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Le plaisir sexuel n'est pas le Bonheur

Publié le 16 novembre 2009 par Nemo
Le plaisir sexuel n'est pas le BonheurRéac is back !
Je crois que je vais finir par m'adresser au chef de file de la réacosphère et postuler pour une place de choix tant l'actualité me donne l'envie de réagir en contrepoids de ce que d'aucun qualifient de "progrès de société". Je ne pense pas nécessairement aux affreux gauchisses mais aux tenants de la bienpensance aux vagues relents soixante-huitards qu'ils soient de gauche ou de droite et dont le credo est de militer pour une société toujours plus individualiste, où le plaisir transcenderait toute autre forme de valeur.
Chacun aurait le droit de rechercher le plaisir et il n'y a que peu de raisons contre lesquelles il serait désormais admis que l'on s'opposât à cette quête. Certains démontrent une agressivité certaine à l'idée même que l'on puisse interférer tant l'idée même réveille quelques réminiscences anticléricales.
Mais la promotion du plaisir personnel n'est-elle pas un frein à la constitution du bonheur collectif? Sortez une feuille blanche, vous avez trois heures...
S'il est vrai qu'il s'agit là d'un des messages fondamentaux du Vatican, les plus anticléricaux apprécieront l'ironie: la Révolution Française portée par le libéralisme, que l'on ne peut guère suspecter d'être un parangon de chrétienté, a promu notamment la recherche du Bonheur en valeur fondamentale.
C'est ici que deux écoles philosophiques divergent quant à ce qu'est le Bonheur et la façon de l'atteindre. On pensera spontanément aux épicuriens, aux stoïciens et aux utilitaristes qui ont abondamment débattu sur la notion même de plaisir.
"L’idéal utilitariste, c’est le bonheur général et non le bonheur personnel."
Par "bonheur" on entend le plaisir et l’absence de douleur ; par "malheur" la douleur et la privation de plaisir.
Le Plaisir ici défini s'oppose au plaisir physique par nature, le plaisir que j'évoque dans ce billet, ce qui a par ailleurs existé de tous temps au travers de la notion de "passion". La connotation positive dont on affuble ce terme aujourd'hui n'est pas anodine. Passion vient étymologiquement du latin patio et du grec pathos qui signifie "je souffre" et "souffrance". On ne pouvait alors dissocier la passion, c'est à dire la satisfaction d'un plaisir de son corrollaire, la souffrance engendrée par cette quête infinie.
Car le plaisir (avec un p minuscule) est un instantané. Il s'oppose au Plaisir (P majuscule) en ce qu'il ne permet pas l'absence de douleur. Trivialement, étouffez la source du plaisir, et vous provoquerez la douleur du sujet. Or, naturellement, la source du plaisir nous est extérieure. Reprenons les sept péchés capitaux: l'acédie (ou la paresse spirituelle), l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l'envie.
A chacun de ces péchés correspond un plaisir, le repos, la satisfaction, la gourmandise, la sexualité et le luxe, les deux derniers n'étant que les conséquences d'un plaisir non satisfait.
La sexualité figure donc bel et bien dans cette liste. La quête du plaisir immédiat, la satisfaction d'une pulsion sexuelle ne s'accommode pas de la recherche du Bonheur.
Cela me rappelle une conversation que j'avais eu au restaurant avec un très bon ami qui idéologiquement est à l'exact opposé de mon approche du plaisir et de la sexualité en général. Je lui disais qu'il ne fallait pas nécessairement mener une vie d'ascèse pour parvenir au Bonheur. Au contraire, je pense que l'on savoure d'autant plus les plaisirs sur ce chemin si tant est que l'on n'en fait pas une finalité.
Ainsi je suis profondément gêné par cette société du tout-économique et de la déformation du libéralisme qui n'en a gardé que l'approche individualiste. Cette société de la surconsommation qui pousse à satisfaire un plaisir immédiat. Or, un plaisir satisfait ne demande qu'à être réitéré.
On sait tous où nous mène cette course.
Je ne peux dès lors approuver le message envoyé à nos enfants, adultes en devenir, dont on voudrait leur faciliter l'accès à la contraception par le prisme d'une instutition éducative sans pour autant accompagner ces mesures de la nécessaire campagne de sensibilisation à la sexualité dans le cadre d'une relation adulte sérieuse, et prête aux responsabilités induites par la procréation fût-elle non désirée.
Ne me dites pas que ce n'est pas la mission de l'Education Nationale. A partir du moment où l'on facilite l'accès à la contraception aux adolescents, encore plus fragiles devant le besoin de satisfaction du plaisir, on a déjà franchi les limites de sa mission et versé dans une forme de militantisme. Que l'on fasse preuve de pragmatisme en permettant un accès à la contraception n'interdit pas que l'on accompagne ces mesures d'une promotion de la responsabilisation.
J'anticipe les réactions que je vais lire ça et là, surtout après avoir écrit tout récemment un billet qui a donné lieu à quelques querelles animées, écrasant au passage le record du nombre de commentaires sur Unique et Commun.
Appelez-moi réac si vous le voulez. Traitez moi d'intégriste ou de conservateur.
Si pour vous, cela revient à promouvoir l'Amour, la Vie, le Bonheur et donc l'ouverture, le don de soi, et l'affranchissement du besoin personnel, je le revendique.
Mais nous ne devrions pas en arriver à cette situation car l'Etat doit être neutre et laïque.
Il revient aux parents de faire le choix d'éducation pour leurs enfants. Si mes enfants étaient forcés d'évoluer dans un environnement et surtout au sein d'une institution qui promeut la consommation sexuelle à tout crin, je ne verrais que le militantisme catholique à lui opposer afin de contrebalancer l'approche égocentrée du plaisir par un message d'Amour.
La neutralité de l'Etat ne serait plus assurée. Je me tournerais nécessairement vers les institutions privées et respectueuses de chacun.

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