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Le petit livre de NKM, écologie et numérique

Publié le 29 novembre 2009 par Pguillery

Couv-tuviens Pour des raisons professionnelles, on m'a suggéré rencontrer Nathalie Kosciusko-Morizet - à propos d'économétrie des réseaux numériques. Hier je tombe sur son petit livre, (bizarrement) intitulé "Tu viens ?" Curieux, je l'ai dévoré ce matin. Intéressant : une vision articulée de la politique, ce qu'elle y fait. Ses points de repères sur l'écologie et le numérique, et la manière dont les deux s'articulent. De la substance. 

"Le numérique porte, comme le projet écologique, une forme d’universalité qui ne s’est jamais résolue a une initiative nationale et qui ne pourra jamais s’y résoudre. Les usages, quant à eux, seront le fait des communautés nationales ou internationales, et ce sont eux qui nous donneront une communauté de destin."

Deux extraits ci-dessous - et un blog participatif ici.

Sur la jonction de l'écologie et du numériqueSi notre avenir repose à ce point sur la rencontre de l’écologie et du numérique, c’est parce que tous deux sont nôtres, qu’ils nous sont communs. L’écologie est une attention à l’environnement, qui n’est la propriété de rien ni de personne, mais qui est, au contraire, d’emblée un bien commun. L’écologie dit cette obligation commune, elle dit le caractère global des choix politiques que nous devons mettre en œuvre. Le numérique a son tour, tel que le développent les réseaux, tel qu’il traverse l’ensemble des activités humaines, est une source technologique diffuse, désormais commune. Il porte, comme le projet écologique, une forme d’universalité qui ne s’est jamais résolue a une initiative nationale et qui ne pourra jamais s’y résoudre. Les usages, quant à eux, seront le fait des communautés nationales ou internationales, et ce sont eux qui nous donneront une communauté de destin.

(Page 172)

Sur la fracture numérique

Des lors que les usages en sont massifs, qu’ils concernent une majorité de citoyens, les outils numériques doivent être accessibles à tous. Cette obligation politique a des conséquences industrielles – les pays doivent développer leurs réseaux – et suppose des conditions pédagogiques – les usages doivent être enseignés à l’école, et les technologies être collectivement maitrisées. Ce sont les objectifs que doit atteindre l’Etat en conduisant une politique numérique spécifique, celle dont j’ai la charge en France, et en veillant à réduire la « fracture numérique », dont les conséquences sont d’autant plus fâcheuses que les usages sociaux des réseaux sont importants. Si Internet ne servait qu’à envoyer des messages ou à consulter des informations en ligne, son importance resterait socialement secondaire. Si, en revanche, les demandeurs d’emploi ont recours à Internet pour consulter des offres ou y répondre et pour mener en ligne des démarches bancaires, administratives ou médicales, alors l’importance en devient majeure. Or nous en sommes bien la depuis déjà quelques années.

Internet n’est plus seulement un moyen de communication ou de diffusion des œuvres, ni un simple instrument de loisir; il est devenu un véritable « organe » social, qui nous permet d’accomplir une partie considérable des opérations qui sont constitutives de notre appartenance à une société : se documenter, exprimer des opinions, déclarer des revenus, gérer un patrimoine, organiser des déplacements.

La « fracture numérique » nomme la séparation entre ceux qui utilisent des équipements informatiques et ceux qui n’en font pas usage. Cette fracture éloigne deux territoires, et les citoyens qui n’ont pas accès à Internet voient peu a peu s’éloigner d’eux toutes sortes d’objets sociaux, qui s’évanouissent au fur et a mesure que leur usage se dématérialise et se numérise. Le lien social qui était tissé par ces objets s’en est trouvé défait; celui qui se renoue aujourd’hui, sous une forme numérique, devient inaccessible.

(Pages 147-149)


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