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Présidentielles de 2012 : les 4 menaces qui guettent Sarkozy – Partie II

Publié le 27 novembre 2009 par Delits

« Péril vieux », come-back du FN : ces deux risques, évoqués dans la première partie de notre analyse, sont mesurés au quotidien par les conseillers de l’Elysée ; Les régionales constitueront à cet égard  un excellent thermomètre.

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Mais, deux autres menaces planent sur la tête du candidat Sarkozy version 2012. Elles sont plus intimes, moins quantifiables. Directement liées à la projection symbolique que se font les électeurs du candidat idéal. Le Président, reproche souvent adressé par les journalistes,  n’a jamais cessé d’être dans la peau du candidat, collant à l’actualité, dénonçant alors même  qu’il détient pourtant les leviers exécutifs. Malgré tous ces efforts,  le Président-candidat Sarkozy semble atteindre les limites de l’exercice.  La marque Sarkozy est-elle encore à même de porter les espérances individuelles futures ?

3) Le manque d’espérance, menace  plus grande que le pire des bilans ?

L’état des lieux n’est pas bon aux yeux des Français. Seul bon point décerné au  Président, sa réaction face à la crise économique. Selon un sondage BVA déjà mentionné, sur le mi-mandat de Nicolas Sarkozy,  45 % des citoyens reconnaissent que sa réaction face à la crise financière a été plutôt satisfaisante. Plus encore que les bons scores réalisés par l’UMP, ce sont les chiffres auprès des électeurs du MODEM qui sont notables. 60 % d’entre eux lui rendent hommage sur ce point.  De même les Verts sont 37 % à abonder dans le même sens. Mais ce résultat ne peut être analysé comme un satisfecit sur le fond. Car  les Français se montrent toujours aussi sceptiques sur la gestion de la crise. 67% d’entre eux estiment que la politique économique menée depuis 2 ans et demi est mauvaise selon un sondage BVA pour France Info réalisé en novembre 2009. Un manque de résultat qui n’est pourtant pas le constat le  plus grave pour le Président.

Un président incapable de faire rêver ?

L’adage a été vulgarisé par Séguéla. L’homme politique ne serait pas élu sur un bilan. Une élection se jouerait d’abord sur la capacité d’un candidat à porter les aspirations individuelles et collectives des Français. Or, sur ce terrain, Nicolas Sarkozy semble aussi en danger. Peut-il encore incarner un avenir meilleur ? En avril 2008, le CSA  réalise un sondage pour Marianne. La question est projective : « en 2012, à l’issue du mandat de Nicolas Sarkozy, pensez vous que votre situation se sera  améliorée ? ».

Or sur tous les items hormis celui du chômage, les Français imaginent une France dégradée en 2012. 68% des Français pensent que leur pouvoir d’achat aura baissé. 64 %  imaginent que la société sera plus divisée qu’aujourd’hui. Sur ces deux items, même les sympathisants de droite sont  majoritaires à estimer que la situation se sera dégradée. Plus globalement, les Français craignent la sortie de crise davantage que la crise elle-même. Pour 60 % des Français, (sondage bva pour France Info publié en octobre 2009) le pire est devant nous. En résumé, la marque Sarkozy est associée à un avenir dégradé. Bien-sûr, rationnellement,  Sarkozy n’est pas  tenu seul responsable d’une crise mondiale.  La gauche n’est pas perçue par ailleurs comme une alternative crédible. Mais peut-on envisager d’être élu par défaut ?

Alors, pour continuer à provoquer, pour donner l’impression de bouger les lignes, reste la transgression. Mais là encore, il semble que de nouveaux concurrents s’imposent.

4) La transgression a-t-elle changé de camp ?

Chirac s’était construit contre Giscard. Sarkozy s’est façonné contre Chirac. En février 2007, à trois mois de l’élection présidentielle, le candidat Sarkozy est la personnalité politique qui incarne le plus une rupture avec « la manière dont fonctionnait la société Française », selon les Français.  Contre quoi Sarkozy  II pourra t-il bien se construire sans se renier lui-même ?

D’autant que le Président n’est plus tout seul à droite sur ce créneau de la rupture. Aujourd’hui, deux personnalités viennent directement challenger le Président sur ce terrain. Et, contestant  l’ordre établi, ils risquent de dessiner en creux l’image d’un président conservateur.

Rama Yade : contre le politiquement correct

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Rama Yade, comme l’explique un précédent article de Délits d’Opinion est aujourd’hui la personnalité politique préférée des Français. Une popularité qui doit d’abord à sa position de franc-tireur, d’électron libre de la droite.  Une popularité à risque pour Le Président. Car elle construit aussi en creux l’image d’un Président devenu conformiste.  L’épisode Kadhafi est à cet égard exemplaire. Lorsque celle, qui est encore Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, fait une sortie fin décembre 2007, contre le Président Libyen, les Français plébiscitent à 81 % selon Opinion Way. Mais ils applaudissent davantage la liberté de parole  que le bien fondé des propos. Car sur le fond , les Français sont plus divisés. 54 % des sondés estiment en effet à l’époque que la visite du Président Libyen est infondée. Le Président de la République n’est pas contesté dans ses décisions. Mais il a perdu la bataille de la modernité et  de la liberté de ton.

Aujourd’hui,  la tentation est grande de sortir celle qui conteste l’hégémonie et la parole du Président. Pourtant, exclure Rama Yade du gouvernement, c’est définitivement tourner le dos de la transgression, et donner l’image d’un exécutif qui « se bunkarise »   refuse la contestation.

Galouzeau de Villepin : contre l’acharnement des puissants

Selon un sondage IFOP pour Valeurs Actuelles de novembre 2009, si l’élection présidentielle devait avoir lieu demain, Dominique de Villepin serait crédité de 8 % des suffrages. Le socle électoral de Villepin est en réalité fragile, semblant d’abord agglomérer les déçus du Sarkozysme et du Modem de Bayrou.

Mais,  au-delà de son potentiel électoral, Villepin  incarne  un contre-poids apprécié au Président. Selon un sondage  LH2 pour le nouvel Obs publié en septembre 2009, une majorité de français ne font pas confiance à la justice pour mener le procès de façon neutre, alors que Sarkozy est constitué partie civile.  Plus éloquent, seuls 12% font totalement confiance à la justice, contre 28% -soit plus d’un quart des Français- qui ne font pas du tout confiance à la justice ; Des chiffres qui corroborent la stratégie de Dominique de Villepin : apparaître comme une victime face à  l’acharnement du Président. Incarner, lui ancien Ministre, le dénuement du citoyen lambda contre la puissance sans contrôle, pulsionnelle d’un Président démiurge.

Sarkozy, a forgé une histoire : celle d’un fils d’immigré qui s’est construit par lui-même, qui s’est attaqué aux puissants pour se faire une place, qui a combattu les idées reçues et les conservatismes.   Du battant au bourreau, du transgressif au conservateur, il n’y a qu’un pas que certains rêvent de lui voir franchir.


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