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La leçon d’aujourd’hui.

Publié le 23 novembre 2009 par Wilverge
La leçon d’aujourd’hui.Des auto-rickshaws et autres trucs qui roulent (Bangalore).

Route entre Kochi et Mysore
L'Inde, c'est à voir. Jusqu'à présent, après un peu plus de deux semaines dans ce pays qui pourrait bien être un continent à lui seul tant le dépaysement est grand. Je suis épuisée mais aussi émerveillée par ce que j'y vois, ce que j'apprends tous les jours et les expériences que j'y vis. Je n'irais pas conseiller cette destination à tous mais, c'est définitivement un incontournable si l'on veut tenter de comprendre comment les gens peuvent vivre si différemment de nous et, dans des conditions que peu de personnes, à commencer par moi, jugeraient acceptables.
Chaque jour est différent. Chaque jour nous découvrons un peu plus comment vivre ce nouveau pays.
La leçon d'aujourd'hui s'intitule : les transports.
Le train qui relie nombre de villes dans le sous-continent est définitivement le meilleur moyen de se déplacer, et ce, tout le monde le sait. C'est pourquoi ils sont si bondés et qu'il faut s'y prendre plus de deux semaines d'avance pour y avoir une place pour les longues distances, particulièrement pendant la saison des mariages de novembre à mars.
La vie étant bien faite, notre prochaine destination n'est pas joignable par les rails nous faisant expérimenter les routes, histoire de pouvoir comparer. Notre trajet d'aujourd'hui :
Le ferry entre Kochi et Ernakulum
Confort = ça va, la banquette éventrée est peu confortable mais ce n'est que pour une quinzaine de minutes.
Danger = nul malgré les accostages et les départs qui sont longs à manœuvrer malgré le fait qu'ils soient effectués environ vingt fois par jour depuis des années.
Ponctualité = parfaite, à la minute près.
Appréciation de Nad = très bonne, la vue est magnifique sur la mer d'Arabie.
Le bus entre Ernakulum et Trissur
Confort = acceptable, surtout que personne ne veut jamais s'asseoir à côté de moi, quitte à rester debout?
Danger = j'ai dormi presque tout le long, ça ne devait pas être si mal!
Ponctualité = bonne, quand tu réussis à savoir quand il part car là, les informations diffèrent.
Appréciation de Nad = va toujours, on a vu pire.
Le bus entre Trissur et Calicut
Confort = semblable au bus précédent, une barre de fer dans les fesses de plus.
Danger = si la vie vous intéresse, à éviter.
Ponctualité = parfaite mais, au péril de la vie des autres.
Appréciation de Nad = plus jamais, ça a écourté mon espérance de vie de 2 ans certain!
Le bus de Calicut à Mysore
Confort = même siège que les deux autres bus excepté que là, comme Will est au bord de l'allée, un homme ne se gêne pas pour se joindre à nous.
Danger = les ravins sont frôlés de près et les dépassements me coupent le souffle.
Ponctualité = nulle, du point de vue que nous devions arriver à 21 heures et que nous arrivons à une heure du matin.
Appréciation de Nad = très mauvaise, j'en veux encore au chauffeur d'avoir refusé d'arrêter pour que j'aille aux toilettes.
Explications :
En Inde, les conducteurs de véhicules en tout genre se prennent pour des pilotes de formule un et se croient invincibles. Chacun veut gagner un pouce d'asphalte, au péril de sa vie et de celle de ses passagers. De vrais psychopathes routiers.
Entre les klaxons et les freinages d'urgences propulsant nos corps vers l'avant, je sers les dents et me contracte de tous mes muscles.
Droite, gauche, droite, accotement, chacun fait à sa tête et personne ne veut céder le passage. Tous foncent face à face jusqu'à ce qu'un chauffeur ait un éclair de génie et réalise à la dernière minute que l'impact sera inévitable s'il ne cède pas.
Les conducteurs se coupent créant des embouteillages qui seraient probablement évités ou moindres si chacun restait en file. Les piétons tentent de traverser les rues sans mourir. Les motos dépassent les rickshaws, les rickshaws dépassent les voitures et les voitures dépassent les camions. Les bus, eux, dépassent tout le monde. Il n'y a rien à comprendre, aucune règle du code de la route n'est respectée, c'est à se demander pourquoi ils ont des écoles de conduites?
Des éléphants circulent au bord de la route et c'est normal.
Malgré mon niveau élevé de stress, je me dis toutefois qu'ils savent ce qu'ils font, que chacun est habitué à conduire ainsi et à éviter les accidents.
Il ne faut que quelques heures pour démolir mon argument.
Nous sommes assis à l'avant. Notre chauffeur de bus entreprend un dépassement. Un rickshaw fonce droit vers nous. Comme dans un combat de yeux, personne ne veut céder. Puis, l'impact devient imminent. Le trois roues, plus petit, prend conscience enfin du danger et zigzague pour quitter notre trajectoire. Je lance un faible cri à la vue de la scène. Instable, ce dernier se renverse violemment sur la chaussée.
Le conducteur de bus quant à lui poursuit sa route, préférant ignorer l'incident.
Je n'en crois pas mes yeux! L'infirmière en moi veut arrêter, mais Will insiste pour qu'on s'en tienne loin : à l'étranger, mieux vaut éviter tous contacts avec la police.
Plus loin encore, un camion de marchandise gît au bord du chemin, un autre roule toujours mais, la cabine du chauffeur enfoncée d'un côté, vestige d'un ancien accident.
Rien de réconfortant et nous sommes encore loin de notre destination finale.
Il reste à affronter les routes montagneuses d'une voie et demie de large, dans la brume avec des tournants à 180 degrés à la tombée du jour. La tension monte encore d'un cran en observant les gens effectuer des dépassements dans les côtes, les virages. Est-ce que les gens tiennent à la vie?
Puis, plus rien, sauf un bip-bip de porte ouverte qui ne cesse. C'est l'arrêt complet. En pleine forêt en altitude, la nuit, le pire bouchon de circulation jamais vu! Il faut bien être en Inde pour vivre ça.
Des centaines d'hommes en longyi dans des caravanes décorées de fleurs patientent en buvant du thé chai. Pour moi, c'est le plus grand rassemblement d'hommes en jupe que je n'ai jamais vu.
Personne n'a l'air importuné par cette attente sauf nous qui sommes assis dans des bus de ville depuis maintenant 12 heures. « Life on de road ». On sait toujours quand on part mais, jamais quand on va arriver.
Ce soir, en écrivant cette chronique, à la télé, une émission sur des vétérinaires à Londres qui sauvent une moufette ayant subi un traumatisme crânien après avoir été fauchée par une voiture. Aucun effort n'est négligé; hydratation intraveineuse, rayon X, plâtre, etc. Je repense soudain à mon chauffeur de rickshaw, peut-être que s'il avait été une moufette en Angleterre, il aurait eu plus de chance.
- Nad les dents plus courtes.

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