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Congrégation pour la Doctrine de la Foi, L’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique 1

Publié le 25 novembre 2009 par Walterman

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, après avoir pris, entre autres, l’avis du Conseil pontifical pour les Laïcs, a jugé opportun de publier la présente «Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique». Cette Note est adressée aux évêques de l’Église catholique, et de manière spéciale aux hommes politiques catholiques ainsi qu’à tous les fidèles laïcs appelés à participer à la vie publique et politique dans les sociétés démocratiques.

I. Un enseignement constant

1. En deux mille ans d’histoire, l’engagement des chrétiens dans le monde s’est réalisé sous des formes diverses. L’une d’entre elles a été la participation à l’action politique: les chrétiens, affirmait un écrivain ecclésiastique des premiers siècles, «participent à la vie publique comme citoyens»[1]. Parmi ses saints, l’Église vénère beaucoup d’hommes et de femmes qui ont servi Dieu par leur engagement généreux dans les activités politiques et gouvernementales. L'un d'entre eux, saint Thomas More, proclamé Patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques, a su témoigner jusqu’à la mort de «la dignité inaliénable de la conscience»[2]. Bien que soumis à diverses formes de pressions psychologiques, il a refusé tout compromis et, sans renier «sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes» qui l’avait distingué, il a affirmé par sa vie et par sa mort que l'«on ne peut séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la morale»[3].

Les sociétés démocratiques actuelles, dans lesquelles, à juste titre, tous sont appelés à participer à la gestion des affaires publiques dans un climat de vraie liberté[4], requièrent des formes nouvelles et plus larges de participation à la vie publique de la part des citoyens, qu’ils soient chrétiens ou non. En effet, tous peuvent contribuer, par leur vote, à l’élection des législateurs et des responsables de gouvernement, et, par d’autres moyens aussi, à l’élaboration des orientations politiques et des choix législatifs qui, selon eux, servent le mieux le bien commun[5]. Dans un système politique démocratique, la vie ne pourrait se dérouler de manière profitable sans un engagement actif, responsable et généreux de tous. Encore que cela implique «une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités»[6].

En accomplissant leurs devoirs civils normaux, «guidés par leur conscience chrétienne»[7], selon les valeurs conformes à cette conscience, les fidèles réalisent aussi la tâche qui leur est propre d’animer chrétiennement l’ordre temporel, tout en en respectant la nature et la légitime autonomie[8], et en coopérant avec les autres citoyens, selon leur compétence spécifique et sous leur propre responsabilité[9]. Il résulte de cet enseignement fondamental du Concile Vatican II que «les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la ‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun»[10]. Ce bien commun inclut la défense et la promotion de réalités telles que l’ordre public et la paix, la liberté et l’égalité, le respect de la vie humaine et de l’environnement, la justice, la solidarité, etc.

La présente Note ne prétend pas proposer de nouveau l’intégralité de l’enseignement de l’Église en la matière, qui est d’ailleurs repris dans ses lignes essentielles dans le Catéchisme de l’Église catholique, mais elle veut simplement rappeler quelques principes propres à la conscience chrétienne qui inspirent l’engagement social et politique des catholiques dans les sociétés démocratiques [11]. Et cela parce que, ces derniers temps, souvent par suite du cours rapide des événements, sont apparues des orientations ambiguës et des positions contestables, qui rendent utile la clarification de dimensions et d’aspects importants d’une telle question.


[1] Lettre à Diognète, 5, 5. Cf. aussi Catéchisme de l’Église catholique, n. 2240.

[2] Jean-Paul II, Motu proprio pour la proclamation de S. Thomas More Patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques (31 octobre 2000), n. 1: AAS 93 (2001), p. 76; La Documentation catholique 97 (2000), p. 1001.

[3] Ibid., n. 4: AAS, l.c., pp. 78.79; La Documentation catholique, l.c., pp. 1002.1003.

[4] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 31; Catéchisme de l’Église catholique, n. 1915.

[5] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 75.

[6] Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 42: AAS 81 (1989), p 472; La Documentation catholique 86 (1989), p. 177 . La présente note doctrinale se rapporte évidemment à l’engagement politique des fidèles laïcs. Les Pasteurs ont le droit et le devoir de proposer les principes moraux également dans l’ordre social; «mais l’engagement actif dans les partis politiques est réservé aux laïcs» (Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 60: AAS, l.c., p. 511; La Documentation catholique 86 [1989], p. 189). Cf. aussi Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres (31 mars 1994), n. 33; La Documention catholique 91 (1994), p. 367.

[7] Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 76.

[8] Ibid. n. 36.

[9] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décr. Apostolicam actuositatem, n. 7; Const. dogm. Lumen gentium, n. 36; Const. past. Gaudium et spes, nn. 31 et 43.

[10] Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 42: AAS 81 (1989), p 472; La Documentation catholique 1986 (1989), p. 177.

[11] Dans les deux derniers siècles, le Magistère pontifical a abordé bien souvent les principales questions concernant l’ordre social et politique. Cf. Léon XIII, encycl. Diuturnum illud (29 juin 1881): ASS 14 (1881/82), pp. 4ss; encycl. Immortale Dei (1er novembre 1885): ASS 18 (1885/86), pp. 162ss; encycl. Libertas præstantissimum (20 juin 1888): ASS 20, (1887/88), pp. 593ss; encycl. Rerum novarum (15 mai 1891): ASS 23 (1890/91), pp. 643 ss.; La Documentation catholique 25 (1931), col. 1449-1467; Benoît XV, encycl. Pacem Dei munus pulcherrimum (23 mai 1920): AAS 12 (1920), pp. 209ss.; La Documentation catholique 3 (1920/1), col. 209-218; Pie XI, encycl. Quadragesimo anno (15 mai 1931) AAS 23 (1931), pp. 190 ss; La Documentation catholique 25 (1931/1), col. 1403-1450; encycl. Mit brennender Sorge (14 mars 1937): AAS 29 (1937) 145-167; La Documentation catholique 37 (1937/1), col. 901-936; encycl. Divini redemptoris (19 mars 1937): AAS 29 (1937), pp. 78 ss.; La Documentation catholique 37 (1937/1), col. 937-984; Pie XII, encycl. Summi Pontificatus (20 octobre 1939): AAS 31 (1939), pp. 423ss.; La Documentation catholique 40 (1939), col. 1251-1275; Radio-messages de Noël 1941-1944; Jean XXIII, encycl. Mater et Magistra (15 mai 1961): AAS 53 (1961), pp. 401-464; La Documentation catholique 58 (1961), col. 945-990; encycl. Pacem in terris (11 avril 1963): AAS 55 (1963), pp. 257-304; La Documentation catholique 60 (1963), col. 513-546; Paul VI, encycl. Populorum progressio (26 mars 1967): AAS 59 (1967), pp. 257-299; La documentation catholique 64 (1967), col. 673-704; Lett. apost. Octogesima adveniens (14 mai 1971): AAS 63 (1971), pp. 401-441; La Documentation catholique 68 (1971), pp. 502-513.


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