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Islamophobie : le gouvernement pris à son propre piège

Publié le 02 décembre 2009 par Hmoreigne

 Tel est pris qui croyait prendre. La technique du brûlis est toujours délicate. Le gouvernement l’apprend à ses dépends, lui qui voulait, en toute impunité, chasser sur les terres du Front National, se voit aujourd’hui dépassé par une polémique importée de Suisse. De la question de l’identité nationale à l’islamophobie, il n’y avait qu’un pas aujourd’hui réduit à rien.

A vouloir vampiriser le Front National, le gouvernement lui sert en fait sur un plateau l’occasion d’une résurrection. Les idées qui constituent le fonds de commerce de l’extrême droite sont désormais omniprésentes dans l’actualité, désacralisées par l’UMP.  En France, le Front National, toujours à l’affût des peurs dont il pourrait faire son miel électoral, ne cache pas sa joie” peut-on lire dans l’éditorial du Monde en date du 2 décembre.

Les résultats de la votation helvétique du 29 novembre ont largement dépassé le cadre de ce pays décidément pas ordinaire. “Pour la première fois en Europe, des gens ont exprimé leur rejet d’une forme d’islamisation” a déclaré le leader nationaliste néerlandais Geert Wildens.

L’exemple suisse dope l’extrême droite du vieux continent. Si la réalité objective est très éloignée du ressenti de la population, on ne peut pour autant l’ignorer. Au-delà de la question xénophobe, les échos de la votation suisse traduisent, peu de temps après l’épisode Polanski, l’écart grandissant entre les “élites” et l’opinion publique. Il serait dangereux d’ignorer, sous prétexte de populisme, les signaux envoyés. “En démocratie, il est toujours bon d’écouter le peuple” a perfidement déclaré Roberto Marconi, le ministre Italien de l’Intérieur. Écouter sans doute, suivre pas forcément.

Objectivement, la problématique des minarets n’a pas de raisons d’être en France. Elle pose pourtant la question de la visibilité et de la patrimonialisation de l’Islam et au-delà, de l’inscription symbolique d’une religion autre que chrétienne dans notre paysage.  Les européens ont globalement le sentiment de se réveiller avec la gueule de bois. Ils en entendaient bien parler mais avaient du mal à le croire. C’est un fait, aujourd’hui, l’islam est la deuxième religion en France et en Europe.

Dès lors, la question des minarets ne peut être réduite, comme tente de le faire à contre-emploi Eric Besson, à une seule question d’urbanisme. Sauf à ce que le ministre de l’identité nationale réalise qu’il a poussé le bouchon un peu loin en multipliant les sujets (burqa, identité nationale, mariage gris) constitutifs d’un terreau fertile à toutes les dérives.

“Cessons de jouer avec des concepts, des émotions mauvaises et dangereuses” a enjoint Vincent Peillon. Cessons tout court de jouer à nous faire peur. La vraie question est de savoir si l’Islam est compatible ou pas avec les valeurs qui sont censées fonder l’espace européen. S’il est soluble dans celui-ci. La solution, elle, est connue. Elle s’appelle laïcité. 

Il reste que le risque de dérapage évoqué par Christine Boutin le 28 octobre dernier, “Ce débat est très risqué. Je pense qu’à la veille d’élections régionales, il peut très vite déraper sur des discussions dont nous avons horreur“, a pris corps.

Médiapart en dresse le constat : “Moins d’un mois après son ouverture, le site de contributions au débat sur l’identité nationale, géré par le ministère de l’immigration, est devenu le défouloir de la xénophobie d’une partie de la population. (…) Des propos d’autant plus étonnants qu’ils sont modérés (par un consultant extérieur), comme le précise le bandeau rose en haut du site.”

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