Re-grève
- Alors faîtes-nous un peu une revue de presse, fainéant.
- Je ne suis pas fainéant.
- C'est pas grave, faites la tout de même.
- Vous savez que je ne suis pas très porté sur ce genre d'exercice. En revanche je peux vous dire que j'ai remarqué, sans que cela m'étonne particulièrement, que le "Jutarnji list" et le "Večernji list" tentent de discréditer la grève des étudiants.
- Que voulez-vous, ainsi sont-ils faits. Mais comme c'est eux qui font la loi et qui tirent les lecteurs dans une direction ou l'autre, il y a donc de quoi s'inquiéter. Malheureusement, tant que ce que pays est férocement convaincu qu'il peut vivre du tourisme, il n'y aura pas beaucoup d'espoir pour les étudiants. Ils sont un problème mineur aux yeux de la société en général qui croit qu'elle peut se passer de leurs services. Depuis le premier gouvernement populiste de Sanader, une relation d'affection a été instaurée avec les retraités et d'autres groupes de la population plus nombreux. Autant l'opposition que les partis au pouvoir leur attachent plus d'importance qu'aux étudiants dont le poids démographique et électoral n'est pas très élevé. Ce n'est pas avec les étudiants ni avec leurs parents que l'on gagne les élections. Nous sommes bel et bien dans une gérontocratie. D'ailleurs vous-même l'avez déjà dit, parmi vos nombreuses incongruités, si je ne me trompe ?
- Je vais même vous dire quelque chose d'autre. C'est très subjectif, mais je pense que le pays a toujours eu ce mythe de pouvoir vivre du tourisme, c'est même quelque chose qui a nourri son désir d'indépendance et d'en finir avec la Yougoslavie. Mais bon j'admets que c'est une vue toute personnelle. En outre, quoique cela peu de gens en sont conscients, la Croatie ne vit pas seulement du tourisme mais aussi du transit de marchandises, car elle dessert une part des Balkans et de l'Europe centrale grâce au fait d'occuper une si grande portion de la rive orientale de l'Adriatique. La Croatie est un pays qui peut vivoter du flux de marchandises et de personnes, mais rien de plus. Voilà sa chance et sa malédiction. Il ne faut donc pas tout ramener à une courte vue des politiciens mais aussi à un manque d'ambition de la société en général.