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De la viande de porc créée en laboratoire

Publié le 01 décembre 2009 par Jpa

Du cochon fabriqué en laboratoire pour nourrie la planète

Dans un futur plus ou moins lointain on pourra se demander si la côtelette qui trône dans notre assiette a un jour été un animal à quatre pattes, qui a vécu et gambadé dans la nature. Selon la presse anglo-saxonne, et notamment le Times, une équipe néerlandaise aurait réussi à créer in vitro un morceau de viande de porc.

Les travaux ont été menés par une équipe de l’université d’Eindhoven dirigée par le docteur Mark Post. Ils ont été financés par l’Etat néerlandais et… par un fabricant de saucisses, dont on peut sans mal imaginer l’intérêt qu’il porte à ce genre de recherches.

La “gestation” de ce morceau de viande s’est faite dans une boîte de Petri. Les chercheurs ont prélevé un myoblaste – une cellule musculaire – d’un porc bien vivant. Ils l’ont ensuite mis en culture dans ce milieu riche en nutriments indispensables, in vivo, au développement d’un muscle. Le résultat, selon le Times, est un morceau de viande “gluant” qui n’a pas grand chose à voir avec un morceau issu d’un animal.

En effet, la viande cultivée in vitro n’a pas subi les contraintes mécaniques qu’ont dû supporter les animaux. Les chercheurs devront trouver un moyen pour faire faire de l’exercice à ces muscles de laboratoires avant d’espérer le commercialiser. Quoiqu’en matière de saucisse la forme n’importe guère…

A l’inverse d’autres recherches dans le domaine, celles de Mark Post et de son équipe – injoignables – n’ont pour l’heure pas été publiées. Ce qui incite à la prudence. J’ai joint plusieurs biologistes pour qu’ils commentent ces travaux, dont le chercheur new-yorkais Tom Roud, notre voisin de comptoir au C@fé des sciences qui a accepté de réagir “à chaud” sur le contexte de ces travaux :

“Mettre des cellules en culture, c’est du quotidien de laboratoire. Il est assez facile de cultiver beaucoup de tissus (comme des cellules de peau), c’est peut-être un peu plus compliqué pour des cellules musculaires mais cela ne me semble pas a priori très compliqué. Il faut probablement juste trouver le bon “cocktail” de milieu de culture et le bon protocole.

Ce qui est étonnant dans cette histoire est que l’équipe en question a travaillé longuement dans des buts manifestes de chirurgie reconstructrice sur des problèmes qui m’ont l’air beaucoup plus complexes, comme la culture de vaisseaux sanguins. (…) Peut-être que l’idée de cultiver de la viande est “plus vendeuse” que celle de cultiver des vaisseaux sanguins, je me demande donc si cela ne relève pas un petit peu d’une stratégie de communication, à la fois vis-à-vis du grand public, des organismes de financement et bien sûr des entreprises de l’agro-alimentaire.”

Les questions posées par ces recherches sont toutefois primordiales. Nourrir 9 milliards d’humains à plus ou moins long terme sera un des enjeux majeurs de ce siècle. Et si l’on peut produire de la viande sans émettre les quantités astronomiques de gaz à effet de serre des élevages actuels, nul doute que la viande en boîte a de l’avenir.

En plus, cette méthode a reçu un blanc-seing de l’organisation PETA qui milite activement contre les mauvais traitements faits aux animaux. Ils ne trouvent rien à redire à cette technique de fabrication. Et ont même créé, en 2008, un concours doté d’un million de dollars à qui arrivera “à créer de la viande sans tuer le moindre animal”. 

Images : montage à partir de photos de DistractedMind (cochon), wallyg (saucisses) et de PNNL (boîte de Pétri).


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