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Congrégation pour la Doctrine de la Foi, L’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique 4

Publié le 28 novembre 2009 par Walterman

IV Considérations sur des aspects particuliers

7. Dans des circonstances récentes, il est arrivé que, même au sein de certaines associations ou organisations d’inspiration catholique, sont apparues des orientations en faveur de forces et de mouvements politiques qui, sur des questions éthiques fondamentales, ont exprimé des positions contraires à l’enseignement moral et social de l’Église. De tels choix et de telles connivences, parce qu’ils sont en contradiction avec des principes fondamentaux de la conscience chrétienne, ne sont pas compatibles avec l’appartenance à des associations ou à des organisations qui se définissent comme catholiques. De manière analogue, il faut noter que, dans certains pays, certaines revues et certains périodiques catholiques ont donné à leurs lecteurs, à l’occasion de choix politiques, une orientation ambiguë et incohérente, interprétant de manière équivoque le sens de l’autonomie des catholiques en politique, sans prendre en considération les principes auxquels on devrait se référer.

La foi en Jésus Christ, qui s’est présenté lui-même comme «la voie, la vérité et la vie» (Jn 14, 6), demande aux chrétiens un effort pour participer, avec un plus grand engagement, à l’édification d’une culture qui, inspirée de l’Évangile, propose à nouveau le patrimoine de valeurs et de contenu de la Tradition catholique. La nécessité de présenter en termes culturels modernes le fruit de l’héritage spirituel, intellectuel et moral du catholicisme apparaît aujourd’hui marquée par une urgence qu’on ne peut différer, notamment pour éviter le risque d’une dispersion culturelle des catholiques. En outre, la densité culturelle acquise et la maturité d’expérience dans l’engagement politique que les catholiques ont su développer, dans divers pays, surtout dans les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, ne peuvent susciter en eux aucun complexe d’infériorité en regard d’autres propositions dont l’histoire récente a montré la faiblesse ou l’échec radical. Il ne suffit pas de penser, et ce serait réducteur, que l’engagement social des catholiques puisse se limiter à une simple transformation des structures, car, si à la base il n’y a pas une culture capable de recevoir, de justifier et d’envisager les exigences qui découlent de la foi et de la morale, les transformations reposeront toujours sur des fondements fragiles.

La foi n’a jamais prétendu enfermer les éléments socio-politiques dans un cadre rigide, ayant conscience que la dimension historique dans laquelle vit l’homme impose de tenir compte de situations imparfaites et souvent en rapide mutation. À cet égard, il faut rejeter les positions politiques et les comportements qui s’inspirent d’une vision utopique qui, transformant la tradition de la foi biblique en une espèce de prophétisme sans Dieu, manipule le message religieux, en dirigeant la conscience vers un espoir purement terrestre, qui annule ou réduit la tension chrétienne vers la vie éternelle.

En même temps, l’Église enseigne qu’il n’existe pas d’authentique liberté sans vérité. «La vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien elles périssent misérablement ensemble», a écrit Jean-Paul II[27]. Dans une société où la vérité n’est pas recherchée et où on ne cherche pas à l’atteindre, toute forme d’exercice authentique de la liberté est aussi affaiblie, ouvrant la voie à une attitude libertaire et à un individualisme qui nuisent à la protection du bien de la personne et de la société entière.

8. A ce propos, il est bon de rappeler une vérité qui n’est pas toujours perçue aujourd’hui ou qui n’est pas formulée de manière exacte dans l’opinion publique courante: le droit à la liberté de conscience, et spécialement à la liberté religieuse, proclamé par la Déclaration Dignitatis humanæ du Concile Vatican II, se fonde sur la dignité ontologique de la personne humaine, et en aucun cas sur une égalité qui n’existe pas entre les religions et entre les systèmes culturels humains[28]. Dans cette ligne, le Pape Paul VI a affirmé que «le Concile ne fonde en aucune manière ce droit sur le fait que toutes les religions et toutes les doctrines, même erronées, qui touchent à ce domaine, auraient une valeur plus ou moins égale. Ce droit, il le fonde sur la dignité de la personne humaine, qui exige de ne pas être soumise à des contraintes extérieures tendant à opprimer sa conscience dans la recherche de la vraie religion et dans l’adhésion à celle-ci»[29]. L’affirmation de la liberté de conscience et de la liberté religieuse ne contredit donc en rien la condamnation de l’indifférentisme et du relativisme religieux par la doctrine catholique[30], bien plus, elle est en parfaite syntonie avec elle.


[27] Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio (14 septembre 1998), n. 90: AAS 91 (1999), p. 75; La Documentation catholique 95 (1998), p. 934.

[28] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décl. Dignitatis humanæ, n. 1: «Le Concile déclare que Dieu a lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle en le servant, les hommes peuvent obtenir le salut et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique». Cela n’empêche pas l’Église de considérer avec un vrai respect les différentes traditions religieuses, et même de reconnaître qu’il y a en elles des «éléments de vérité et de bonté». Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 16; Décr. Ad gentes, n. 11; Décl. Nosta ætate, n. 2; Jean-Paul II, encycl. Redemptoris missio (7 décembre 1990), n. 55: AAS 83 (1991), pp. 302-304; La Documentation catholique 88 (1991), p. 173; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Décl. Dominus Iesus (6 août 2000), nn. 2; 8; 21: AAS 92 (2000), pp. 743-744; 748-749; 762-763; La Documentation catholique 97 (2000), pp. 812-813; 814-815; 820.

[29] Cf. Paul VI, Discours au Sacré Collège et à la Prélature romaine (20 décembre 1976): Insegnamenti di Paolo VI, 14 (1976), pp. 1088-1089; La Documentation catholique 74 (1977), pp. 54-55.

[30] Cf. Pie IX, Encycl. Quanta cura (8 décembre 1864): ASS 3 (1867), p. 162; Léon XIII, encycl. Immortale Dei (1er novembre 1885): ASS 18 (1885), pp. 170-171; Pie XI, encycl.. Quas primas (11 décembre 1925): AAS 17 (1925), pp. 604-605; Catéchisme de l’Église catholique, n. 2108; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Décl. Dominus Iesus (6 août 2000), n. 22: AAS 92 (2000), pp. 763-764; La Documentation catholique 97 (2000), p. 820.


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