En cette période de crise où les ménages payent pour les folies spéculatives des banques et autres réassureurs, tout un chacun doit composer et s'organiser dans sa vie quotidienne pour faire des économies.
Le dire c'est bien, le faire, c'est plus difficile. Sachant que les postes logement-chauffage-transports engloutissent déjà 39% de nos revenus (INSEE 2006) et que, par ailleurs, nous avons déjà baissé au maximum notre poste alimentation (13,7%), les marges de manœuvre se réduisent dangereusement.
Ne restent finalement, parmi nos grosses dépenses, que celles liées aux " autres biens et services " dans lesquelles figurent en bonne place les nombreux passages de madame et monsieur au salon de coiffure ; elles constituent donc un véritable levier d'économies, aujourd'hui insuffisamment exploité. Petit panorama de " l'offre coiffure " actuelle...
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Une offre de coiffure segmentée mais somme toute complémentaireNous éliminerons d'entrée la tondeuse (prix moyen 30 €) qui n'est pas écologique et qui ne correspond pas à une prestation de main d'œuvre qualifiée. Dès lors, restent sur le marché disons cinq grandes catégories de coiffeurs que nous allons rapidement présenter, et volontairement, de manière caricaturale (en espérant ne pas heurter la sensibilité de mes collègues rédacteurs) :
Michel F. : c'est le coiffeur de ces dames et messieurs, l'artisan de proximité, du quartier ou de la place du bourg. Son tarif est la valeur étalon du secteur, correspondant à une prestation des plus classiques (la fameuse raie sur le côté de monsieur, soit plaquée soit en vaguelette, la permanente ou le brushing de madame, la couleur-violette-de mamie). En temps de crise, il est perçu par les clients comme " un peu cher tout de même ",
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Eric et Steve : présents essentiellement dans les quartiers bobos et dans les hyper-centres de grandes villes, ils customisent la décoration et l'ambiance de leur salon (fauteuils en cuir old style, objets design, petit toutou, etc....) et en font un lieu de nouvelles coupes de cheveux expérimentales et de nouvelles expériences pour le client. La clientèle est plutôt jeune et masculine ; les tarifs sont horriblement élevés mais nous sommes ici dans la haute couture du cheveu et de la barbe.
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Sylvie, Véronique, Christine et toute leur équipe, qui vous accueillent et travaillent pour des réseaux franchisés. En tenue imposée, le plus souvent moulante, parfois même vulgaire (les clients mâles se rincent alors bien l'œil), elles proposent les créations de leurs mentors-patrons, des as du ciseau ayant coiffé les plus grandes stars. Vous les connaissez, ce sont Jean-Louis Davis, Franck Provost, Jacques Dessange, Jean-Claude Biguine, Saint-Algue... Chez eux, tout est possible, du pire au meilleur. Une constante : le prix, plutôt cher, et des petits bonus (l'expresso en capsule offert qu'on sirote avec le petit doigt relevé, les magasines people en abondance pour patienter pendant la couleur...).
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Mourad et Faruk : ce sont les coiffeurs du quartier, avec clientèle presque exclusivement masculine. Ils manient la tondeuse et le rasoir à merveille, ils sont de loin les plus rapides et les moins chers. Mais niveau style, c'est soviétique, ou bagnard, au choix : on ressort avec la même coupe que le client précédent et globalement, il faut s'attendre à avoir le poil ras (adolescents à tartelette s'abstenir).
Conclusion : pour faire des économies, difficile de ne pas sacrifier la qualité...
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Heureusement le low cost est là ! Bah oui, le low cost, sorte de synthèse des prestations de Faruk, Sylvie et Michel existe ! Bien sûr, tout est un petit peu moins bien, le low cost vise le 10 sur 20 partout, plutôt que l'excellence dans un domaine spécifique. Une enseigne monopolise ce créneau depuis une quinzaine d'années, c'est Tchip. C'est aujourd'hui LE low cost identifié et dans leurs salons, Cyndi, Sabrina et Jeff, qui viennent d'avoir leur diplôme, vous coupent les cheveux pour des forfaits allant de 19 à 49€ euros, plutôt vite, et parfois bien.Mais l'enseigne, et son président Franck François, semblent désormais se complaire dans le concept et son logo guimauve, qui rappelle furieusement les années 1990. Moteur il y a 15 ans, Tchip et ses patrons sont désormais repus et baissent leur garde au moment même où un vent nouveau de coiffeurs originaux voit le jour, tous aussi intéressants les uns que les autres.
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Le salon de coiffure du futur arrive !Deux concepts paraissent aujourd'hui des plus prometteurs :
Le premier c'est celui de LV Center, qui ose proposer un forfait coiffure à volonté, pour 25 euros par mois (avec engagement minimum de 6 mois). Et plutôt que de se satisfaire de ce coup de tonnerre, LV concept enfonce le clou et ajoute l'option forfait vernis à ongle illimité pour 15 euros par mois ! ILLIMITE !!! Le second est américain, il s'appelle toohotties. Le principe est simple : on cible les hommes et on leur présente de (très) jolies coiffeuses habillées (très) court, comme chez Hooters, pour une prestation de coiffure, de rasage de barbe et de polissage de pompes.En gros, et en clair, on va se faire couper les cheveux et on se rince l'œil, voire on dragouille, et ce, de manière tout à fait autorisée puisque c'est le concept même du salon !
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ConclusionLe monde de la coiffure change, les lignes bougent, et ce n'est qu'un début. Pour être synthétique et vous donner de la lisibilité, deux grandes tendances se dégagent :
D'abord, celle du concept d'offre illimitée : comme pour les opérateurs de téléphonie mobile, moyennant un engagement sur la durée du client (fidélisation), vous pourrez aller vous faire coiffer autant de fois que vous le souhaitez,
Ensuite, celle de l'offre globale : coiffer ne suffit plus, il faut aussi être visagiste, faire les ongles, et plus globalement, apporter du bien être (massage ?) et de la beauté (lifting ?)...
Au moment où j'écris ces lignes, il est sûr que le salon de coiffure du 21eme siècle n'existe pas encore véritablement, il se cherche. La profession innove, on voir des embryons du salon de coiffure du futur, ce fameux salon où où humains et machines, coupe et services personnalisés feront le bonheur du client-roi et tout ça, à un tarif acceptable...françois