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Note ton prof !

Publié le 27 novembre 2009 par Nemo
Note ton prof !J'ai (parfois) des discussions intéressantes avec mes amis de la vie-réelle-qu'elle-est-vraie, même avec mes trolls à moi.
Le billet du Privilégié a par ailleurs rappelé à mon bon souvenir une conversation récente de ce type, agrémentée de maki-sushis, ce qui n'ôte rien à la qualité du débat, bien au contraire.
Entre deux bouchées parfumées de wasabi, gingembre, sauce soja, nos élucubrations digressèrent sur la question de l'Education avec un grand "e", afin de désigner celle que nos enseignants professionnels tentent tant bien que mal d'inculquer à nos têtes blondes.
Deux camps s'affrontaient: le défenseur d'une notation des enseignants par les élèves contre le détracteur incarné par votre serviteur.
En effet, je suis opposé à une notation des enseignants par leurs élèves car d'une part, je ne vois pas l'intérêt d'une telle démarche, et d'autre part, j'en perçois les risques.
1. La vacuité d'une telle démarche
La notation est nécessairement subjective malgré l'apparente objectivité des critères d'appréciation.
Intéressant/Motivant
Question d'affinités personnelles. Certains élèves nourrissent un intérêt naturel pour des matières que d'autres rejettent profondément...et la qualité de l'enseignant ne changera pas grand chose à l'affaire.
Clair/Pédagogue
Idem.
Connaisseur/Compétent
Comment un élève peut-il juger l'étendue des connaissances techniques d'un enseignant lorsque lui-même est en position d'enseigné?
Juste/Equitable
Je suis sûr que chaque élève a sa vision de ce qui est juste ou équitable...
Régulier
???
Disponible
Attention, nous sommes encore sous l'égide du Collège Unique...
Difficulté/Niveau
Aléatoire en fonction des affinités de chaque élève...
Ambiance
Je suis sûr que l'ambiance dans une classe du Lycée Henri IV de Paris est plus studieuse que celle du Lycée Voillaume d'Aulnay sous Bois.
Commentaire
Histoire de se lâcher un peu...
Ne cherchez pas, il n'existe aucune garantie de notation réellement objective venant de l'élève. En outre, contrairement à ce que nos pédagogistes préférés martèlent depuis 30 ans, l'enseignement est une relation dont la dimension verticale est primordiale. L'élève doit acquérir un socle de connaissances, ce qui s'oppose il est vrai à cette espèce de développement par la découverte personnelle que ceux-là ont érigé en principe fondamental.
Cela n'interdit pas le développement personnel mais être passé de l'extrême du pensionnat de Chassagnes à l'excès de l'école de "l'enfant-roi" est une ineptie. Un juste équilibre doit pouvoir être atteint.
La seule notation objective qui me paraisse d'intérêt est le taux de succès aux examens finaux (qui devraient avoir lieu à chaque niveau) pondéré, il est vrai, par le lieu d'enseignement et la typologie des élèves.
2. La démagogie, source de fragilisation
En tout état de cause, l'existence même de ces sites est à même de décrédibiliser l'action d'un enseignant et favorisera l'émergence d'enseignants "démagogues" qui tenteront de faire plaisir à l'élève plus que de lui enseigner. Enfin, un élève en situation d'échec se cachera spontanément derrière la faillite de l'enseignant, stigmatisé par une mauvaise note globale, et fera écran aux raisons profondes et réelles de cet insuccès.
Les enseignants souffrent déjà d'un discrédit fort, cette initiative est dès lors plutôt malvenue.
Je ne milite pourtant pas pour l'absence de contrôle de qualité de l'enseignement, loin s'en faut. Il ne revient simplement pas à l'élève de s'en faire le juge et certainement pas de manière aussi populiste.
L'urgence est plutôt à la réflexion quant au niveau de connaissance exigé, au problème du redoublement et la question du Collège Unique, à l'orientation, la discipline, le respect par les élèves et par les parents d'élèves, la sanction, etc...

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