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Le tourisme en Nouvelle-Calédonie, qui le désire vraiment?

Publié le 28 novembre 2009 par Notil

photo D.R Paysage calédonienSans doute personne aujourd’hui, comme personne hier. Voilà 20 ans que le Territoire stagne quant au chiffre de fréquentation touristique. Est-ce par volonté ou par méconnaissance? Une réponse vient immédiatement à l’esprit: les deux, mon général!

Il serait bon de parler des infrastructures et de leur fonctionnement. Certes, il existe de nombreux hôtels, gîtes et autres structures touristiques -peut-être même trop- sur un Territoire comme la Calédonie. Les infrastructures n’ont pas su se démarquer et c’est sans doute le premier reproche à faire. Nulle part au Monde, il n’a suffi de s’appeler « hôtel » ou « gîtes » pour que les touristes affluent. Nos infrastructures seraient-elles joliment décorées que cela ne suffirait pas. Les infrastructures, différentes selon qu’elles sont situées en ville ou périphérie ou en tribus, n’offrent rien de plus que ce qui se fait déjà ailleurs. Le tourisme est vieux comme les vacances et le Pays a 150 ans, ne l’oublions pas. Le touriste, lorsqu’il choisit sa destination, veut trouver ce qu’il ne trouverait pas ailleurs. Sur le Territoire, il trouvera à l’identique ce qu’il a déjà vu en d’autres lieux. Il ne suffit pas de se regarder le nombril, il faut également sortir du périmètre de la Calédonie pour voir et comprendre sans faire trop d’effort, qu’ailleurs, l’herbe, en matière de tourisme, est plus verte, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire. Les Maldives, la Réunion, Les Seychelles, l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient et même aujourd’hui certains pays de l’Est européen l’ont compris. Quant au fonctionnement de ces infrastructures, il serait bon de rappeler un principe fondamental à tous ceux qui travaillent dans le secteur hôtelier: Le client est roi. On en est loin, très loin même, lorsque l’on sait l’accueil réservé à des touristes dans de trop nombreux endroits du Caillou. Il faut bien se dire une chose, lorsqu’un touriste est déçu, il ne se tait pas lorsqu’il rentre chez lui et il ne fait part autour de lui que des manquements qu’il a subis. Les exemples foisonnent. Or une « nouvelle » destination ne peut se le permettre. C’est pourtant ce que nous faisons régulièrement. Tiens, à propos, qu’est devenue notre « tourismette »?

Pour avoir effectué un séjour d’ »études » à Fidji, il ressort que le touriste est la bienvenue en tous lieux et à tout instant. La réflexion, là-bas, tient en cette phrase prononcée par l’un des responsables-voyagistes sur place qui répondant à une question le faisait en ces termes: – Notre atout, c’est le sourire, sans lui nous sommes morts!- Et ce sourire est permanent. Tout comme le service, même après 20h!

Le touriste veut profiter au maximum de ses quelques jours de congé et découvrir des charmes qu’il ne soupçonnait pas. Mais il y a, pour ce qui nous concerne un problème de taille. C’est l »image qu’il a du Territoire qu’il va visiter. L’image de notre caillou est trop souvent synonyme de conflit. Cette image est celle la plus souvent montrée par les médias à l’étranger, en télévision et sur papier. Pour s’en convaincre, il suffit de taper « nouvelle-calédonie » images sur un moteur de recherche. Il y a de très nombreuses images de paysages, qui auraient tout aussi bien pu être prises ailleurs, et quelques images chocs des « forces de l’ordre » lors de divers conflits territoriaux. Ce sont ces images « choc » que retiendra l’éventuel touriste. Et là, il n’est peut-être pas stupide de soulever le problème de nos médias. Quel rôle peuvent-elles jouer pour modifier cette image?

La cherté de la destination est un véritable handicap mais, à ce jour, rien n’a vraiment été fait pour que le coût de la destination diminue sensiblement. Il existe trop d’intérêt pour certains au détriment des autres. Les compagnies aériennes qui ont tenté de s’installer sur le Caillou se sont vues remercier-c’est un euphémisme- ou ont été accueuillies par des grèves sous des prétextes aussi vaseux que l’emploi local. A l’île Maurice, lorsqu’il s’est agi d’intervenir dans le domaine du tourisme, le « Ministre du tourisme » a clairement annoncé que c’est l’ouverture du ciel qui a permis au tourisme de s’envoler. Air Mauritius qui, précédemment à cette ouverture avait le quasi-même statut que notre compagnie aérienne, s’est trouvé dans l’obligation de « se sortir les doigts du c… » devant une nouvelle concurrence. Concurrence qui a été bénéficiaire pour tout le monde, y compris pour la compagnie aérienne du cru. L’exemple de l’île Maurice est celui que je prends le plus fréquemment pour ceux qui me connaissent. D’une part parce que l’île Maurice a su profiter de la mondialisation plutôt que la subir. D’autre part, parce que j’ai une affection particulière pour cette île, ce deuxième point n’entrant pas véritablement dans ma réflexion. Nos responsables devraient y faire un tour plutôt que de poursuivre leur pérégrinations du côté du Canada. Le nickel, s’il est une valeur sûre du Pays ne le sera pas éternellement à l’instar du pétrole qui n’a plus qu’une vingtaine d’années d’espérance de vie, disons trente pour les plus optimistes.

