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Et si c’était faux ?

Par Riri

Et si c’était faux ?

Je ne veux en aucun cas ennuyer l’individu lambda qui, tout de même, à lui aussi ses problèmes. Mais quand parfois après un bon bain chaud j’allume ma télévision, que je constate avec horreur et amusement que l’herbe est après tout toujours meilleure quand elle est cultivée chez soi, alors il me prend l’envie soudaine d’oublier que tout cela est vrai. Tout. Absolument et définitivement tout.

La technologie ahurissante qui nous pousse à nous aliéner pour devenir nous-mêmes des robots.

La science bien plus avancée que n’importe lequel de nos Dieux parce qu’elle a su recréer l’Homme, conquérir l’univers, la matière, l’antimatière, et j’en suis certaine, saurait bien faire deux ou trois trucs de plus que le grand Manitou.

La politique, avec ces singes qui s’agitent toute la journée pour se complaire et plaire à leur miroir en attendant impatiemment que nous, spectateurs élevés, leurs donnions l’approbation par des petits bouts d’arbres sur lequel un nom est écrit et que l’on met dans des boîtes surveillées par quelques robots répétant sans arrêt la sentence effective : à voter.

Les médias, couvrant chacun des faits et gestes de la planète bleue qu’ils jugent selon leur bon gré forts intéressants à nous transmettre, concitoyen moyen et quelque peu stupide.

Leurs amis les publicités, qui jouissent du droit suprême de supplanter à notre essence d’être humain celle de consommateur mondialisé et déculpabilisé quant aux vagues persistances de famines lointaines et obsolètes.

Et quand le petit écran du bonheur illumine mon salon, je me sens soudainement prise de nausées. Comment est-ce donc possible ? Comment en est-on arrivés là ? Est-ce bien nous, descendants du singe, de Noé ou d’un quelconque être unicellulaire vacant tranquillement à ses occupations de transcription génétique, qui aujourd’hui marchons sur du bitume ? Qui sommes filmés sans cesse, de la rue à la caisse de supermarché, de la banque à la cour de récré ? Cette sensation de vide, comme si autour de moi il n’y avait qu’un décor un peu macabre d’un show de télé réalité, avec des gens qui, de l’extérieur, rient bien en nous voyant devenir les pantins de nos vies. L’évolution darwinienne aurait-elle prise en compte les possibilités d’autodestruction des plus forts ? Et nous sommes là. Assis dans nos fauteuils, protégés de la pluie et du vent, du froid et du soleil, de la faim, de la soif, méprisant, un peu gêné, les petits hommes préhistoriques qui dorment encore sous les ponts quand le troisième millénaire a permis de sortir l’I-Phone.

Que celui qui ne se complaît pas dans ce monde de violents silences éteigne son ordinateur. Que celle qui prône l’égalité en accablant le monde, en criant à l’injustice débranche son téléviseur. L’homme est un égoïste honteux. Préférant volontiers devenir aveugle que muet, manifestant son indignation du monde tout en rentrant immanquablement dans la danse de l’absurdité.

C’est quand, au milieu d’un amphi, avec un professeur qui parle devant des centaines d’élèves assidus, que j’ai une nouvelle fois la lourde sensation d’une irréalité grotesque. Ces marionnettes apprennent et apprennent encore ce que ces autres marionnettes usées leurs disent, ils les avalent comme paroles d’évangile, ces vérités, sur la vie, l’univers, dieu, la science, la médecine, la sociologie, l’art, sur ce qu’ils doivent penser, être, devenir pour un jour béni se trouver à leur tour devant le pupitre divinisé de l’amphithéâtre. Ces animaux là, rentrant une fois chez eux, critiquent ouvertement ou font l’éloge poignant d’un système ou d’un autre, alors que la musique est toujours la même, diffusant au public le sourire morbide d’un monde surconstruit où tout ou presque est faux. Ou vrai. Ou malheureusement vrai.


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