Magazine Journal intime

A slalomer avec les typhons, c'est la vie a Palawan!

Par Simplybrice

Dans le fond du désert,

Dans les gouffres des montagnes,

Dans les eaux des rivières,

Dans le froid des campagnes,

Dans le bleu de la mer,

Dans une coupe de champagne,

Je (te) survivrééééé!!

Au pays des requins,

Au dessus des baleines,

Quand je mange du boudin,

C'est un p'tit porc qui saigne,

Au delà de la peur,

Avec mon jambon beurre,

Je (te) survivrééééééééé!!!!

Je m'arrête là même si je suis chaud... C'est que cette dernière petite semaine à Malapascua, ça m'a bien remonté, comme un coucou remonté au Guronzan. Fin prêt que je pars maintenant à Palawan, île qui fleure bon la verdure teinté d'aventure; et comme pas une seconde n'est à perdre, l'avion se révèle sans surprise bien plus pratique et rapide que le bateau. Si il y en a encore que ça surprend, prenez une feuille, un stylo, ensuite vous avez le choix entre passer une ou quarante-huit heures pour tracer une ligne de la longueur de votre choix. Si vous choisissez quarante-huit, je veux voir le résultat!!

Donc, revenons à nos moutons, je prends l'avion, une seule et misérable journée après avoir pris la décision et acheter le billet. Le vol, est-ce la peine de préciser, s'effectue sans heurts, avec de surcroît une place près du hublot autorisant des vues pas possibles sur les Visayas, archipel dans l'archipel, où les montagnes et les plages se succèdent à un rythme de réacteur.

En posant le pied à Puerto Princessa, le soleil brille, quoi de plus normal. Et là vous dîtes : combien de temps cela va-t-il durer? Ce à quoi je répond : patience...

Je rejoins une GH toute mignonette en lisière de la ville. Les propriétaires sont aussi des exposants d'artistes locaux, donnant ainsi à chaque recoin du batiment, de la terrasse abritée aux chambres, un exotisme bien loin des blockhaus chers à Jean-Marie. Ma chambre, c'est au sous-sol, à côté de la cuisine que ça se situe. Plus simple, tu dors dehors, sachant que dormir dehors, ça veut dire sur la terrasse dans un hamac.

Ce premier soir, je passe la soirée là à discuter de temps à autre avec les gens qui travaillent ici, et comme je suis pour ainsi dire le seul locataire des lieux, ça se passe plutôt avachi que assis, tout le monde un grand sourire sur le visage. Pour un peu, j'aurais l'impression d'être aux Philippines. Ah mais non, j'y suis aux Philippines, c'est pour ça!!!

Le lendemain, je n'ai pas vraiment pris la peine de mettre un réveil, encore terriblement marqué par les ouvertures d'yeux pré-levers de soleil pour aller rendre visite à des sortes de grosses sardines. Maintenant vient l'heure de profiter de la journée en mode piano piano, commençons par monter sur la terrasse et voir ce qu'il s'y manigance.

Là, alors que j'entame mon petit dèj', arrivent coup sur coup, Josha et Mira, deux hollandaises à donner des torticolis à des tournesols, et Dondon (NDLR : prononcez donne-donne), un philippin qui vit sa vie entre peu de travail et beaucoup de plaisir. De là, la France parle à la Hollande qui lui répond. La Hollande parle aux Philippines qui lui sourissent. Les Philippines en claquent cinq à la France qui n'en demandait pas tant.

On est donc un petit groupe naissant bien comme il faut, le genre de groupe qui vous fera le regretter, pour sur. Et comme un parfait commencement, toute l'après-midi n'est qu'une longue conversation ininterrompue seulement surprise par la tombée de la nuit sans que cela vienne à la freiner. Un dîner en ville s'enchaîne en se promettant que demain serait une douce promenade à travers la ville, guidée par Dondon qui connait les environs et plus encore comme sa poche.

A l'heure de se coucher, les chauves-souris et les geckos se disputent notre attention.

Le matin suivant, c'est le même rituel que la veille, lever vers la terrasse, cette fois-ci le coeur en fête d'aller fureter avec la bande de la veille. La bande est déjà là, mais pas vraiment sur le pied de guerre. A l'extérieur, les nuages remplissent le ciel d'une sinistre couleur grise tirant méchamment sur le noir. Le temps d'avaler la dernière bouchée de mon petit déjeuner, les mêmes déversent des seaux d'eau sur la ville, les arbres qui entourent la terrasse se balancent de part et d'autres comme des déments désarticulés, un gentil typhon passe le bonjour à tout ce qui se dresse à des kilomètres à la ronde.