Pour l’exemple, alors que l’on n’a de cesse de nous parler de toucher de bâteaux qui restent intéressant pour les populations qui les accueuillent, on oublie de nous mentionner que les boutiques de ses bâteaux regorgent de produits « locaux » qui sont vendus moins chers qu’à terre. Lorsqu’un bâteau touche terre le week-end à  Nouméa, que se passe-t-il? Rien! Parce que les commerces sont fermés! La encore, la question d’une ouverture a été posée à maintes reprises mais les commerçants ne voient pas l’utilité d’ouvrir un week-end, préférant sans doute l’intérêt particulier à l’intérêt général. Or, il en est en matière de tourisme de l’intérêt général. Mais pour ce qui est des « fermetures » un autre point peut être soulevé. Le transport: Qui n’a jamais vu un touriste attendre un transport en commun le week-end? Il n’y a rien à en dire de plus. La question suffit à elle-même.

A cet instant, il est prudent de mentionner que des solutions existent et que des propositions réelles peuvent être faites. Sans avoir la science infuse, j’en sais certaines, facilement applicables. Et là, le retour à l’introduction. Soit ces solutions sont connues et non appliquées volontairement, soit elles sont inconnues de ceux qui ont la charge du Tourisme.  De ces propositions, il en sera question plus loin, libre à ceux qui les liront de les contrer… Ou d’en profiter.

De ce que le touriste voit lorsqu’il entre dans Nouméa, il y a également à redire. Ce ne sont pas les fumées de la SLN qui le convaincront qu’il est arrivé sur l’île la plus proche du Paradis. Ni les constructions à foison. Le béton a submergé la ville, doucement au fil des années -défiscalisation, surpopulation à Nouméa dûe en grande partie à un exode vers la cité… – et le touriste apprécie sans nul doute, les immeubles en construction et les tours qui se dressent de-ci de-là dans la ville. Or là encore, il existe de simples solutions qui ne grèveront pas le budget des entrepreneurs pour peu qu’ils ne tirent plus sur la ficelle.

Il serait intéressant à cet instant de s’interroger sur les motivations du touriste. Vient-il ici pour trouver une île comme des centaines d’autres de par le Monde où cherche-t-il à voir la petite France? C’est peut-être la question à lui poser.

Prenons le cas des Japonais qui, rappelons-le, ne connaissent pas les vacances dont nous bénéficions. Tout le monde sait qu’ils sont friands de découvertes. Nous avons tout ce qu’il faut pour les satisfaire. Tout! Le dépaysement le plus complet et une brousse enchanteresse, mais nous n’avons pas la même mentalité. Le Japonais est quelqu’un de précis. Le qualificatif est voulu parce qu’il correspond le mieux à la personnalité japonaise. Le Japonais est ponctuel, ouvert mais également difficile sous un air jovial. Pour le Japonais, la Nouvelle-Calédonie est la France ou du moins sa réprésentation. Or rien de ce qui est la France ne transparaît lorsqu’il est chez nous sauf bien évidemment la langue. Quant aux Anglo-saxons, leur mentalité est encore différente. Les Pays qui vivent du Tourisme savent qu’il est primordial de s’adapter aux touristes et non le contraire entendu trop souvent ici.

Puisque nous en sommes à parler « langue » combien sont ceux qui peuvent répondre aux touristes qui nous visitent, que ce soit en Japonais, ou ne serait-ce qu’en Anglais? Un tout petit effort serait le bienvenu. Là, où nous représentons bien la métropole c’est dans cette incapacité à parler plusieurs langues. Les différents offices du Tourisme se débrouillent plutôt bien et les « grands hôtels » également mais les autres, toutes les petites infrastructures du caillou, y compris les restaurants de la place?!

Il serait vain d’énumérer les manquements de notre tourisme tant il y en a. Venons-en à quelques solutions qui si elles peuvent sembler originales n’en sont pas moins sérieuses.

Tout d’abord, l’internet, ce qui peut sembler surprenant. Tapez  » tourisme en Nouvelle-Calédonie » et vous obtiendrez grosso-modo, suivant le moteur de recherche, 950000 réponses, tout confondu, tapez maintenant « île Maurice » et vous obtiendrez pas moins d’1M500000 résultats. Je sais, j’y reviens encore à cette île mais si vous vous y intéressez, vous comprendrez aisément pourquoi.

Ensuite, l’image in situ de Nouméa lorsque l’on arrive. Il suffirait simplement d’un trompe l’oeil pour que la vue de l’entrée de la ville soit transformée du tout au tout. Les cheminée de la SLN peuvent tout à fait se fondre dans le ciel en partant de bas en haut d’un vert brousse vers un bleu ciel nuageux. A l »identique pour ce qui est de ces deux tours à hauteur du rond point. Je n’ai pas inventé le trompe-l’oeil et il suffit de se rendre aux Etats-Unis pour comprendre à quoi je fais allusion.

