Magazine Journal intime

wellington, du vent dans les voiles mais pas que

Par Simplybrice
Je n'peux presque pas marcher.
La s'melle presque pas décoller.
Hier j'ai trop gambader,
Alors je boite.

Pas grand chose à faire en cette journée clopin-clopante où malgré mes sensations victorieuses de la veille quand je toisais le Mont Doom, je suis encore à sa merci aujourd'hui. Frodon avait raison, peut-être aurais-je dû rester dans la Comté.

Attendez. Qu'est ce qui m'arrive? On reprend.

J'ai beau avoir les cuisses qui tirent la tronche, mentalement, je suis sur mon 31. Le Mont Doom a vu à qui il avait à faire, à deux reprises qu'il s'est couché devant son maître. Pas fiérot le Mont Doom d'avoir été dressé comme un tigre de piste aux étoiles, montrant les dents pour épater le public avide de sensations fortes mais docile comme un caniche une fois les cartes "famille nombreuse" rentrées chez elles.
Il en a pris tellement plein la pente le Mont Doom que s'il me prenait d'y retourner ce jour, je l'imagine bien s'aplatir pour me voir repartir plus vite. En fait, c'est le soulagement qui doit prévaloir dans sa tête rocailleuse de me voir prendre le bus pour Wellington à six heures de route.

C'est mieux...

Arrivé à Wellington, en comparaison avec les tailles modestes de Roturua et de Taupo, c'est le retour à la civilisation. Enfin une ville où toutes les enseignes ne sont pas que Mc Do' et Pizza Hut. Enfin une ville où on compte plus de deux piétons par rue.
Ma première sensation en laissant le bus derrière moi n'est qu'une confirmation du surnom de Wellington, "Windy Welli'", qu'on pourrait traduire par Welli' la venteuse. De derrière les vitres, impossible d'en prendre la pleine mesure mais dès qu'on se retrouve de l'autre côté en proie aux rafales, je suis un cerf-volant luttant comme un fou lorsque, mon barda sur mes épaules, celles-ci arrivent en sens contraire. A Wellington, tout le monde est un M. Jackson en puissance,  il suffit de se tenir droit face au vent et de se pencher en avant. Pour un peu, la gravité n'a tellement plus d'importance que je pourrais toucher le bitume du bout du nez pour remonter en laissant le vent s'engouffrer sous mon corps en suspension. Mais n'essayons pas, j'ai promis à ma grand-mère d'en finir avec les chutes qui mettent en danger un physique héritier d'une longue lignée de poitevins charpentés.
A la place, je me contente de me rendre à ma nouvelle maison éphémère, une GH située non loin de la mer, non loin des collines, non loin du centre, emplacement parfait.

Il est 20h et le soleil est encore assez haut dans le ciel austral. Personnellement, je laisse les autres en profiter. Après une nouvelle mission de type supermarché, je m'équipe de l'équipement complet du dévoreur de sandwishes trop feignant pour faire cuire des pates.
Ne laissant aucune chance aux ingrédients d'entrevoir la date de péremption, je me remplis la panse avant de laisser le lendemain surgir au matin d'une nuit au sommeil lourd comme ma démarche encore marquée des stigmates de la veille.


J'ouvre les yeux, c'est l'évidence, je n'ai pas besoin de regarder la montre que je n'ai pas pour me rendre compte que marler de matinée est à la limite du galvaudage voire du foutage de gueule. A l'extérieur, le temps est idéal quand on est un escargot pas une marmotte. Il pleut et j'ai la motivation qui bat de l'aile.
Ma seule préoccupation en terme d'activité : le remplacement de ce que je ne peux déjà plus appeler mes chaussures tant elles font de la peine et tant j'ai presque honte de sortir avec.
Ne m'équipant que de courage plutôt que de dignité, je quitte alors mon refuge pour me tremper les chaussettes une dernière fois. Quelle veine que tout soit trempé!! A la limite, j'aurais eu plus vite fait de sortir pieds nus, c'eut été aussi efficace en terme d'étanchéité.
J'entre dans une première boutique. En bon client exigeant, rien ne me correspond. Il faut comprendre quand même que ne faisant des achats qu'à l'extrème limite du nécessaire, mon choix a tout intéret à être le bon au risque de devoir user jusqu'à la corde pendant de longues années un vêtement que je porte mais pas dans mon coeur, ou au contraire au risque que ce, par exemple, pantalon en velour côtelé ne voit jamais la couleur du jour au contact de mon fessier soyeux.
Ces derniers temps, en guise de botillots, rien ne me va plus que des adodos. Ce sera ça ou rien, sachant que rien, ça veut bien dire ce que ça veut dire quand je regarde les loques dans lesquelles je me déplace.
Une deuxième boutique. Toujours pas.
Une troisième boutique. Banco!!

A ce stade, mes chaussettes, même si elles sont propres du jour ou de la veille, ont de chatoyants reflets de serpillères. Leur couleur blanche à l'état sec a viré au gris trottoir, j'ai de la peine pour la jeune femme qui se propose de m'aider.
En cinq minutes, pas une de plus, l'affaire est dans le sac, plus une expression tout court qu'une expression de la réalité, mes anciennes souillures étant restées au magasin qui n'a pas fait une affaire et mes nouvelles chaussures rutilantes rendant grace à mon pas délié trop heureux de rester au sec!

