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Pour une sociale écologie...

Publié le 13 décembre 2009 par Dominique Lemoine @lemoinedo

Il y a encore quelques années, tout semblait relativement simple : la croissance économique, érigée en Déesse des temps modernes (de l'économie) était au rendez-vous, les Cassandres entrevoyant la crise mondiale à venir étaient rares et les écologistes préchaient dans le désert.
Juste quelques alertes venaient ternir le bel optimiste. les points délicats étaient le prix du baril de pétrole qui rappelait, par épisodes, que la planète était un monde fini et une modification de notre climat commençait à pénétrer les esprits.
Cependant les solutions étaient là : les "greentech" et "cleantech" développées dans la Silicon Valley étaient là pour nous tirer d'affaire.
Des changements étaient à prévoir certes, une autre croissance plus vertueuse et créatrice de richesses allait prendre le relais et le capitalisme pourrait être progressivement repeint en vert...
Tout d'un coup, patatras !
Plusieurs crises semblent venir simultanément perturber notre bonne assurance : crise financière, crise économique, crise énergétique, crise économique, crise sociale et plus globalement une crise sociétale.
Nous sommes donc à un tournant qu'il faut prendre avec réflexion, courage et assurance.
Les crises actuelles poussent tous les gouvernements à parier des milliards de dollars sur une autre forme de croissance, une croissance verte plus vertueuse, créant des milliers (millions) d'emplois qui devrait nous "sortir" rapidement de ce mauvais pas.
Mais, dans le même temps, rien ne semble être fait pour changer véritablement de paradigme dans les faits et on a bien l'impression que toutes les actions entreprises n'ont pas pour objectif de construire un autre monde mais de sauver le soldat PIB que l'on associe à l'emploi.
Dans le monde entier, les plans "Verts" se multiplient à l'infini.
Aux Etats-Unis, l'administration entend créer entre 450 000 et 500 000 emplois verts dans un premier temps (4 fois plus à terme) en injectant une centaine de milliards de dollars.
Le gouvernement Chinois prévoit une enveloppe de 440 milliards de dollars pour créer des centaines de milliers d'emplois dans les domaines de l'énergie solaire et éolien. En moins de 3 ans, la Chine est devenu leader mondial dans la production de cellules photovoltaïques alors qu'elle était pratiquement inexistante dans ce domaine. Son développement est actuellement tiré par les exportations, le marché intérieur  chinois devant se développer par de fortes subventions dans les années à venir.
En France, le gouvernement a prévu, suite au Grenelle de l'environnement, de débloquer des fonds permettant de développer 535 000 emplois verts d'ici 2020.
A ces données, on peut rajouter 1 million d'emplois verts prévus en Corée, 1,5 millions annoncés au Canada et 500 000 prévus en Grande Bretagne.
Une question se pose alors : la croissance verte a-t-elle une chance de s'imposer ?
De nombreux indicateurs montrent que nous sommes parfois dans des effets d'annonce. selon une étude de HSBC publiée par Terra Eco, seulement 15,6% des 2100 milliards d'euros dépensés à travers le monde en subventions, réductions fiscales et mise en place dans les plans de relance ont véritablement des objectifs "verts".
La croissance verte relève-t-elle alors d'un pur plan de communication pour faire le dos rond en attendant que tout redemarre comme avant ?
Mais la croissance "verte", ne relève-t-elle pas d'un oxymore ?
C'est un peu le sentiment que l'on peut avoir en lisant le livre de Bertrand Méheust "la politique de l'oxymore". Ce livre, extrêmement intéressant mais trop pessimiste à mon goût pose une question importante : "les démocraties modernes possèdent-elles les ressorts nécessaires pour prévenir et affronter la catastrophe écologique due au changement climatique";
La question est donc de savoir si la démocratie résistera aux assauts des contraintes que nous imposera le changement climatique (énergie, eau, nourriture, tempête..).

Les pessimistes mettent l'accent sur le caractère irréversible des effets de seuil. Les optimistes insistent sur le génie humain et notre capacité d'adaptation ainsi que sur la capacité de regénération de la nature.
Il faut être conscient des dangers sans tomber dans l'un et l'autre des caractères. La solution passe avant tout par un audit sérieux de la situation et par le rejet de la pensée unique et du scientisme.
Il faut changer, c'est certain, changer nos références, ne plus se laisser gouverner par le sacro-saint PIB qui a doublé en 20 ans alors qu'un cinquième de la population mondiale ne partage que 2% du revenu mondial.
Le PIB nous rend aveugle en oubliant d'intégrer des paramètres importants comme les atteintes à l'environnement, aux vivants, aux ressources non renouvelables (énergie, minerai), à la destruction des forêts, la raréfaction de l'eau, la minéralisation des terre arables..
Il oublie également la chose principale : l'homme et son bien être...
C'est tout le combat mené par l'association NoPIB qui milite pour remplacer le PIB par d'autres critères, un critère composite comme par exemple le Bonheur intérieur brut (BIB), l'indice de développement humain..
Nous le voyons, nous sommes à un carrefour, à nous de prendre la bonne direction, de ne pas continuer tout droit comme si de rien n'était.
C'est le moment de développer une autre civilisation où l'homme a toute sa place. Pour ce faire, cette société ne peut se baser que sur la croissance verte qui se décline en terme de solidarité.
C'est donc une sociale écologie qu'il faut mettre en place afin d'unir dans un destin collectif économie, écologie et emplois.
Dominique Lemoine

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