Quand une machine à laver se met à laver aussi le sol de la pièce où elle est installée, il y a ce qu’on appelle techniquement une « fuite ». Il convient donc d’appeler, ici comme ailleurs, un réparateur.
Première tentative, le bouche à zoreille me permet de dégoter un nom : « Cristal froid, réparations, urgences » : moi, c’était les deux à la fois. J’appelle, et on note mon nom, la raison de mon appel, bien en détail et tout, pour finir par me confier que « le chef i lé pas là, li rappelle a ou pour un rendez-vous. » Pas de problème ; j’attends, un jour, deux, cinq, li rappelait point a moin du tout. Je rappelle au bout d’une semaine, pour entendre la secrétaire me dire : « Battistutta… Battistutta… Attendez, je regarde le cahier… Eh ben, ça y est, c’est réparé ! » Je l’assure que non, puisqu’on ne m’a même pas rappelée mais elle n’en démordait pas :
« Y a une croix, et quand y a une croix, c’est que le travail i lé fait !
– Oui, mais là non. Ca coule toujours, juré !
– Attendez, je vérifie à l’atelier, mais en principe c’est réparé… »
Je l’ai laissée à ses vérifications et j’ai pris les pages jaunes pour trouver quelqu’un d’autre. Je trouve un gars, pas loin de chez moi, « Electroménager, toutes pannes, toutes marques, urgences réparations. » J’appelle.
« Bonjour, vous réparez bien les machines à laver ?
- Pas du tout !
- Ah ? Euh… (déconcertée, que j’étais…) Vous savez, dans les pages jaunes, vous êtes à la rubrique « dépannage électroménager »…
- Euh… Attendez… Oui, dites toujours, qu’est-ce qui ne va pas ?
- Mais si vous ne réparez pas les machines, ce n’est pas la peine que je vous explique ce qui ne va pas avec ma machine ! Vous réparez ou non ?
- Enfin… quoi… oui c’est vrai, je me souviens, j’ai mis mon annonce dans plusieurs rubriques, disons que je dépanne… à domicile…
- Tüt… tüt…tüt… »
La troisième tentative sera la bonne, enfin si l’on veut : après une première visite, une commande de pièces (réglées à l’avance) ; une attente d’un mois (les pièces viennent par bateau), puis d’un deuxième (il avait oublié de passer ma commande, le sot ! Il a fallu prendre le bateau suivant !) ; deux après-midi gâchées à attendre pour rien à la maison ; et donc deux mois à fréquenter la laverie du Super U où je maudissais copieusement le gars en me laissant hypnotiser par les tours et circonvolutions du linge (machines industrielles, chargement frontal, hublot)… Aaalllléluuuuiaa !!! Il est venu, il a vu, il a réparu, mais…V’là-t-il pas qu’il s’était trompé de bouton dans sa commande ! Le sot !
En même temps, un bouton « marche-arrêt », ça sert à quoi, au fond ? Un bonne vieille brosse à dents glissée dans le trou du bouton manquant, et hop ! Le tour est joué ! Qu’est-ce qu’on s’embête… Trois mois plus tard, toujours pas de bouton, mais bon, la machine marche, et puis, la brosse à dents, on s’y est fait, je ne sais pas si on pourrait revenir en arrière maintenant…
Conclusions : ici, on ne te dit jamais vraiment « Non ». Mais ensuite : Oui, tu peux attendre, et Non, ça ne sert à rien de s’exciter, vu qu’en face, c’est du tout mou et du tout lent, et Non il ne faut pas apporter sa machine Bosch parce que tu es le seul à en avoir une et qu’il n’y a donc pas de pièces de rechange. Sur ce je vous laisse, j’ai une machine à sortir…