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Tarnac, la recentralisation et l'éducation populaire

Publié le 27 novembre 2009 par Rhubarbare

 La France d'aujourd'hui est le cas d'école d'un pays en pleine dérive totalitaire de type extrême droite fondée sur la corruption (morale autant que matérielle), la manipulation et l'intimidation (instrumentalisation notamment des "forces de l'ordre", "gestapotisation" des procédures judiciaires "à la Tarnac"), ne respectant ni la séparation des pouvoirs ni la décentralisation (la suppression des moyens d'autofinancement des départements ayant pour but la mise sous tutelle préfectorale - donc de l'exécutif - des départements) ni les bases de sa propre Constitution en matière de respect des droits de l'Homme.

Le problème est qu'aujourd'hui une forte minorité, voire une majorité de Français soit s'en fiche, soit ne s'en rend pas compte, soit est d'accord avec cela et préfère un néo-Pétainisme au moins en apparence centré sur l'Ordre à l'incertitude d'un monde réel en mal de repères. 

Combien de temps faudra t’il avant que soit atteint le point de retour de balancier? Les optimistes diront que le combat engagé aujourd'hui contre la recentralisation, qui voit des gens comme Juppé et Raffarin s'opposer au régime, est un début. En tout cas ce ne sera pas une bataille entre la gauche et la droite, mais entre les courants éveillés de la population (représentés pas les élus locaux s'il en reste, ou par eux-mêmes dans la rue) et l'Etat central technocratique représenté par les robocops, la mafia (voir par exemple les obscurs contrats passés entre l'Etat et les fabricants de vaccins anti-H1N1) et la haute finance (dont les somptueux profits nécessitent des Etats marchant au pas de "there is no alternative", TINA pour les intimes).

La récupération politicienne de la question écologique est à l’image de ce jeu où rien ne doit vraiment changer (TINA) mais où on peut se donner bonne conscience en s’inventant des croisades impossibles qui néanmoins passent bien à la télé. Non pas bien sur que l’écologie soit impossible, au contraire, mais qu’elle ne peut s’affranchir d’un minimum de cohérence. Or le discours actuel est profondément incohérent : d’une part la menace de réchauffement lié au C02 qui est mécaniquement produit par la combustion des ressources fossiles, et d’autre part l’intensification de l’extraction pétrolière, gazière et minière au prorata de la montée des prix du pétrole (plus c’est cher, plus on creuse). Il devrait être évident que plus on creuse, plus on extrait, plus on consomme et plus on génère de C02. Pourtant les mêmes chefs d’Etats qui vont se rendre à Copenhague proférer des résolutions politiquement correctes vont au même moment applaudir les nouvelles découvertes, les nouvelles méthodes d’extraction que la cherté du pétrole rendra rentables et qui iront à l’encontre de leurs propres promesses.

La question, me semble t’il, est surtout de savoir comment refonder les nécessaires repères qui seuls empêchent ce type de dérive. La société civile doit créer ses propres repères si elle veut une alternative à la marche forcée du matérialisme technocratique. L'Education Populaire alongtemps été, avec plus ou moins de succès, un vecteur d'éveil et de développement de l'esprit critique, mais souffre aujourd'hui du poids d'une forme de consumérisme socioculturel qui accompagne plus qu'il ne conteste, anesthésie plus qu'il ne révolte, et ce malgré la meilleure volonté du monde. Elle dépend également beaucoup trop du bon vouloir des institutions et des collectivités locales, qui aujourd’hui sont exsangues et en passe de tirer un large trait sur le financement de ce type d’activité. L’Etat central technocratique, bien sur, ne pourra que s’en réjouir.

Le militantisme syndical a lui aussi largement atteint ses limites corporatistes. Le discours gauchiste contre le "méchant patron capitaliste", même s'il est encore assez juste vis-à-vis des grands patrons du CAC40, est un rideau de fumée qui ne sert qu’à attiser l’antagonisme ente cols bleus et cols blancs, alors que nous sommes tous dans la même galère, tous interdépendants. L’économie dite sociale et solidaire de démarrera jamais si le simple fait d’occuper un poste décisionnaire – et donc de devoir parfois effectuer des choix difficiles – suffit à l’opprobre dite populaire.

Il faut aujourd’hui inventer un processus de reprise de contrôle démocratique et informé (les deux étant de facto indissociables pour arriver à quelque chose de constructif). Il faut réfléchir en-dehors des contraintes et des normes imposées par TINA et véhiculées par les institutions (à commencer par l’Education Nationale) et la grande majorité des médias. Ces contraintes, comme le temps dans l’esprit d’Einstein, ne sont que des constructions intellectuelles et culturelles. Il nous faut inventer une nouvelle Education Populaire qui fonctionne par réseau plutôt que par institution, qui ne soit pas un service social ni un projet socioculturel mais une « onde porteuse » civique, un tapis d’épines plutôt qu’une pantoufle pour le pied technocratique. 

Il nous faut oser proposer des nouveaux paradigmes, valoriser l’immatériel (le bien commun et ce qui le construit) et le matériel qui nourrit plutôt que celui qui détruit. Il nous faut surtout cultiver nos différences car, par définition, ce n’est que de la diversité que pourra naître un monde débarrassé de TINA et de ses valets.

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