Comparons ces trois affiches et ces deux couvertures. Quelle différence observons-nous entre les affiches de 1911, de 1932 et de 1965 ? Un accent qui disparaît. On peut dire que l'accent circonflexe n'a pas à figurer sur une capitale, sauf qu'on trouve une capitale accentuée sur le nom de De Funès et que cet accent est aussi absent lorsque le nom est écrit en bas de casse. On peut prendre d'autres affiches comme celle-ci de 1948. L'accent circonflexe a disparu presque partout. Il faut dire cependant que les polices des affiches 2 et 3 ne permettaient aucun diacritique sur les capitales. C'est à un tel point que l'article Wikipedia consacré au génie du crime mélange les Fantômas et les Fantomas. Je veux bien admettre qu'il y ait eu des versions internationales de Fantômas pour des peuples sans aucun accent circonflexe, mais quand même...
L'accent circonflexe de Fantômas fait partie de son identité. Il suggère les ailes de la chauve-souris qui vole au dessus de la ville, la cape dont il se vêt, le loup qui cache le regard du personnage aux multiples visages. C'est une part fondamentale de la poésie profonde de ce personnage (totalement bousillée par Jean Marais et De Funès). Une solution astucieuse a été trouvée par l'éditeur espagnol du manga que je cite à la fin avec la représentation du personnage en surimpression du O. Mais c'est un pis-aller. C'est comme si le héros du mal se dérobait toujours avec ses masques.
Un détail amusant au sujet de son nom : Souvestre et Allain avaient gribouillé sur un morceau de papier le nom de Fantômus et le directeur de leur journal l'a mal lu, si bien que la fin fut en -as. Il nous échappe encore !