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La critique est b(i)aisée, l’art est indocile.

Publié le 12 juin 2009 par Plumard

pressbook

La virtuosité d’un auteur se mesure-t-elle à l’épaisseur de sa revue de presse (Press book ) ? Pas évident. En revanche,  un livre qui fait parler de lui  dans les médias se vend toujours très bien.  Mais, au fait, combien de « bons livres » ne parviennent pas jusqu’à leurs lecteurs, parce que mésestimés -ou pire : ignorés- par les critiques ?  Trop, beaucoup trop postule Mathieu Goguel. A commencer, d’ailleurs, par ses 3 premiers polars  (une trilogie dont l’action se déroule dans l’univers des  motards).

Aux grands maux, les grands remèdes. Pour son dernier ouvrage, Mathieu Goguel a entrepris de tricoter lui-même la couverture médiatique dont il a toujours rêvé pour réchauffer son égo d’auteur naissant et booster la notoriété de ses bouquins. Article après article, il a donc créé de toute pièce la revue de presse qui accompagne la sortie de son 4ème livre. Sauf que de livre à critiquer, il n’y en a pas vraiment. Justifiant son paradoxal et double titre, Press Book (Ceci n’est pas un livre), est en fait composé de cent faux papiers…consacrés au livre que, réunis, ils finissent par constituer. Vous suivez ?

Oscar Wilde, cité dans l’ouvrage de M. Goguel, a déclaré : « Je ne lis jamais un livre dont je dois faire la critique ; on se laisse tellement influencer ». Pour parler de Press Book (Ceci n’est pas un livre), mieux vaut ne pas le lire jusqu’au bout.

En parfait schizophrène, l’auteur se glisse dans la peau de journalistes dont il pastiche le style, tantôt pour fustiger un livre-concept fumeux, tantôt pour saluer une entreprise littéraire audacieuse, qu’auraient pu saluer Magritte ( »Ceci n’est pas un livre » évoquant le célèbre « Ceci n’est pas une pipe »), Marcel Duchamp ou Andy Wahrol. Si bien qu’au fil des papiers, Mathieu Goguel dépouille son livre de tous ses sens… coupant l’herbe sous le pied de qui s’aventurerait à en faire la critique.

Alors, parce que c’est encore Mathieu Goguel qui en parle le mieux, si vous êtes amateurs de littérature barrée, un conseil : procurez-vous  ce livre, auto-édité chez Erreur Système.

Épilogue : il y a quelques jours, Press Book (ceci n’est pas un livre) était sélectionné pour le Prix de l’Inaperçu 2009, qui tente chaque année de faire connaître un livre  injustement demeuré dans l’ombre des projecteurs médiatiques. Reconnaissance ultime ou ironie du sort pour Mathieu Goguel ?  Être lauréat d’un prix (et donc bénéficier d’une couverture médiatique – peu importe si elle ne vous arrive qu’aux genoux) confronte à un autre problème : mieux vaut-il être mainstream dans l’underground ou undergound dans le mainstream ? Combien de lecteurs de la 1ère heure vous laisseraient tomber si vous deveniez grand public ? Je vous laisse méditer là-dessus.

Interview de Mathieu Goguel par France Inter lors de la soirée de remise du Prix de l’Inaperçu ici.


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