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Jacques Salomé : Il ne suffit pas d'aimer les arbres..

Publié le 02 novembre 2007 par Fanette

J'adore Jacques Salomé, ce sociologue philosophe, à l'heure où ce billet sera publié, je serai auprès des bois, des arbres, et si j'ai choisi de vous faire partager l'article qu'il a publié sur son blog, c'est pour relever cette homme dont personne ne parle, qui a tant de sagesse à nous faire partager.

Il ne suffit pas d'aimer les arbres, encore faut-il les entendre

Je suis, depuis le début de ma vie d'adulte, un grand passionné des arbres. J'ai une tendresse particulière à leur égard et je crois qu'ils me la rendent bien. En ais-je réellement planté quelques 16000, comme mes enfants l'affirment en ajoutant, avec ironie : « Si tu as planté autant d'arbres, c'est certainement pour te déculpabiliser des milliers d'arbres qu'on a dû abattre afin de produire les tonnes de pâte à papier gaspillées pour l'impression de tous tes livres ». Je ne le sais pas, car je ne les jamais comptés, mais je ne dois pas être loin du compte et je crois que c'est la trace la plus durable, sinon la plus visible, que je laisserai de mon passage sur terre.

Savez-vous qu'il peut arriver qu'un arbre meure subitement, comme s'il était frappé de mort violente ? Et, par analogie avec les hommes, on dit alors dans l'imagerie populaire du midi qu'il a eu "un coup de sang". Ainsi en quelques jours seulement, au bord d'une route, dans un jardin ou une forêt, on peut voir un arbre jaunir, ses feuilles sécher, se craqueler, tomber et c'est fini. L'arbre s'est laissé mourir de mal être, de lassitude ou d'un trop plein d'ennui. Certains fruitiers malades sentant certainement leur fin prochaine, peuvent quelquefois se couvrir soudain de fleurs, comme s'ils essayaient, par un ultime Printemps décalé surgi au plein de l'Eté ou en Automne, de se perpétrer, de tout faire pour porter encore une fois des fruits, faisant ainsi de cette dernière floraison une tentative pathétique et sublime pour célébrer la vie, pour confirmer le sens de leur existence, porter des fruits !

J'ai vu un soir de fin du mois d'août, en allant écouter les dernières sonates de Schubert, au festival de La Roque d'Anthéron, un grand marronnier d'Inde tout près du lac de Saint Christol offrir à nos regards étonnés, d'un coté une moitié de sa frondaison brunie, totalement racornie et desséchée, et sur l'autre, au bout des branches dénudées, une somptueuse et pourtant si fragile floraison printanière. Dernier sursaut de ce géant avant de devenir du bois mort.

Chaque fois que je voyage, je guette du coin de l'œil un arbre, je caresse des yeux son feuillage ou le tissage de ses branches, je leur adresse quand ma tête n'est pas ailleurs, perdue dans les nuages, c'est-à-dire dans mes pensées, un bonjour, un message de vie, un remerciement pour leur présence. Les arbres sont devenus des compagnons familiers, des amis, des témoins. Ils jalonnent mon existence et celles de ceux que j'aime, comme autant de signes affectueux adressés à la planète terre, qui nous a accueillis il y a quelques cinq millions d'années et nous supporte encore, malgré toutes les maltraitances que nous lui infligeons depuis quelques décennies.


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