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Le Québec dans le rouge : à nous de payer pour la crise ?

Publié le 06 décembre 2009 par Hugo Jolly

Le Québec dans le rouge : à nous de payer pour la crise ?C’est tout récent, nous n’en n’avions jamais entendus parler ! La dette au Québec est littéralement en train de nous étouffer ! En nous prenant au cou, elle risque de tuer encore plus que la grippe H1N1. Il faut faire quelque chose ! Couper, couper et couper encore et davantage ! Moins de fonctionnaires, moins de services, moins d’État et plus de frais et plus de taxes ! On croirait un militant libertarien qui parle, mais non, c’est le point que nous entendons à LCN et à RDI, sans qu’il y ait aucun point de vue alternatif qui soit entendu. Voyons ce qu’il en est avec la crise des finances publiques capitalistes.

Malgré une crise économique qui nous a montré les faiblesses du système néo-libéral du laissez-faire économique et de la non-intervention de l’État, les journalistes ont perdu le souci d’objectivité au sujet de la crise budgétaire du gouvernement québécois. Les questions qu’ils posent aux téléspectateurs sont éloquentes : quels sont les services que l’on devrait couper ? Qu’est que nous devrions augmenter ? Comme si dans le fond, c’est toi et moi qui étions les seuls responsables du déficit. Personne ne fait mention de ceux qui ont profités de la crise économique, ni des riches entreprises qui ne paient pas leur juste part d’impôts. Lorsque nous regardons les chiffres sur l’évasion fiscale, c’est troublant de constater que l’État Québécois refuse de faire payer ceux qui en ont les moyens pour pénaliser davantage les plus pauvres.

Il y a diverses mesures pour regarnir les coffres de l’État sans en faire payer le prix aux classes les défavorisées de la société, dont fait partie les étudiants.

Rapatrier l’argent d’Ottawa au Québec

Nous pouvons tout d’abord rapatrier d’Ottawa l’argent qui revient de droit au Québec. En effet, il y a à Ottawa des centaines de millions de dollars qui dorment dans des coffres et que nous serions en droit de rapatrier au Québec. Le meilleur exemple est celui des bourses du millénaire. Pour remplacer ce programme destiné aux étudiants canadiens, le gouvernement Harper octroie plus de 500 millions de dollars à un nouveau programme de bourses scolaires, et le Québec n’en recevra pas un sou, étant donné qu’il possède déjà son système d’Aide financière aux études (AFE). Selon la loi canadienne, puisque l’éducation est une compétence provinciale, nous sommes en droit de nous retirer de ce programme avec pleine compensation (environ 100 millions pour le Québec). Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’argent que nous pouvons aller chercher à Ottawa. Nous pourrions aussi parler des transferts de péréquation et de diverses taxes.

Une imposition progressiste

Il faut au plus vite que les plus riches d’entre nous paient leur juste part d’impôts et que le gouvernement cesse de faire des cadeaux fiscaux qui coûtent très cher à la société. Avec les baisses d’impôts des dernières années, nous avons vus que c’était (presque) uniquement les plus riches qui en bénéficiaient. Ainsi, pour quelqu’un qui gagne plus de 150 000$ par année, il va sauver plus de 1859$ en impôts tandis qu’une personne gagnant 50 000$ va à peine sauver 100$ dans son année, ce qui n’équivaut même pas à 2 cafés par semaine… Il importe donc que l’on abolisse les baisses d’impôts pour ceux et celles qui gagnent plus de 150 000$ et que l’on augmente même leur contribution à l’impôt. En ce sens, la proposition du Bloc Québécois de hausser de 1% les impôts des 100 000$ et plus est déjà un bon début, quoique très insuffisant.

Lutter contre l’évasion fiscale

Les paradis fiscaux sont des pays ou régions où le taux d’imposition est très faible, voire inexistant. Plusieurs entreprises et personnes fortunées créent des comptes bancaires dans ces paradis fiscaux pour ainsi préserver leur argent du fisc de leur pays respectif. Cette pratique illégale mais tolérée fait perdre des milliards par année à l’État. Ainsi, entre 1990 et 2003, le montant que les entreprises canadiennes déposaient dans des paradis fiscaux à été multiplié par 8, passant de 11 à 88 milliards de dollars (Statistique Canada, 2005).

En conclusion, il y a plein de mesures progressistes que nous, en tant que société, pourrions adopter afin de redresser les finances publiques, sans que cela se fasse mal aux personnes les plus atteintes par la crise économique. Si nous sommes en ce moment dans un déficit, cela est du à l’irresponsabilité de l’entreprise privée, et il serait logique qu’elle soit la première à sortir le porte-monnaie, puisque l’on constate qu’elle fait de plus en plus de profits malgré le climat économique actuel. Ce n’est pas à nous de payer pour la crise !

Les capitalistes ont amplement les moyens de payer puisque les travailleurs et travailleuses ont de plus en plus de difficulté à payer plus d’impôts afin de couvrir les pertes causées par les cadeaux aux plus riches. En plus de leur accorder des bonis, subventions, baisses et reports de paiements d’impôts, l’État québécois se prive de milliards de dollars chaque année avec l’évasion fiscal qu’il tolère afin de ne pas provoquer les «donneux de jobs», qui sont rien d’autres que des entrepreneurs qui s’accaparent de nos richesses collectives. Il est temps de demander paiement ! Et cette fois-ci, pas de chèque sans fond !


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