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«Les routiers sont sympas» ! De la dinde ou un oursin dans le caviar du réveillon ?

Publié le 11 décembre 2009 par Kamizole

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La question reste posée ce vendredi 12 décembre 2009 : Y aura-t-il grève des chauffeurs routiers ? Négociations de la dernière chance pour les routiers. En effet, depuis plusieurs jours cinq syndicats de routiers - CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC - menacent de bloquer les plates-formes logistiques des grandes surfaces – à partir du dimanche 13 décembre à 21 h 30 - faute d’obtenir des augmentations de salaires… Ils ont amplement raison et auraient grand tort de s’en priver : donnez-moi un exemple – un seul me suffira – d’une grève qui en même temps n’aurait gêné personne – Etat, patrons, consommateurs et/ou usagers des services publics – et permis néanmoins aux grévistes d’obtenir satisfaction.

En langage politique et syndical on appelle cela “rapport de forces”… C’est ce que dit précisément Maxime Dumont, secrétaire général de la CFDT transports et porte-parole de l’intersyndicale : «si la grève ne perturbe pas, ça sert à rien. Notre président a dit qu’il ne voyait pas les grèves, mais celle-là, il va la voir».

Selon ce que je lis sur 20 minutes 73% des Français soutiennent la grève des routiers… Enfin, ce sont surtout les personnes de gauche (84 % contre 56 % chez les sympathisants de droite) ce qui n’est guère étonnant. Mais avouez qu’il y a de quoi : ils réclament une revalorisation salariale faramineuse : une hausse de leur salaire horaire de 9,16 à 10 euros… Pour mémoire, le Smic est passé à 8,71 euros au 1er juillet 2009. Les moins bien payés – la profession est paupérisée – et sans doute les plus nombreux ! ne perçoivent donc que 45 centimes de plus que le SMIC… Pour un métier difficile.

Le patronat – la puissante FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) - assez jusqu’au-boutiste juge Maxime Dumont, ne veut rien entendre et propose «une augmentation de 2 % sur les bas coefficients et de 1,5% sur les hauts» au lieu des 10 % réclamés par les syndicats, oubliant toutefois de préciser qu’il n’y a pas eu de revalorisation salariale depuis… 2 ans.

En outre, la FNTR souhaiterait une aide de l’Etat dans la mesure où les patrons se plaignent l’aggravation de la fiscalité : la taxe sur les poids lourds – laquelle n’interviendra qu’en 2012 ! – et de la taxe carbone mais, affirme Dominique Bussereau, ministre des Transports «il y aura un remboursement partiel assez important pour les routiers».

On peut appeler ça “crier avant d’avoir mal” ! Ils ne valent guère mieux que les bistrotiers et les restaurateurs… avec la TVA à 5,5 %. Peau de balle pour les con…sommateurs et queue de chi pour le personnel : quelques clopinettes concédées la veille de l’expiration du délai qui avait été accordé pour les négociations salariales.

Pas question de remettre la TVA à 19,6 % comme le souhaitaient certains parlementaires, y compris de l’UMP : «tant qu’il sera président de la République» Nicolas Sarkozy le refusera avec la dernière énergie. Pensez donc : c’est son fonds de commerce électoral !

Les syndicats semblaient jusqu’à présent satisfaits des discussions avec Dominique Busserau – lequel a nommé 3 médiateurs et propose un calendrier Bussereau poursuit ses efforts pour éviter une grève des routiers (Libération) avec deux types de discussions, la première sur le court terme, pour régler les problèmes salariaux – Dominique Bussereau est bien optimiste : il espère aboutir à un «un accord de bonne volonté réciproque» d’ici la fin de la semaine et éviter ainsi la grève ! La seconde qui porterait sur les problèmes de fond de la profession. Je ne saurais dire si la «bonne volonté» résistera du côté de la FNTR si les routiers ne maintiennent pas la pression.

Oriane Raffin envisageit plusieurs hypothèse dans un article de 20 minutes Grève des routiers: Peut-on encore désamorcer la bombe ?, le scénario le plus plausible étant qu’il n’y aura aucune avancée d’ici le 10 décembre – Thierry Douine, président de la CFTC Transports prévenait qu’à partir de cette date, «ils refuseront de négocier pour préparer le mouvement» - et que «le blocage des centrales d’approvisionnement oblige ensuite la FNTR et l’Etat à réagir en raison des conséquences économiques du mouvement».

En effet, toujours sur 20 minutes Une grève des routiers menace le menu du réveillon «Un camion de marchandise bloqué, c’est un camion perdu pour nous car nos produits ne peuvent pas être stockés», a raconté au Parisien Jean-Paul Meyronneinc, délégué général de l’Union nationale du transport frigorifique (…) «en cas de rupture d’approvisionnement de quatre ou cinq jours, les repas de Noël seront compromis.»;

D’autant qu’un autre article démontre que dans les grandes enseignes, les stocks ne sont que de trois jours. C’est une conséquence de la tendance au “zéro stock” et du fonctionnement des entreprises en “flux tendus” à la mode depuis les années 80, pour diminuer les coûts de stockage.

Hier après-midi, les organisations syndicales ont claqué la porte. Bussereau proposait 100 millions d’exonérations de la fameuse et inepte “taxe carbone”. Mais cela n’était pas suffisant pour les organisations patronales. Bussereau est revenu avec une bien meilleure proposition : un joli “cadeau de Noël” : un dispositif “pérenne” qui exonérerait chaque année de 100 millions d’euros les charges sociales.

Voilà bien de quoi réjouir les patrons du transport de marchandises ! Les bas salaires persisteront – pour le transport international ils évoquent la concurrence étrangère – et les profits des plus gros transporteurs s’envoleront. Quant au “trou de la Sécu” il n’est pas prêt d’être comblé, sachant que malgré les promesses de Woerth remontant à 2007, l’Etat ne comble toujours pas le déficit dû aux exonérations de charge.

Je suis de longtemps persuadée que l’ultime rêve du patronat serait même encore plus fou : que l’Etat prenne en charge tous les salaires : nationalisation des coûts salariaux, privatisation des charges… Credo de l’ultralibéralisme.

A l’heure actuelle, il ne reste plus qu’une seule organisation patronale à la table des négociation, - TLF – qui représente ais-je entendu sur France Info 40 % des entreprises mais un effectif de 60 % des salariés. Son représentant refuse que les salariés les mieux payés soient augmentés de 4 % et propose 3 %.

Je ne saurais dire à l’heure actuelle si un accord suffisamment satisfaisant pour les syndicats sera trouvé. Il restera que quand bien même serait-il paraphé par les représentants syndicaux, un accord peu satisfaisant pourrait être rejeté par les chauffeurs routiers. Ils seraient par ailleurs rejoints par les producteurs laitiers, en guerre depuis l’automne contre les grandes surfaces et les grandes marques du secteur.

Plus qu’aujourd’hui “à chaud” au sortir des négociations, il me semble donc bien que nous devrons attendre dimanche soir pour savoir s’il y aura de la dinde – ou d’autres victuailles – au réveillon de Noël…Ou si vous trouverez plutôt un «oursin dans le caviar». Les routiers sont sympas comme disait naguère Max Meynier mais ils ne connaissent pas les bonnes manières

:)
. Joyeux Noël quand même !


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