Pour la promenade en buvant du lait de coco, ça tombe à l'eau... Ne nous reste plus qu'à reprendre le programme là où on l'avait laissé bouillir la veille, agrémenté aujourd'hui d'une nouveauté sortie de derrière le comptoir par Dondon : un grand saladier rempli de perles, de pierres, de bois, ce qui, si on le conjugue à une bobine de fil de pêche, entrouvre en grand les portes du monde merveilleux du confectionnage de bracelets et autres colliers. Traditionnellement, j'aurais sans doute été tenté par quelque autre activité, mais ça tombe tellement juste en ce jour de déluge qu'une nouvelle fois, toute l'après-midi, on est chez nous sur cette espace voué à la contemplation ou à la discussion, en un mot, au contentement.

Et même quand les soucis s'invitent aussi, le discours est identique.

Ainsi, alors que les perles s'enfilent bon train, une jeune fille de l'hotel m'interpelle toute excitée.

- Monsieur, il y a un problème avec ta chambre. Viens voir, vite, vite!!

Je descends alors à sa suite jusqu'à mon niveau sous rez-de-chaussée. Là, toutes les petites mains disponibles sont en train de s'affairer à quatre pattes, toutes les éponges ou des tissus à la main. Par le dessous de ma porte coule dans tout l'étage des monceaux d'eau qui se répandent quasiment sur toute la longueur du batiment, et chacun est très curieux de savoir ce qui se cache derrière. C'est dans un demi centimètre d'eau et pieds nus que fébrilement j'approche la clé de la serrure. Je pousse la poignée et simultanément un nouveau demi centimètre déferle dans la pièce. Ma chambre est l'innocente victime d'une ignoble infiltration d'eau à l'échelle de l'Atlantide. A l'intérieur, tout ce qui mesure moins d'un centimètre et qui ne sait ni nager ni voler est mort par noyade. Mes affaires, quant à elles, sont en partie sauves. En partie car par miracle, mon petit sac à dos, réceptacle de tout ce que je possède de valeur, joue au radeau de la méduse sur le lit. En partie aussi car mon gros sac n'a pas eu la chance de se voir attribuer une place sur le radeau. Il est posé par terre verticalement, le cul trempé jusqu'aux genoux. Pas de dommages collatéraux, juste un grand sèchage pour faire s'évaporer cette histoire d'eau. Une fois mes quelques affaires mouillées sur le fil, la péripétie est oubliée pour peu que rien ne reste sur le sol et que je ne pénètre pas dans ma chambre en portant des chaussures en daim pour au moins les vingt-quatres prochaines heures. A voir en sachant que je ne peux pas changer de chambre car celles-ci se remplissent en cette fin de journée... Tant pis pour les chaussures en daim... Je retourne à mes bracelets!

Sur la terrasse, alors que la lumière commence à décroître et que la pluie semble se calmer bon gré mal gré, d'autres voyageurs arrivent et partagent notre terrain de jeu. On en est très content sauf qu'entre les arrivées et les réservations, je dois rester sur l'arche de Noé ce qui n'a, en fait, rien d'insurmontable pour peu que tout y soit suspendu ou posé ailleurs que par terre.

Avec les trois autres, nos bras sont grands ouverts et la conversation s'étend à tous.

Parmi les gens qui sont là, il en est un qui veut prendre le bus pour se rendre à El Nido dans le nord de Palawan s'il y en a un en partance le lendemain. El Nido, c'est aussi notre destination avec Josha, Mira et Dondon qui, là encore, connait du monde. Mais nous, on est bien refroidi à la lecture des images satellites permettant de se donner une idée de la couleur du ciel des jours à venir. Au dessus de nous, la fin d'une dépression tropicale de couleur jaune sur la carte s'en va voir si le ciel est plus bleu à l'ouest. De l'autre côté, menace un typhon, un vrai de la taille de la région Poitou-Charentes avec une couleur rouge vif, qui devrait balayer le nord de Palawan dans les heures à venir. Ca ne peut que nous inciter à la prudence; comme je dis toujours, la sécurité avant tout. A partir de là, demain on sortira la grenouille baromètre, on l'attachera à une longue aiguille en métal et si elle se retrouve foudroyée vive, le souci de sécurité fera qu'on prolongera d'un ou plusieurs jours supplémentaires notre retraite à la GH jusqu'à épuisement du stock de batraciens.