De retour de croisade dépensière, alors que je m'efforce de faire rétrécir mon stock de pain en tranches à défaut de baguette pas trop cuite, je rencontre Ram, un brésilien au sourire tellement facile que j'accélèrerais bien le cours du temps pour rentrer au pays du carnaval un peu plus vite. On s'entend tout de suite. Les vannes fusent. On croirait qu'on se connait depuis dix ans.
La fin d'après-midi détale à toute vitesse. La soirée idem. Le fait d'être à Wellington étant dand le cas présent un facteur "aggravant" en ce sens que, comme dans toutes les villes néo-zélandaises, la proportion de bar par habitants laisserait même la Belgique loin derrière. On a beau les enchaîner, il y en a toujours un autre quelques mètres plus loin pour nous interdire de faire demi-tour. C'est qu'il faut profiter de chaque instant d'autant plus que Ram a 24h d'avance sur moi et quitte la capitale dès le matin suivant, le bateau pour rejoindre l'île du sud n'attendant pas.
Sa réservation a beau être à 8h30 du matin, ça ne nous empêche pas de rentrer tanguant à 3h. Insouciance, insouciance... Provisoire pour lui, plus durable pour bibi.

Nos aux-revoir sont aussi chaleureux que nos bonjours. Il y a de grandes chances que nos chemins se recroisent dans les semaines qui viennent donc les adieux restent dans les cartons. Je ne peux juste pas m'empêcher de lui souhaiter bonne chance pour le réveil tant celui-ci promet de ne pas valoir son déplacement. Il devrait proroger, voilà ce que j'en pense.


Mais, le lendemain, quand j'émerge et décolle ma tête marquée au fer blanc par l'oreiller, renseignement pris à la réception, Ram a levé le camp, chapeau bas!!
En ce qui me concerne, cette journée de dimanche, car c'est dimanche, a pour vocation d'être ma seule journée de découverte intensive d'autre chose que des bars qui jonchent les rues.
Je me convaincs qu'il serait souhaitable pour ne pas dire nécessaire que je me bouge la couenne. Pour commencer, depuis ma fenêtre de dortoir perchée au deuxième étage, j'aperçois une église juchée sur une colline dont la vue devrait valoir son pesant de crapahute. Je suis parti.
Je me rend alors vite compte qu'aujourd'hui, comme quasiment partout en terre kiwi, j'ai bien fait de ne pas louer de vélo. Tout n'est que montées et descentes qui feraient passer la Butte Montmartre pour la dernière des bosses. Comme je traîne avec moi les valises que j'ai bues la veille, le simple fait de prendre le bus n°11, mes deux jambes, est assez hardu comme ça pour ne pas en rajouter.
Arrivé sur le perron de l'église, j'ai chaud, je transpire, je me callerais bien quelques tartines.
Seulement, en faisant le tour de la sainte batisse, un panneau indiquant "Mount Victoria" s'interpose. De mémoire, je me souviens avoir lu dans le LP que le Mount Victoria offrait les meilleures vues possibles sur la région toute entière. N'écoutant que mon courage et négligeant la faim, je ne peux me contraindre à oublier l'information. Les nuages ont beau recouvrir têtes et couvre-chefs quand ceux-ci ne prennent pas vie emportés par les embruns, il en faudrait plus pour me décourager. En trente minutes de grimpette exclusive, je peux enfin profiter de la carotte qui m'a tiré jusque là, la vue est effectivement un balcon ouvert suffisamment largement sur les environs pour que je n'ai pas à regretter mon choix. Pendant cinq minutes. La pluie remet le couvert. Même pas le temps d'en griller une...

Comme je suis parti pas autrement qu'en T-shirt, c'est quatre à quatre que je fais défiler les mètres qui me séparent d'un toit et d'un imperméable prenant garde au passage à ne pas me retrouver les quatre fers en l'air, le chemin se transformant en une joviale patinoire à mesure que l'humidité épouse les graviers et autres étendues terreuses.

De retour précoce à la GH, je coule. Si je me croisais, je me donnerais une pièce pour avoir bonne conscience.
En attendant que déluge se fasse, je m'active à me sécher avant de poursuivre mon travail d'éradication du pain en tranches. Une heure plus tard, rien y a fait, c'est toujours la fête à la grenouille qui n'étant pas mes muses, me poussent au musée. J'y reste une heure de plus, dehors rien à changé.

Slalomant entre les flaques, j'échoue pour de bon dans la GH en me jurant que la prochaine fois que je mets le nez dehors, c'est pour quitter cette terre faîte d'intempéries. A la réception, je réserve, comme Ram la veille, un billet de bateau de bon heure et de bonne humeur pour Picton, débarcadère en chef de l'île du sud.

D'ici là, je m'installe sur mon clavier, comme une évidence...


PS : Les photos sont en pause depuis que le temps qui passe a enfin eu raison du cable reliant mon Archos à l'ordinateur. Jusqu'à l'arrivée imminente aux USA et les retrouvailles avec Madro, le MP3 est donc inutilisable. Sans rancune...
Sans rancune d'autant que j'ai oublié de te dire dans l'article sur le Tongariro Alpine Crossing que à force de me fendre le crane à dévaler les montagnes autant sur les pieds que sur les fesses, l'écran jusque là tactile du dit Archos est fendu en de nombreux endroits sur toute la longueur rendant caduque cette fonction pourtant hautement appréciable.
Comme un ouragan, qu'est passé sur moi, les pierres ont tout emporté.

PPS : Si Adidas, Archos ou Panasonic sont branchés sur A Fleur De Terre, les dons en nature sont toujours les bienvenus.
 

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