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Voyage au bout de la Nuit, La Guerre - Lu par Michel Simon Paul...

Publié le 31 octobre 2009 par Fabrice @poirpom

Voyage au bout de la Nuit, La Guerre - Lu par Michel Simon

Paul Chambrillon était critique et chroniqueur parisien, ami avec tout le monde. Mais il était surtout admirateur avéré de Céline, auteur de Voyage au bout de la nuit. Ou quand un gamin des rues de Paris se fait dépuceler par la Vie en parcourant le monde. Une oeuvre énorme, au style oral - mais travaillé - surpuissant, le genre de livre qui met - enfin - tout le monde d’accord sur un point: l’humanité est pathétique et ne mérite guère de perdurer.

En 1955, plus de vingt ans après la parution du roman de Céline, Chambrillon se met en tête d’enregistrer une version audiophonique du Voyage et de Mort à Crédit, le vinyl à microsillons étant alors en pleine expansion. Pour ce faire, il va rapidement à la rencontre d’Arletty. Suit une entrevue avec Michel Simon dans son appartement de la rue Beauregard. Les deux têtes d’affiche font preuve d’enthousiasme à l’égard du projet de Chambrillon. Il faut également convaincre l’auteur lui-même, réputé pour son hostilité et ses bougonneries.

Puis Michel Simon fait machine arrière et hésite; il craint des représailles des militaires s’ils l’entendent faire la lecture du début du roman. Il cauchemarde et imagine des baïonettes plantées dans son vénérable corps. C’est non sans peine que Chambrillon l’amadouera, le caressera dans le sens du poil pour lui faire oublier ses idées noires et lui faire poser son magistral derrière dans un studio d’enregistrement. Session, avec les deux comédiens et l’auteur, qui se passe divinement bien mais dont la bande finit à la poubelle, pour d’obscures raisons techniques. Tout est réenregistré, à l’aide de matériel portable cette fois, pour ne plus contraindre les comédiens dans un studio qui suinte le renfermé et qui n’est, de plus, absolument pas assorti à la couleur de leurs socquettes. Au cours de ses sessions sauvages (qui seront les définitives), Chambrillon enregistre, à l’aide de ses techniciens hypercompétents, Céline interprétant a cappella deux chansons de son cru, À noeud coulant et Règlement. Un accompagnement musical, interprété par l’accordéoniste Aimable, sera ajouté par la suite.

Des années plus tard, pour compléter une “anthologie” paru en 2000 regroupant ces enregistrements, Chambrillon ira fouiller les archives de la Radio suisse romande où il chroniqua pour y retrouver une interview que Céline accorda à Albert Zbinden à la fin des années cinquante.

Au final, l’Anthologie Céline est un document hallucinant proposant un contenu unique, travail acharné d’un passionné.


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