Ainsi, le lendemain, on mijote notre capture. Les roles sont distribués entre celle qui attire la créature, ceux ou celles qui lui attrape les pattes avants et arrières, celui qui l'attache en haut du mat. Mais, dans notre aventure, on est stoppé tout net, comme victime d'un croche-pattes sur la ligne d'arrivée, par ce que les jeunes appellent dans leur vocabulaire bigaré l'internet. Sur cette "toile" qui m'a tout l'air d'être un beau bordel, on découvre les yeux écarquillés que le typhon a brutalement bifurqué vers le nord induisant que notre destination et la route pour l'atteindre ont été survolées par la tache jaune qui entoure la grosse tache rouge du milieu, évitant le pire.

C'est donc l'autorisation formelle du bureau de la sécurité en général et en particulier de partir vers El Nido qui tombe sur notre bureau exotique ainsi qu'une lettre de félicitations de la brigade de sauvetage de l'espèce batratienne, ça fait plaisir.

Au dessus de nos têtes, la pluie tombe toujours comme au premier jour mais tout est normal si l'on s'en réfère à l'"internet". Je met donc à profit le temps qui m'est donné de compter les gouttes super vite pour faire autre chose. Rencontrer Sarah, François et Jeroen par exemple. Découvrir l'internet. T'écrire des articles longs comme le mat sur lequel on a failli sacrifier une pauvre petite bête sous l'autel de la science.

La journée est donc bien remplie ou pleine de rien si on est très très aigri.

Ca permet en tout cas d'avoir les accus rechargés au maximum pour affronter plein pot une journée de bus local sur les routes de campagne potentiellements recouvertes d'une couche non négligeable d'eau tombée du ciel quelques heures plus tôt. Une fois à la gare routière, la néo-compagnie fait connaisance avec son siège pour les huit à douze heures suivantes, siège dont l'élément constituant principal est la planche de bois. On fait aussi connaissance, cette fois dans le bus, avec un autre jeune couple débonnaire ce qui ajoute encore au patchwork que nous sommes.

Au départ, tout le monde est extrèmement fatigué. Le soleil montre à peine le bout de ses rayons que les roues du bus font déjà les Dervish Tourneurs; les paupières, elles, font de l'haltérophilie. A l'intérieur, tout remue. Ici, la chaussée, qui n'en est le plus souvent pas une, est la principale cause d'insomnie. Pas de danger que le conducteur s'endorme au volant, s'il dessert sa prise, il saute à s'en manger le plafond! Et moi dans tout ce concert de vibrations? D'abord à la recherche de la moins pire des positions pour tenter victorieusement de s'assoupir pendant une heure, je parviens à mes fins en me contortionant autant que ma brindille de corps puisse me le permettre alors que l'état de la route s'améliore un peu. Mais toute cette paresse revendiquée à cette heure contre-nature a une fin; à chaque nouveau tronçon chaotique, j'ai la tête qui est brangueballée en tous sens. Seule deux solutions s'offrent alors : le brisage de nuque à la mode de Chuck Norris, ou la lutte contre l'endormissement façon "On Achève Bien Les Chevaux". Le choix est alors vite vu.

Puis, au fur et à mesure, la fatigue commence à baisser la garde. Il faut dire qu'à l'extérieur le soleil fait des apparitions de plus en plus durables et que rien que ça contribue à obtimiser le moral des troupes. Enfin, alors que les portions particulièrements roulantes se multiplient, on se concerte avec Dondon pour accoucher de l'idée du jour : monter voir défiler le trajet depuis le toit du bus. Tout d'abord, il convient de préciser que c'est une pratique courante aux Philippines, tant qu'on peut caser des passagers, sur les sièges, dans l'allée, à l'arrière accrochés à une échelle, sur le toit, on les case. Ensuite, il fait toujours plus de 30°. Enfin, vivre les paysages verdoyants qui défilent, le vent glissant sur le visage, perché à deux mètres au dessus du sol, même si pour les fesses on a encore trouvé pire que les sièges, c'est comme se découvrir un nouveau sens. D'accord, ce n'est pas très sécurité avant tout, mais au fond, peu importe.

