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Cogito ergo sum

Publié le 14 décembre 2009 par Juval @valerieCG

Dans son discours de Latran, Sarkozy parla de “laïcité positive”. Adjoindre un adjectif mélioratif au concept de laïcité indique clairement, que, pour notre chef d’état, la laïcité est à parfaire et à “catholiciser”.

Tous les présidents français – même si la distinction avait peu été en vogue jusqu’à René Coty, ont été chanoine d’honneur de Latran sauf Mitterand et Pompidou qui ont simplement accepté le titre de chanoine. Les autres, De Gaulle, VGE, Chirac l’ont acceptée de façon discrète. Sarkozy fut donc le seul à médiatiser cette distinction avec un discours réaffirmant l’importance de la foi ; il marque donc une rupture majeure, et à mon sens, désastreuse, dans l’histoire de la laïcité française.
Comprenons qu’en tant qu’homme, Sarkozy est bien évidemment libre d’avoir des convictions religieuses. Mais, il ne semble toujours pas avoir compris, que l’homme doit s’effacer devant la fonction.

Rappelons que la laïcité ne s’applique pas dans trois départements : en Alsace Moselle, réintégrée à la France en 1918, à Mayotte pour les principes du droit et à Wallis et Futuna où l’école primaire est confiée aux catholiques.

Nous avons, bien évidemment, une histoire fortement imprégnée de culture catholique et marquée par les persécutions à l’égard de ceux ne l’étant pas. On pensera aux cathares, aux vaudois, aux bogomils, puis aux protestants, aux juifs et aux religions des différents peuples colonisés. Au passage, je me serai gardée d’évoquer Bernard de Clairvaux, qui est certes canonisé mais aussi l’instigateur des persécutions contre les cathares. L’on ne manquera pas de me dire que tout ceci est bien ancien.. sauf que la persécution religieuse est encore une réalité.

Fonder et appliquer l’idée de laïcité était donc la seule garantie de respecter les croyances des uns et des autres (et également de ceux n’en ayant pas) tout en préservant indépendance de l’état face aux différentes religions. c’est pourquoi le statut des trois départements cités au dessus est totalement paradoxal ; comment appliquer la loi sur les signes ostentatoires à l’école tout en permettant, en Alsace, dans des établissements scolaires publics, la présence de cours d’éducation religieuse et de crucifix ?

Dans le même discours, Sarkozy déclara “Or, longtemps la République laïque a sous-estimé l’importance de l’aspiration spirituelle“. La république n’a pas à se mêler des croyances de chacun. Chacun est libre de croire ou pas, chacun doit pouvoir mener son culture comme il l’entend dans des conditions décentes et dans le respect de la loi. Mais nous n’avons pas à demander leurs avis aux religieux, quels qu’il soient.

Ce discours est un véritable camouflet pour tous les athées : “Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent.”
La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux. C’est une évidence“. je ne vois pas bien en quoi apprendre que je dois obéissance à mon mari, que je ne peux lire un livre saint pendant mes règles ou que je suis une meurtrière si je me fais avorter me rendrait plus heureuse, mis si c’est une “évidence”.

Il convient donc de dire et répéter une chose ; la laïcité accepte que les croyants croient que l’homosexualité est contre nature –et ce ne sont pas les seuls – que toutes les religions enseignent que le femme est inférieure à l’homme. L’état n’a pas à juger les croyances qui restent du domaine de la pensée. Là ou nous nous en mêlons, c’est lorsqu’il y a application de ces pensées dans la vie civile.

Sarkozy dit ensuite “Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini.”
L’idée du laïcard fanatique n’est pas nouvelle - sentez-vous les chars soviétiques à nos portes - mais jusqu’à présent, en France ce ne sont pas les laïcs qui ont eu une attitude fanatique. Quant à avoir une morale imprégnée de religion, il suffit de lire les trois livres saints des trois grandes religions monothéistes pour douter de la pertinence d’une telle idée. Si Sarkozy a été prompt à vouloir aider cette journaliste soudanaise condamnée au fouet pour port d’un pantalon (mais n’était ce pas qu’une simple application de la morale religieuse qu’il vante ?), je l’attends encore quant à l’aide qu’il pourrait apporter à cette femme excommuniée pour avoir fait avorter son enfant violée en Amérique du Sud.

Au passage il serait quand même temps de faire un sérieux point sur les bâtiments classés au patrimoine historique. 30% des bâtiments classés sont des édifices religieux ; la moindre église, ne présentant aucune espèce d’intérêt historique ou architectural est classés, ce qui lui permet d’avoir des subventions diverses et variées. Qu’on facilite aux croyants l’accès à leurs édifices - en leur facilitant l’achat d’un terrain par exemple - mais qu’ils se débrouillent pour le construire et l’entretenir.


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