Si le touriste cherche en Nouvelle-Calédonie la petite France, il suffirait -puisqu’il y a du terrain- de construire un centre d’attraction représentant la France et ses DOM-TOM ou Territoire en miniature, comme cela se pratique déjà ailleurs. Le touriste serait, sans aucun doute ravi de se faire prendre en photo près de l’Arc de Triomphe ou la Tour Eiffel ou encore la Poule de Hienghene et le Centre Djibaou. Ce n’est pas une plaisanterie! En plus nous serions les premiers à proposer toute la France dans le Pacifique! Qui plus est, ce serait source d’emplois locaux. De l’emploi avant ouverture et après. Pour ce qui concerne la rentabilité annuelle de ce centre ludique, une idée qui en vaut une autre mais qui a au moins le mérite d’être dite: Le prix du billet Aircalin serait augmenté de 1000 francs. A ce billet serait systématiquement joint un bon de réduction de 50% offrant aux visiteurs la possibilité, dès l’achat de leur billet d’avion, de visiter ce lieu. Sur place au lieu de payer 1000 francs l’entrée il ne paierait que 500f. le calcul est simple et je vous le laisse faire à hauteur des 100000 touristes qui nous visitent actuellement. Il pourrait en être de même pour le centre culturel J-M Djibaou. Au point où nous en sommes, 1000 francs de plus ou de moins?!

Pour ce qui est du commerce local, une simple mesure de réduction des charges ou un accompagnement permettrait aux plus réticents d’ouvrir certains week-end. Là, c’est sans doute plus compliqué à mettre en place et il serait plus judicieux d’obtenir plus d’explications de la part d’une autorité compétente.

Enfin, parce qu’à l’évidence, les « solutions » ne seront pas toutes exposées ici, pour ce qui concerne la publicité, il serait peut-être plus judicieux d’offrir un  voyage pour deux personnes, tout compris, sur Télé 7 Jeux. D’une part parce que le voyage ferait la couverture de ce mensuel, d’autre part parce que ce mensuel -comme son nom l’indique- est visible dans toutes les librairies métropolitaines pendant un mois. Même ceux qui ne l’achètent pas le voient. Il est faux de croire que le tournage d’un téléfilm ou film est la panacée. Au mieux cela crée quelques emplois locaux pour une durée déterminée. « Foudre » n’a jamais incité personne à venir en Calédonie. Cà, c’est pour la métropole mais il existe aujourd’hui des pays émergents qui ne demandent qu’à se voir offrir une destination nouvelle. Et la crise a bon dos. L’année dernière il n’y avait pas de crise et pas plus de touristes!

Il ya aussi, peut-être une autre solution -mais c’est la dernière dont je parlerai ici-. Lorsqu’un VIP se déplace, il aime se retrouver dans un endroit où il peut se ressourcer -du moins le pense-t-il-. Nous avons des îles et du terrain – pourquoi pas la Brousse, en y impliquant tout le monde? Pourquoi ne serait-il pas envisageable que soient construits ici ou là, des domaines privés où ces VIP fortunés, au-delà de ce que l’on peut imaginer, viendraient se reposer. A titre d’exemple, Bruce Springsteen ou Madonna sont sans cesse, via leurs agents, à la recherche d’endroits paradisiaques, insolites et inconnus. Ils achètent ou louent à l’année et ne viennent qu’une semaine ou deux. A l’évidence, ils ne sont pas les seuls et ce ne sont que des exemples mais il suffit de savoir qu’en permanence des « envoyés » sillonnent le Monde pour le compte de riches clients à la recherche de tels endroits pour peut-être faire une recherche plus approfondie. Il est tout aussi certain qu’un service sans faille est nécessaire mais une formation n’a jamais tué personne. Pour en terminer avec le VIP, il n’est pas inutile de mentionner que certains d’entre eux n’hésitent pas à payer la totalité des chambres d’un  hôtel de prestige lorsqu’ils se déplacent, simplement pour être au calme.

La panacée n’existe pas en matière de « tourisme », la volonté par contre, si! Il faut une réelle volonté pour que demain plus de 100000 touristes nous visitent. Nos élus et tous ceux qui sont concernés ont du travail sur la planche. Il est possible de s’en donner les moyens. Encore faut-il que la Nouvelle-Calédonie cesse de penser que le Nickel est la réponse à tous nos problèmes. Encore faut-il que d’aucuns acceptent de modifier leur mentalité et çà, ce n’est pas gagné! Et Nouméa n’est pas le centre de la Calédonie. La Brousse et les Province Nord ou Îles ont aussi leur carte à jouer.

Quelques efforts sont à faire, efforts qui peuvent s’avérer payants à moyen terme. J’en arrête là pour avoir déjà été trop long. mais je reste à la disposition de quiconque voudra en discuter.


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