'en Nouvelle Zélande, on voyage plus facilement qu'en Chine par exemple. Le bureau d'informations aux voyageurs est toujours ouvert. L'employé nocturne se charge alors de me trouver une bonne petite adresse ainsi que de me vendre le ticket de bus pour m'y rendre.
Tout se passe alors comme sur des roulettes.
A 3h30, j'y suis, enfin. Fais de beaux rêves.


Le lendemain (12 novembre si je ne me gourre pas), il est temps de voir à quoi ressemble Auckland maintenant que le soleil brille et que les filles sont courtes vêtues, profitant d'un avant gout d'été austral. Ma GH est en plein centre-ville. Dans le voisinage immédiat, de hautes tours se dressent avec à leur base, une enfilade de fast food en tout genre. Apparemment ici, il y a trois catégories de restaurant, les sushis bars, les kébabs, et les Mc Do', KFC et autres Burger King, ce qui n'est pas négligeable.

Je commence ma ballade par un petit tour du côté de la marina. Là, les bateaux de croisières gigantesques cotoient les frêles esquifs. L'Océan Pacifique est d'un vert magnifique, les vues sur la baie également. Je poursuis ensuite en passant au pied de la Sky Tower, batiment le plus haut de l'hémisphère sud à la forme d'antenne dont le sommet reste en dessous de celui de cette brave dame de fer, la Tour Eiffel. Alors que je la longe, je remarque que les piétons tout autour, ont tous les yeux levés vers le ciel, signe qu'il se passe quelque chose de notable. En effet, un candidat à l'adrénaline vient de sauter à l'élastique du haut de la tour. Et oui, ils sont comme ça les kiwis, dès qu'il y a un tantinet de place en dessous, ils arrangent tout pour qu'on puisse s'envoyer en l'air. Message bien reçu, poursuivons.
Je prends alors le chemin de l'université. Ce n'est pas tant l'envie de m'assoir sur un banc d'écolier qui me pousse ici, c'est plutôt que le campus est bordé par un jardin public où il fait bon s'alonger sur l'herbe entouré d'arbres aux formes rocambolesques. Pas besoin de me faire prier. Profitant de la douceur du temps, j'enlève chaussures et T-shirt et lézarde jusqu'à la somnolance jusqu'à ce que la faim m'en sorte.
Qu'à cela ne tienne, la promenade était belle, gageons que ce ne soit que le début dans ce pays qui a tant à offrir. Je suis de retour à l'hotel vers 19h30 à l'heure du coucher du soleil. Dans la partie commune, sur l'écran plat, on diffuse le dernier volet du Seigneur des Anneaux. Je tombe dans l'embuscade et n'en sors que pour écrire quelques lignes avant que la nuit ne vienne me prendre dans ses bras douillets agrémentés d'une couette qui n'est pas de trop pour lutter contre la température qui est bien tombée depuis l'arrivée de l'obscurité.


Nouvelle journée, nouvelle épopée.
Aujourd'hui, on ouvre un volet culturel par la visite du musée de la ville. Pour s'y rendre, c'est facile. Par rapport aux pays précédents, l'anglais aidant et le cout de la vie m'y contraignant, je prends le bus, meilleur moyen pour arriver à bon port.
Dans le musée, des milliers d'objets de toutes tailles célèbrent la culture maori et polynésienne d'une part, et l'influence britannique d'autre part (sic). L'angleterre est d'ailleurs à l'honneur aujourd'hui puisqu'il pleut. Ensuite, à un autre étage, c'est à la faune et à la flore qu'on s'intéresse en plus de se voir donner une leçon sur les volcans dont l'activité "récente" est responsable de l'émergence de la Nouvelle zélande depuis les profondeurs de l'océan.
D'ailleurs à la sortie, malgré le crachin qui ne s'est pas calmé, je me dégote un nouveau bus pour rejoindre le Mont Eden, un parmi la quarantaine de cones qui entourent Auckland. Celui-ci a beau ne pas être particulièrement haut, les vues depuis son sommet dévoilent toute la ville qui s'étire paisiblement aux alentours.
C'est calme, c'est naturellement beau, c'est kiwi!
Le temps d'en prendre pleins les mirettes et de me peler de froid à cause des 40èmes rugissant qui amène dans leur sillage des températures quasi-polaires, je rentre enfin à la casa, apprécier une douche chaude qui ne manquait pas que de la Thailande à l'Inde, mais qui là, te remet d'aplomb en un clin d'oeil.
J'en profite également pour acheter un billet de bus pour ma prochaine étape, Rotorua, un petit peu plus au sud, dont tout le monde ici dit que c'est la capitale mondiale de l'activité géothermique. On verra bien.
Un peu d'écriture plus tard, je m'enfonce sous la couette en pensant aux sources chaudes qui m'attendent plus loin.

  

 

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