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Sur le financement de la recherche biomédicale

Publié le 07 décembre 2009 par Monthubert

Ce matin sur France Info, Jean Leymarie m’a invité à débattre avec la présidente du Conseil Scientifique de la Fondation pour la Recherche Médicale sur le thème du financement de ce secteur de la recherche. La question : qui doit soutenir ce secteur ?

Voici les éléments principaux que j’ai évoqués, ou que j’aurais aimé avoir le temps d’évoquer.

Tout d’abord, le financement par des associations de la recherche médicale ne doit être qu’un complément. Or dans le contexte actuel, nous avons un énorme problème d’attractivité vis-à-vis des jeunes. Dans le cas de la recherche médicale, cela concerne en particulier les jeunes médecins qui se dirigent de moins en moins vers la recherche. Par ailleurs, l’évolution des structures hospitalières est catastrophique à de nombreux titres, en particulier pour la recherche. En effet, avec la tarification à l’acte, qui pousse à ne prendre en charge que les activités les plus rentables, et avec les réductions de personnel y compris chez les soignants, les médecins hospitaliers ont de moins en moins de temps à consacrer à la recherche.

Autre aspect, Nicolas Sarkozy a fait un discours le 26 octobre devant les grandes entreprises pharmaceutiques dans lequel il évoque son souhait d’une forte augmentation des contrats entre les entreprises privées et les laboratoires publics. Mais il s’agit en réalité d’un véritable transfert de charge, les laboratoires devenant en quelque sorte sous-traitants des entreprises. Dans un contexte de stabilité de l’emploi scientifique (au moins jusqu’aux prochaines élections…), cela signifie que les chercheurs dans les labos publics auront moins de temps pour faire de la recherche fondamentale. Et pendant ce temps, Sanofi a pu annoncer qu’elle supprimerait 1200 emplois scientifiques.

Ce qui est donc préoccupant, c’est qu’on est en train de saboter les fondements de la recherche, pour se focaliser sur le court-terme. De plus, l’illusion que la recherche médicale se limite à la médecine et au médicament est grave. Car l’histoire n’a pas cessé de nous montrer que les progrès de la médecine dépendent de l’ensemble des disciplines, et de questionnements sans aucun rapport avec des maladies précises. Ainsi, pour prendre un élément en lien avec l’actualité immédiate, les tests de diagnostic précoce pour des maladies comme la grippe A se font en utilisant une technique appelée PCR. Il s’agit en fait d’utiliser des enzymes qui amplifient la présence d’ADN dans les échantillons prélevés pour les analyses, car souvent la quantité d’ADN est insuffisante. Cette technique a été mise au point par un chimiste, pas par un médecin ni un biologiste. Elle a été rendue possible par les travaux de nombreux biologistes qui avaient étudié des bactéries capables de résister à des hautes températures. Des travaux conduits dans le seul but de faire progresser la connaissance, sans application apparente.

La science est pleine de ces détours surprenants. C’est en partie ce qui fait son charme, d’ailleurs. Et le cauchemar des planificateurs utilitaristes à la Sarkozy, qui décidément n’y comprennent rien et mettent en péril la recherche, en médecine comme ailleurs.

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