On grimpe donc d'abord avec Dondon. Lui passe le premier et n'attend même pas que le bus s'arrête pour se hisser le long de l'échelle latérale! Le chauffeur, voyant que j'étais aussi en route vers l'étage, arrête alors la marche triomphante de sa monture pour me permettre de le rejoindre, ça c'est sécurité! Une fois en haut, je laisse la fatigue derrière comme les tableaux qui se succèdent, chaque paysant ou enfant de paysant que nous croisons sourit de toutes ses dents, agite les bras en guise de salutations, nous renvoie un festival de sentiments affectueux. A chaque véhicule croisé sur lequel il y a aussi des personnes juchés, c'est la même histoire. Dès qu'on croise un regard, c'est le bonheur, bonheur qu'on ne peut cacher en interpelant tous nos p'tits amis et en leur hurlant plus fort que le moteur que leur place, c'est là haut qu'elle est, et que s'ils ont un petit coussin, qu'ils le prennent aussi.

Ainsi, plus on progresse, plus le contingent décapotable s'étoffe. Au total, on finit à huit zozos sur le toit accompagné de deux philippins qui trouve le fait d'être assis là complêtement normal. On est donc tous en première ligne pour prendre conscience de l'ampleur des pluies qui se sont abattues autour, sachant que plus on remonte vers le nord, plus jusqu'à l'horizon c'est à quelques exceptions près semblable à de petites mers intérieures. Sur notre toit, la désolation fait parfois taire la joie, en sachant qu'on ne peut pas toujours regarder ce qui se passe autour au risque de s'encraner une branche basse ou un fil électrique survolant la route. Au final, pour Dondon et moi, on endure près de quatre heures de ce rodéo routier avant d'être rappelés à l'ordre par la pluie; au départ, de minuscules gouttes inoffensives qui, au fur et à mesure des kilomètres, gonflent pour transformer un brumisateur rafraichissant en une douche dispensable. Il faut donc remonter dans le bus, pourvu pour nous et surtout pour les habitants parsemés que ça ne dure pas trop, on voit ce que ça peut donner quand la pluie tombe par ici...

Nous sommes en toute fin d'après-midi quand on arrive à El Nido. Il fait encore jour et les nuages se sont un peu dissipés. C'est parfait pour qu'on puisse dénicher la bonne GH en prenant le temps de se rendre compte à quoi ressemble les lieux. A première vue, El Nido est un petit village de pêcheur devenu, sans mal au regard du décor, une minuscule station balnéaire. Les pensions et les restaurants à petits prix se succèdent les pieds dans le sable d'une plage faisant face à d'imposantes montagnes calcaires. Pour notre part, on se sépare en deux groupes. Sarah et François vont dans une GH, Mira, Josha, Jeroen, Dondon, le couple dont je ne me souviens plus des nom et moi dans une autre, l'Alternative. C'est construit sur le sable avec un modeste batiment principal accueuillant le restaurant, quelques chambres, des coussins par dizaines, auquel est collé une dépendance d'un seul niveau, composé de deux chambres partageant une terrasse les pieds dans l'eau à marée haute et les pieds dans le sable à marée basse. Pas d'autre alternative, il nous faut ces deux chambres.

Sitôt dit, sitôt fait. Dans la première, les filles; dans la deuxième, les garçons; le couple dort dans le batiment principal. On est donc comme des coqs en pate dans notre petit nid où on fête l'arrivée aux fruits de mer et au bain de minuit pendant lequel je perds un bracelet fabriqué de main de Braïce vieux de trois jours. Pas grave, pas grave.

Ainsi se termine donc ce débarquement en masse à El Nido. A partir de là, Dondon prend les commandes. Si le temps le permet, demain on loue une bancasse et on part

jouer les flibustiers épicuriens à la découverte du Big et du Small Lagoon, tout un programme, j'en ai le steack de thon qui salive!!

PS : Article poste de New Delhi ou je galere toujours avec mon Archos pour le chargement de photos. Plutot que de m'arracher les rares cheveux qui colonisent encore mon crane, j'abdique... Mais j'ecris!

Prepare toi quand meme car quand ca va arriver, ca va arriver fort et mechant!!!!

A bientot a tous


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