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Sarkozy : une politique économique illisible, injuste et irresponsable

Publié le 14 décembre 2009 par Hmoreigne

 A trois “i”, trois “i” et demi. Au moment où le président de la république s’apprête à dévoiler les détails de son vrai-faux grand emprunt, les critiques se multiplient de tous bords contre sa politique économique. Sans aller jusqu’à dire que les “rats” commencent à quitter le navire, force est de constater que des centristes influents prennent discrètement leurs distances avec l’UMP. Très sévère, Newsweek dans un article du 28 novembre se demande si le président français comprend quelque chose à l’économie. Pas de quoi s’en réjouir. Le sentiment est plus à l’inquiétude.

Lancer un emprunt national c’est, à un moment donné s’interroger sur le regard que porte la communauté internationale sur la situation économique française. Certes, Newsweek n’est pas la bible mais son appréciation, même si elle n’est qu’une indication, mérite qu’on s’y arrête un instant.

Les deux premières phrases de l’article de l’hebdomadaire New-Yorkais donnent le ton :”Nicolas Sarkozy, connu pour la façon dont il phagocyte ses opposants et saute de droite à gauche, est l’un des esprits politiques les plus fins de sa génération. On ne peut en dire autant de sa compréhension de la chose économique.”

La journaliste américaine, Tracy McNicoll, pose bien le problème. “La France fut l’un des premiers pays à émerger de la récession, grâce à son épais matelas de dépenses publiques. Mais ce faisant, le pays a accumulé une dette importante, et les modalités de son remboursement sont loin d’être claires.” (…) Le problème plus fondamental semble être l’absence chez Sarkozy de véritables principes économiques — l’opportunisme semble être à la base de la “sarkonomique”. “Lorsque la gauche traite Sarkozy d’ultralibéral, elle se trompe”, indique Jean-Thomas Lesueur, qui a dirigé l’étude de l’Institut Thomas More. “C’est un pragmatique. Mais le pragmatisme, c’est une bonne tactique, pas une stratégie”. Lesueur considère que Sarkozy dispose de la souplesse qui permet de remporter les batailles, mais qu’il est dépourvu de la vision personnelle qui définit, ou fait remporter les guerres, à l’instar de Ronald Reagan ou de Margaret Thatcher“.

Interrogés par Médiapart, Didier Migaud (PS) et Jean Arthuis (centriste), respectivement présidents de la commission des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, partagent globalement cet avis.

Didier Migaud évalue à près de 70 milliards d’euros les baisses de prélèvements décrétées par le gouvernementmais surtout que ces allégements ou exonérations socialement inéquitables et à l’efficacité économique souvent contestable ont gravement creusé les déficits publics et privent désormais notre pays de marges de manœuvre.

Le député de l’Isère dans les colonnes de Médiapart voit dans le grand emprunt une sorte de concentré de politique à la gribouille. “L’emprunt, c’est une modalité de financement, ce n’est pas une recette. (…)L’emprunt, il peut vous permettre de repousser les échéances, le moment de la facture, mais il ne repousse pas le montant de la facture. Et il n’allège pas le montant de la facture. Au contraire, il l’augmente. Et à un moment donné, il faut rembourser.”

L’action économique de Nicolas Sarkozy ne relève pas de la schizophrénie. Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. Nicolas Sarkozy lui en veut à l’état à ses services publics et ses fonctionnaires. Il organise à dessein, en tarissant les recettes et en multipliant les exonérations, l’insolvabilité de la puissance publique qui rendra incontournable les coupes sombres et les privatisations.

Didier Migaud rappelle à ce sujet qu’une recommandation de la Commission Pébereau, dont il était membre, “c’était de ne pas baisser les impôts tant que la situation de nos comptes publics ne s’était pas suffisamment  rétablie.”

Un diagnostic largement partagé par Jean Arthuis , toujours dans les colonnes de Médiapart. L’ancien ministre des finances met plus les formes mais estime que la politique économique de Nicolas Sarkozy “gagnerait à être exprimée de manière plus claire” et s’inquiète d’une “explosion des déficits publics“, qui va encore être aggravée par un grand emprunt qu’il juge “très étonnant“. Pire le sénateur à demi-mots juge la politique économique du chef de l’Etat inefficace en déclarant que la France n’est “pas préparée à la mondialisation.”

Courageux, Jean Arthuis regrette avoir voté le bouclier fiscal, symbole d’une politique fiscale injuste, et s’avance même à reconnaître la nécessité de l’abroger. Il va au-delà et rejoint un certain … François Hollande en considérant que l’impôt et la répartition de la charge sur les citoyens sont au cœur du pacte républicain.

Crédit photo : Wikipédia


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