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Le chaud et le froid

Publié le 26 novembre 2009 par Toulouseweb

Le chaud et le froid D’autres mauvaises nouvelles pointent à l’horizon.
Il y a la théorie, les statistiques, les discours, les prévisions. Mais il y aussi la réalité d’une crise qui n’en finit pas. Aussi est-on en droit de se demander, par exemple, ce que pensent les Japonais, spectateurs impuissants de l’effondrement de «leur» compagnie, Japan Airlines. Dire qu’elle va mal serait un euphémisme, sachant qu’elle est tout simplement au bord du gouffre, en grand danger, susceptible de bientôt déposer le bilan, pire, de se déclarer en faillite.
On peine à imaginer que JAL, prestigieuse et fière à la fois, se trouve ainsi embourbée dans les pires difficultés financières au point de se trouver en danger de mort. Quelques chiffres suffisent pourtant à le confirmer : l’équivalent d’un milliard et demi de dollars de pertes en un semestre, des dettes cumulées de 15 milliards et, en prime, la lourde charge d’un fonds de pension en déshérence. Un «Revival Plan» établi en 2008, portant sur 4 ans, n’a pas permis d’endiguer la progression du mal, d’où, ces jours-ci, des commentaires empreints d’un pessimisme noir.
Les causes du mal sont tellement profondes, dit-on à Tokyo, que le scénario en train d’émerger rappelle étrangement celui qui a précédé la refonte d’Alitalia. Peut-être vaudrait-il mieux, en effet, d’éviter un coûteux acharnement thérapeutique, laisser faire et reconstruire une JAL nouvelle sur des bases saines, après avoir élagué les branches mortes. Plus facile à dire qu’à faire certes, tout en se disant que les Japonais ne sont certainement pas moins adroits que les Italiens. D’autant plus qu’ il n’existe pas de Berlusconi japonais.
La suite des événements pourrait nous réserver quelques surprises. Richard Anderson, directeur général de Delta Air Lines , réfléchissant tout haut, se demande s’il n’y aurait pas là une opportunité prometteuse d’alliance longues distances. Dans l’hypothèse où Delta reprendrait JAL, en tout ou en partie, personne ne ferait sous doute hara kiri à Tokyo tandis qu’une telle opération ouvrirait des horizons nouveaux aux trois grandes alliances mondiales, SkyTeam, Star et Oneworld. Une pincée d’industrie-fiction nous conduirait alors aux portes de compagnies véritablement mondiales, plurinationales ou apatrides, spécialistes des grandes plates-formes de correspondances, des synergies, des économies d’échelle et, bien sûr, du retour sur investissement. Cela pour autant que des esprits éclairés arrivent enfin à transformer l’aviation commerciale en activité rentable. Ce qui constituerait une grande première.
Pour l’instant, les Japonais n’ont probablement pas à tête à cela. Quant aux Américains, ils avouent en même temps de nouvelles inquiétudes purement locales. En effet, US Airways, elle aussi, va mal, affichant des pertes inquiétantes, trois milliards de dollars en trois trimestres. Elle devra peut-être se placer sous la protection du célèbre chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites et les juges s’exclameront : «encore vous ?» Trois dépôts de bilan en moins de 10 ans, cela fait désordre. Pour l’instant, US Airways freine des quatre roues, remettant à des jours meilleurs la livraison de cinquante-quatre avions achetés à Airbus. Laconiquement, le constructeur européen dit qu’il était prévenu de cet ennui supplémentaire et qu’il l’avait déjà intégré dans son programme de production.
La moralité de ce double événement saute aux yeux. A savoir que les compagnies aériennes ne sont pas immortelles, comme pourraient le rappeler les mânes de Swissair, Sabena, Air Littoral, AOM et quelques autres. Sans parler d’un passé un peu plus lointain : les biographes de Pierre Jeanniot, qui fut notamment président d’Air Canada et directeur général de l’IATA, nous le rappellent en ce moment bien choisi. Ils écrivent : «En 2007, Air Canada célébrait le soixante-dixième anniversaire de sa fondation . Un exploit si l’on songe aux Québécair, Trans World, Northern, Eastern, Western, Pan American, que Robert Charlebois égrène dans la chanson Lindbergh des années soixante, et qui ont toutes disparu depuis».
Reste à vérifier si Robert Charlebois est un chanteur populaire au Japon. On préférerait évidemment que ce ne soit pas le cas.
Pierre Sparaco - AeroMorning


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