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Synopsis
En pleine nuit, au milieu d'un champ d'éoliennes, deux informaticiens au chômage renversent un homme surgi de nulle part. A ses côtés, un sac rempli de billets : deux millions d'euros, là, à portée de main et aucun témoin. Que faire ? Appeler la police ou profiter de l'occasion ? Le lendemain, dans un entrepôt à quelques mètres des lieux de l'accident, la police retrouve le corps de Mélodie, une fillette aveugle. Et si l'argent était destiné à payer sa rançon ? L'assassin a-t-il vu les chauffards ? Le soir même, une autre enfant est kidnappée. Diabétique cette fois. Ses heures sont comptées. A l'hôtel de police de Dunkerque, le compte à rebours est lancé. Aux côtés du lieutenant Moreno, un collègue très prévenant, Lucie, une jeune brigadier de 26 ans, participe à sa première enquête. Et curieusement, au sein du groupe crime, on a vite le sentiment que Lucie n'est pas là par hasard...Interview
Pour en savoir plus, nous sommes allé à la rencontre de Mélanie Laurent. Interview.Quelles ont été vos réactions à la lecture du scénario ?
À la première lecture, j’ai été frappée par le naturalisme de toute la partie policière, les débriefs dans le commissariat, la manière d’enquêter, le rapport de mon personnage de jeune brigadier avec ses collègues plus ou moins sympas, etc. J’avais envie de participer à ce film où l’on retrouve l’ambiance réaliste du milieu policier, et en même temps, celle d’un vrai thriller. On a du mal à comparer LA CHAMBRE DES MORTS à un autre film, ou à le classer dans un genre. Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un scénario qui me donnait à ce point-là l’envie de participer à un film. En plus, Charles Gassot assurait la production et il y avait une belle rumeur autour de ce projet. Donc l’aventure était excitante.
Vous êtes amatrice de thrillers, de romans noirs ?
Pas du tout. Alfred Lot m’avait donné des bouquins de serial-killers, mais après en avoir lu trois pages, j’étais terrorisée, je faisais des cauchemars ! Donc je n’ai pas du tout fait de préparation en me faisant violence, en me forçant à voir ce genre de films. Je n’ai même pas vu LE SILENCE DES AGNEAUX ! Et je n’ai pas lu La Chambre des morts. Ce qui m’intéresse c’est le film que le metteur en scène veut faire.
Parlez-nous de Lucie, votre personnage.
Les enfants traumatisés ont des vies un peu extraordinaires. Lucie a une certaine maturité, on a lui a volé son enfance donc elle s’est construite, de manière naturelle, un bouclier pour se protéger. Il va lui falloir de la patience, et beaucoup d’amour pour essayer de se libérer un peu de ses obsessions intimes. C’est à cause d’elles qu’elle ne lâche pas quand elle est sur cette enquête. Une jeune femme qui ne dort pas pendant quatre jours, ça justifie des moments de fatigue et de larmes, pour une comédienne c’est passionnant... D’ailleurs, ça m’intéresse de plus en plus de ne pas jouer « jolie ». C’est-à-dire, avoir à peine un quart d’heure de maquillage, ne pas cacher ses cernes, ne pas avoir de coiffure apprêtée, et porter les mêmes fringues pendant deux mois. Pour moi, c’est beaucoup plus fort. Quand on joue « jolie », on ne sait pas comment se tenir entre les prises, on pense toujours aux raccords. Là, pendant tout le tournage, on est débarrassé de la dimension physique du rôle, il ne reste que l’émotion pure. En fait, il n’y a plus que le jeu, c’est très agréable.
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Lucie est une jeune femme en manque d’amour... « Elle n’a pas fréquenté un homme depuis un an » dit sa mère.
À cause de son passé, elle ne fait pas vraiment confiance aux hommes. Et puis elle le dit, elle ne sait pas faire deux choses en même temps. On la sent touchée par Stéphane Moreno, le flic interprété par Eric Caravaca, elle a envie qu’il se passe quelque chose entre eux mais, à la fois, s’il ne s’était pas dévoilé, j’ai l’impression qu’elle l’aurait laissé partir. Elle n’est pas une héroïne romantique ou une femme fatale, elle n’est pas dans la séduction. Lucie est vraiment obsédée par cette enquête qui la renvoie à son enfance. Elle est totalement dans un rapport de protection, au-delà de ce que son métier l’exige. Elle va tout faire pour éviter qu’il y ait une autre jeune victime. Dans la séquence où elle découvre la petite fille aveugle, elle est submergée par une émotion, une douleur intime qui la perturbe bien au-delà du fait d’être confrontée à sa première scène de crime. Je m’étais renseignée, quand un flic découvre sa première scène de crime, il a envie de vomir, de pleurer, c’est toujours très traumatisant.
On a l’impression, dans son histoire d’amour naissant, que Stéphane la fait renaître et redevenir une femme désirante.
