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Toulouse : la fin d’un cycle ?

Publié le 14 décembre 2009 par Lben

Chronique du lundi 14 décembre 2009

Toulouse a encore perdu à Cardiff. Ce résultat en lui même n’a rien de catastrophique puisqu’en gagnant de plus de 7 points le week-end prochain, les Toulousains conforteraient leur première place de poule et seraient idéalement placés avant d’aller jouer la qualification à Sale en janvier. Mais si l’on regarde le contenu du match et surtout les 6 défaites déjà subies en championnat, il y a de quoi être inquiet pour les Toulousains.

Une préparation d’avant saison ratée :

Le Stade Toulousain a fini la saison dernière sur une défaite en demi-finale contre Clermont où les avants Stadistes n’avaient pu prendre le dessus sur leur adversaire et les trois-quarts manquaient de fraîcheur pour pouvoir imposer leur jeu. Finalement, ce match était peut-être annonciateur de ce qui allait se passer cette saison où les équipes adverses tiennent tête au champion de France 2007-2008 grâce à leurs avants et où les trois-quarts rouge et noir n’arrivent pas à retrouver la vitesse qui faisait leur force. Déjà 6 défaites en championnat alors que seulement une quinzaine de match ont été joué et l’obligation de battre Cardiff de plus de 7 points, ce qui n’est pas grand chose pour un Toulouse au sommet de sa forme mais peut-être rédhibitoire pour l’équipe moyenne qui évolue actuellement. Le moins que l’on puisse dire est que le début de cette saison 2009-2010 est poussif pour l’équipe de Guy Novès.

Quant on essaye de trouver des explications, il y a un élément qui ressort immanquablement. Si l’on reprend l’historique des dominations du Stade Toulousain sur le rugby français, que ce soit dans les années 80, 90 ou plus récemment, il y avait toujours une constante qui était d’ordre physique. Ainsi, la méthode de Robert Bru mise en application par Pierre Villepreux et Jean-Claude Skréla doit beaucoup à la préparation physique très en avance sur son temps qui permettait aux Toulousains de courir plus longtemps que ses adversaires, ce qui permettait, par exemple, de marquer des essais en prolongation d’une finale, comme en 1985 contre Toulon. Plus récemment c’est la force individuelle mise au service du collectif des avants Toulousains et surtout la vitesse de course des Heymans, Médard, Clerc, Donguy,… qui permettait de toujours prendre le dessus sur les adversaires. Le problème, c’est que ce n’est plus le cas.

Les trois-quarts Toulousains semblent actuellement incapables de battre leurs adversaires à la course à pied. Cédric Heymans en est, malheureusement, l’exemple le plus criant, lui qui est normalement capable de marquer des essais exceptionnels, même aux All Blacks, est devenu un joueur dont l’élément de jeu principal est la chandelle et le coup de pied de déplacement ! Difficile d’imaginer qu’un joueur aussi entreprenant n’ai plus aucune envie de relance sauf s’il a pris conscience que sa vitesse actuelle ne lui permet pas de prendre à défaut ses adversaires. Et ce qui est vrai avec Cédric Heymans l’est avec l’ensemble des trois-quarts Toulousains. Il n’y plus, depuis quelques semaines, de vitesse dans le jeu Toulousain. C’en est à un tel point que même la circulation de la balle est devenue empruntée.

Le problème est que les Toulousains se sont manqués lors de la phase d’avant saison et qu’ils le payent actuellement. Lors de la reprise de l’entraînement, et encore sous le coup de la déception de la fin de saison précédente, Guy Novès a choisi, contre les propositions de ses préparateurs physiques, de partir sur un cycle de travail à base d’endurance et de courses longues et répétées plutôt que d’avoir une préparation plus équilibrée qui aurait aussi pris en compte le travail de puissance et d’explosivité. Résultat, les joueurs Toulousains n’ont pas pu travailler sur ce qui est leur point fort, la vitesse, et le subisse d’autant plus que l’accumulation des matchs enlève de la fraîcheur physique. Est-ce que les Toulousains vont devoir subir cette erreur de programmation toute la saison ? Difficile à dire. La version la plus pessimiste  est de répondre par la négative au vu de l’enchaînement des matchs qui empêche de retrouver de la fraîcheur. La version plus positive tend à voir dans le travail d’endurance réalisé la possibilité pour les Toulousains d’enchaîner les matchs et de finir la saison avec une capacité physique supérieure à leurs adversaires.

Un Guy Novès moins concerné par son rôle de manager ?

Un autre élément surprenant, en ce moment, vient des réactions de Guy Novès après les contre-performances de son équipe. Lui qui a toujours été un compétiteur déterminé ne parait pas, outre mesure, marqué par la succession de contre-performances et le manque d’ambition dans le jeu de son équipe. Il s’est, bien sûr, énervé contre les matchs doublons du mois de novembre alors que ceux-ci font maintenant parti du paysage de rugby français et que Toulouse a une richesse d’effectif qui doit lui permettre de faire avec. Ce problème est réel et pose problème à un entraîneur où plus d’un tiers de son effectif est absent mais il n’est pas nouveau et les autres saisons Toulouse n’avaient jamais connu autant de défaites à ce moment de la saison, ce qui justifierait, là, un vrai énervement de la part du manager Toulousain.

Pour tenter d’expliquer une possible évolution dans le comportement de Guy Novès, il faut aller chercher l’explication en dehors du terrain. Il y a quelques semaines, le Stade Toulousain a connu une tentative de coup d’état manqué qui a vu le trésorier du club, Claude Hélias, présenter une motion de défiance vis à vis du président René Bouscatel, visant à écarter ce dernier. Ce qui aurait voulu dire que, si le coup avait réussi, Claude Hélias serait devenu président, au moins pour un temps. Or lorsque l’on sait que le dit Claude Hélias est un ami intime de Guy Novès qui est celui qui, au début des années 90, a permis son entrée dans le club, il est difficile de penser que le manager Toulousain n’était pas au courant voire impliqué dans la tentative de prise de pouvoir de son ami. On peut même émettre l’hypothèse que si celle-ci avait réussi, ses attributions du manager auraient été accrues et auraient dépassé le simple cadre du sportif. Et que donc, si c’est le cas, Guy Novès avait une vraie volonté de prendre de la hauteur et d’être moins présent sur le terrain dans la gestion quotidienne de l’équipe. Ce qui pourrait expliquer le léger flottement actuel à un moment où la déception de la prise de pouvoir ratée doit être digérée et où tout le monde, du président à l’entraîneur, doit retrouver son rôle et son statut d’avant coup d’état. Difficile alors de composer en cette période de transition.

En tout cas une chose est sûre. Au moment de basculer en 2010, Toulouse, comme tout les clubs, doit se projeter dans la décennie qui démarre et définir la stratégie qui doit s’appliquer dans les 5 à 10 prochaines années pour que, justement, le Stade Toulousain continue de maintenir son statut de club le mieux structuré du rugby français et même plus. Cela va au-delà des jambes en coton des trois-quarts mais cela passe aussi par des paires de jambes performantes pour les arrières Toulousains…


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