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28 ans d’attente

Publié le 04 décembre 2009 par Vinz

En ce début de compétition, le climat est tout sauf apaisé pour les bleus de Raymond Domenech.

Au-delà de la controversée liste des 23, c’est aussi le retour à la liste élargie et le départ dans la nuit des 7 exclus qui ont fait jaser les spécialistes. Mexes, Cheyrou, Trezeguet, Diaby, Anelka, Rami et Douchez refusent de réagir et ont refusé  toutes les interviews depuis.

Seule réaction du sélectionneur :

-« je suis persuadé que Peggy fera taire ses détracteurs et qu’il fera une grande coupe du monde. »

Depuis, c’est le silence radio. Aucune interview, des points presse ou les réponses ironiques succèdent aux platitudes.

Heureusement, le football reprend ses droits et le tirage au sort a été clément, comme on dit à Antibes,  avec la France en la plaçant dans le groupe B, ainsi elle démarre au plus tôt la compétition.

C’est tout de même, à tout seigneur tout honneur à la tête de série de son groupe que revient l’honneur d’ouvrir le bal. Pour le premier match, L’Allemagne est opposée à l’Algérie.

Premier match du groupe B et première surprise de la coupe du monde africaine, qui revient à un représentant du continent hôte. Les fennecs ouvrent le score dès la 16ème minute par Karim Ziani, le plus allemand des algériens, et malgré la furia teutonne, les attaquants de la manschaft se montrent maladroits, le portier algérien réalisant également de nombreux exploits. L’Algérie l’emporte 1-0, le délire s’empare d’Alger et de Marseille.

Hasard du tirage au sort, ce sont les deux derniers qualifiés pour cette coupe qui se rencontrent dans ce deuxième match du groupe. Inutile de faire un résumé du match insipide auquel nous avons eu la malchance d’assister. Devant 10 uruguayens repliés dans leur surface, les français sans imagination butent comme des papillons sur une vitre et ne doivent qu’à Lloris de ne pas être menés à la mi-temps. En effet, trois fac-à-face en contre (2 avec Forlan, 1 avec Suarez) dont il est sorti vainqueur permettent à la France d’espérer arracher une victoire qui la mettrait sur de bons rails avant son affrontement crucial avec l’Allemagne. Ne conservons que le dénouement de cette parodie d’opposition de coupe du monde. A la 78ème, Ribéry transforma le pénalty obtenu par Henry dans des circonstances contestées par l’ensemble des journalistes impartiaux venus d’Uruguay et d’Irlande.

Malgré la tristesse du jeu, les français partagent la tête du groupe avec les algériens.

Dans les duels des mal côtés, c’est une nouvelle fois l’Algérie qui surprend en battant dans les arrêts de jeu une céleste bien plus entreprenante que face aux bleus mais un contre assassin permet aux algériens de l’emporter 2-1 et de prendre une option sérieuse sur la qualification.

Le duel en prime time sera un des matchs les plus suivi de cette première quinzaine tant les gros chocs sont rares. Seuls Etats-Unis/Corée du Nord dans le groupe du Brésil et Portugal/Pays-Bas auront généré une  effervescence comparable.

Pourtant, une nouvelle fois, le spectacle laisse à désirer, soucieux de ne pas encaisser le premier but, comme dit Hans-Jorg, les deux nations s’observent sans pousser aucune offensive sérieusement jusqu’à la demi-heure de jeu. Le trident Toulalan-Diarra-Diarra étouffe les velléités allemandes assez facilement. Le match ne s’ouvre que légèrement ensuite, et c’est sur un triste 0-0 que ce match s’enlise.

La France avec 4 points devance l’Allemagne (1 point et l’Uruguay 0 point) mais l’Algérie est déjà qualifiée. Tout le pays s’enflamme, les rues des principales villes d’Algérie ne désemplissent pas. La ferveur populaire est à son comble.

Comme c’est la juste habitude depuis quelques éditions, les derniers matchs de poule se jouent en même temps mais dans deux stades différent (oui, parce que les gens ne comprenaient plus trop les actions et puis il y avait des litiges sur les places à attribuer dans le stade pour les délégations officielles puisque 4 fédérations ça fait environ 17 000 invitations protocolaires et les recettes s’en ressentent).

L’Allemagne n’a plus le choix, elle est condamnée à gagner et espérer que les fennecs l’emportent face à la France. Les allemands s’installent dans le camp uruguayen (comme en 44/45) et prennent rapidement l’avantage. A la pause ils mènent 2-0 et le match s’enlise dans un faux rythme.

Dans l’opposition toujours électrique entre la France et l’Algérie, c’est pour la troisième fois en trois matchs, les algériens qui ouvrent le score en première mi-temps. Et pour la troisième fois en trois matchs, les français poussent mais restent footballistiquement constipés.

Mais le premier changement de Raymond Domenech va changer le match. Sydney « Fuca » Govou va changer, dès son premier ballon à la 89ème minute, mystifie un défenseur étrangement statique d’un pointu du droit avant de se faire prendre le ballon de la main par le défenseur central vert et blanc. Le pénalty est sifflé par l’arbitre de la rencontre et Franck Ribéry le transforme d’une panenka. Le gardien qui n’avait pas bougé de sa ligne plongea dans un second temps vers son poteau gauche à la surprise générale et les français purent enfin souffler.

Dans les tribunes, deux hommes ne participent pas à la liesse des supporters des deux camps. Au coup de sifflet final, Algérie et France qualifiés pour le second tour exultent de concert mais Rabah Madjer et Patrick Battiston qui ont assisté à la rencontre côte à côte, se serrent sobrement la main. Un poids semble avoir quitté leurs épaules.

Les deux anciens joueurs n’étaient pas connus pour être des proches mais pourtant c’est ensemble qu’ils ont vécu ce match sans passion mais avec application et relâchement.

A la même heure, à Cologne, dans une banlieue pavillonnaire, les voisins d’un certain Harald S. affirment que c’est au moment du coup de sifflet final qu’ils ont commencé à entendre des bruits de destruction de meubles et ce n’est que deux heures plus tard qu’ils ont osé aller sonner. Leur voisin, qu’ils décrivaient tous comme un homme charmant gisait hébété sur son canapé, haletant.

Devant lui, sur la table basse, un colis tout juste ouvert contenait des cornes de gazelle soigneusement empaquetées dans du papier de soie et une bouteille de Pomerol,  château Petrus 1982.

Le bon du livreur signalait qu’elle avait été portée à domicile à l’heure précise du coup de sifflet final, d’un expéditeur inconnu.


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