Le temps passe vite, si vite. Je n'ai pas eu le temps de me perdre dans les Jardins en cette saison bien avancée. Il y a une semaine, entre deux nuages le soleil s'est pointé, une petite visite amicale et rapide. J'avais une heure devant moi alors j'ai franchi la grille dorée à l'or fin et me voilà à la recherche de mes images perdues.
Les statues me font signe : la lumière qui les habille et le décor automnal qui le entoure leur refont une beauté. Les amoureux de pierre que cent fois j'ai photographiés semblent s'aimer pour la première fois, le poète Reboul me montre les feuilles mortes qu'il garde en souvenir. Une toile d'araignée se tisse sur le nez recollé de Bacchus...
Les arbres étalent leur dernière palette d'automne avant que le vent ne fouille les ramures et fasse du ménage. Un enfant sur sa trottinette passe au milieu du cadre et donne vie au paysage. Ici la ville n'entre pas, ici l'on peut s'isoler de l'univers entier et méditer, lire, jouer, flâner, ne rien faire simplement.
Les nuages retricotent leur grande écharpe grise et le soleil s'est lassé. Alors je quitte aussi les lieux, j'y reviendrai bien sûr, une autre fois, avec ou sans soleil, pour prendre au temps et aux années d'autres instantanés.