Oui, j’aime bien ce qui se passe entre eux, et la façon dont Alfred Lot met en scène cette histoire. On ne montre pas grand-chose, il n’y a pas de scène d’amour, aucun geste tendre, tout se passe dans des regards, ou à demi-mot. À la fin du film, il n’y a pas d’images cliché où ça se prend dans les bras et ça va s’aimer très fort. Tout n’est pas résolu, elle a confiance en Stéphane, mais il va falloir du temps. Là, c’est très réaliste.
On est surpris par sa capacité d’analyse, c’est elle qui fait avancer l’enquête.
Oui parce que c’est comme si elle était à la place du tueur tout le temps. Elle est inconsciemment en résonance émotionnelle avec le tueur.
On sait peu de choses sur le passé de Lucie. Comment donner une telle présence à un personnage si secret ?
J’y ai pensé pendant six mois. Je lis et relis le scénario et après je m’en débarrasse, et j’en rêve. Tout un travail se fait inconsciemment. Dans la journée, tout d’un coup, si je me balade ou si je vais à un rendez-vous, j’imagine Lucie dans cette ambiance-là. Je la vois marcher d’une manière assez sombre avec toutes sortes d’idées dans la tête. Ou bien au cours d’un dîner, je me dis, comment réagirait-elle ? Je suppose qu’elle serait effacée, un peu perdue. Je crois qu’elle a sans doute pris beaucoup de cachets pour dormir et pour arrêter de faire des cauchemars. Je ne pense pas qu’elle ait consulté un psy. Non, elle a gardé à l’intérieur d’elle-même son traumatisme comme un secret dont elle puise une force. De même qu’elle a caché l’objet qui la relie à son enfance dans son armoire secrète. J’imagine qu’après avoir couché ses enfants, c’est une sorte de rituel pour elle de pleurer en mettant une bougie devant son petit autel. Elle vient s’y ressourcer, elle y trouve l’énergie pour mener à bien sa quête, elle a une vie à sauver. Quand Alfred m’a appris que je faisais le film, je me suis dit que pour ce genre de rôle, je devrais travailler pendant des mois avec un coach. Finalement, je ne l’ai pas fait. J’ai plus besoin d’adrénaline, le moment où je découvre la scène le matin et je dois improviser, je fonce. Quand les rôles sont bien écrits et qu’une partie de nous-même correspond au personnage, le travail est déjà fait.
Vous n’étiez pas éprouvée par la noirceur de certaines scènes ?
J’avais envie de donner au personnage un peu de maladresse à certains endroits. Souvent dans les polars, les flics ne tremblent pas, ils tirent sans aucun problème, comme s’il n’y avait rien d’humain en eux, cela me semble irréaliste, je n’y crois pas. Pour avoir fait quelques séances de tir, c’est extrêmement violent. Et Lucie n’est pas sensée avoir l’habitude de pointer son flingue sur un homme. J’avais besoin aussi de mes petits moments de légèreté ou de sourire dans certaines scènes. On a pensé avec Alfred qu’il fallait privilégier de jolis instants de tendresse lorsque Lucie s’occupe de ses jumelles. Dans les cas des traumatismes de l’enfance, on reproduit le schéma que l’on a vécu, ou bien on va carrément dans le sens inverse. Donc je trouvais important qu’elle soit une vraie bonne maman, une mère aimante, même si elle est débordée, même si elle est torturée. Alfred m’a laissé improviser avec les enfants. Après ces moments quotidiens d’amour maternel très réalistes, c’est plus facile de créer l’inquiétude. On ne va pas jouer le mystère ! Juste en effaçant un sourire par exemple, ça questionne, ça donne un secret au personnage. De toutes façons, j’ai besoin de rire énormément entre les prises. J’ai une capacité à sortir très vite de mes personnages. Je crois que je n’ai jamais autant ri que sur ce film !
Quelle a été la scène la plus jubilatoire, ou la plus terrible à interpréter ?
Les scènes de flingue sont très amusantes, on a l’impression d’être Nikita ! La séquence sous la douche n’était pas forcément la plus sympa, on est au plus profond de l’intimité... Mais je savais que la scène se terminait dans la légèreté et la drôlerie avec l’arrivée d’Eric et sa gêne quand il pose sa main par mégarde sur ma petite culotte ! Seul le chef-op était présent dans la salle de bain, caché sous un énorme K-way un peu ridicule, et je n’étais pas complètement nue. Il y a rarement des scènes aussi intimes dans les films de genre qui soient traitées avec autant de pudeur et de respect. Et elle n’est pas gratuite, elle fait basculer leur relation.
Quel souvenir gardez-vous de ce tournage ?
Le plaisir d’être dans une énergie permanente, et le bonheur absolu de retrouver l’équipe lorsque le réveil sonne à 5h du matin ! Ça devrait être comme ça sur chaque tournage puisque ce métier fait rêver le monde !
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