Nicolas Sarkozy et Frédéric Mitterrand semblent jouer au bon et au méchant flic avec le géant américain de l'internet Google. Si le deuxième promet un gros contrat sous conditions, le premier tape fort sur les doigts.
Le méchant flic
En effet, Nicolas Sarkozy a clairement affiché sa volonté de ne pas se laisser faire face à Google, lors d'une table ronde avec des chefs d'entreprise et des chercheurs. Le président a affirmé : « Il n'est pas question de nous laisser déposséder de notre patrimoine au bénéfice d'un grand opérateur aussi sympathique soit-il, aussi important soit-il, aussi américain soit-il ».
Il a aussi évoqué la question du grand emprunt national qui devrait subventionner une partie de la numérisation des fonds patrimoniaux. Et d'ajouter : « Il n'est pas question que ce que des générations et des générations ont produit en langue française nous nous en laissions déposséder simplement parce qu'on ne serait pas capable de mobiliser l'argent nécessaire pour faire nous-mêmes un travail de numérisation ».
D'autre part au niveau européen un « comité des sages » a été mis sur pied pour réfléchir au cadre des partenariats publics/privés en matière de numérisation. Cadre auquel Google devra se plier s'il veut pouvoir participer à la numérisation de la BnF.
Le gentil flic ?
C'est d'ailleurs pour discuter de cette question que la ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a rencontré le vice-président et directeur juridique de Google, David Drummond. Si le ministre ne se montre pas du tout hostile à un partenariat avec Google books, il a tout de même insisté sur le fait que le géant américain devra être complètement respectueux du droit des auteurs et des éditeurs français.
On se souviendra que Google avait commencé à numériser sans se soucier le moins du monde de ces droits. Et que dans la nouvelle mouture de son accord avec les auteurs et éditeurs américains, il avait bien pris soin de délimiter une zone géographique à son service. Cela dit l'édition française lui reproche toujours d'avoir piraté certaines de ses oeuvres.
Finalement, si Google veut le joli contrat de la BnF, il devra trouver un terrain d'entente avec les éditeurs français. Et l'on sait que la discussion est partie sur de très mauvaises bases avec un procès en cours qui l'oppose à la SGDL, au SNE et à La Martinière.