Une des innovations bienvenues du sarkozysme est le développement (involontaire et certainement pas souhaité) de la critique politique dans les médias audiovisuels. L'émission de Yann Barthès sur Canal + et les éditoriaux de France Inter se situent clairement dans l'opposition au gouvernement. Ces médias nous avaient habitué à plus de respect du pouvoir en place. La critique existait bien autrefois, mais elle était pour l'essentiel confinée dans les émissions satiriques (Bébéte show, Guignols de l'info). Ce n'est plus le cas. Barthès pratique une sorte de sémiologie critique du discours audiovisuel du pouvoir dominant originale. Les éditoriaux de France Inter sont plus dans la tradition de la presse d'opinion, mais les uns et les autres tranchent agréablement avec ce qui se faisait.
Le phénomène n'est pas propre à la France. Mais il a pris chez nous une tournure particulière du fait de la révérence traditionnelle de nos journalistes audiovisuels à l'égard du pouvoir en place.
A quoi est-ce que cela tient? Sans doute à l'effet internet. Les journalistes sont en compétition avec tous ceux qui s'expriment sur ce nouveau média en toute liberté, sans le moindre contrôle. La liberté sur internet les a sans doute désinhibés et incités à multiplier les décryptages et à faire preuve de plus d'audace.