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Les PIGS du lard ou du cochon?

Publié le 14 décembre 2009 par Alexandrevatus

Les PIGS du lard ou du cochon? 10 000. C’est le nombre de postes qui  vont être supprimés par le groupe ArcelorMittal en 2010. En deux ans, le leader mondial de l’acier aura détruit près de 50 000 postes. Cette hémorragie intervient dans un secteur qui constitue un bon indicateur de la santé de l’économie mondiale. A l’heure où le débat porte sur les modalités de sortie de crise, laissant penser que l’orage est derrière nous, on peut se demander si l’économie globalisée ne se dirige pas plutôt vers une nouvelle zone de turbulences. Une hirondelle ne fait pas le Printemps Passé l’été 2009, l’idée selon laquelle le pire était derrière nous s’est progressivement installée dans les consciences. Au mois de Mai, le Cac 40 avait effacé ses pertes de 2009 et les opérateurs se félicitaient des résultats des valeurs bancaires et automobiles. Pourtant, la hausse généralisée des indices boursiers est la résultante d’un excès de liquidités. Pour éviter une faillite généralisée du système, les banques centrales ont depuis 2007 procédé à une émission massive de liquidités. Bien que dans des situations périlleuses, les banques ont pu se refinancer auprès des banques centrales à des taux proches de zéro. Dès lors, qu’on fait les institutions financières? Elles ont cherché à placer cet argent sur le marché le plus rentable à court terme : la bourse. Dès lors, les indices mondiaux n’ont eut de cesse de progresser de manière artificielle. Nul doute que les marchés boursiers vont continuer à progresser tant que les banquiers centraux ne cesseront pas leurs mesures non conventionnelles de soutien au secteur bancaire. Après s’être refaites une santé, les banques se sont empressées de s’affranchir de la «tutelle» des états en remboursant les sommes prêtées au titre des plans de sauvetage. Dès lors, en l’absence de mesures concrètes tout semble reparti comme s’il n’y avait pas eu de crise malgré des indicateurs dans le rouge. Malgré tout les marchés sont sous tension. Le retour des emprunt russes? Les plans de relances mis en place pour soutenir des économies au bord de la faillite ont eu pour effet de gonfler considérablement la dette des états. Autrement dit, la dette privée s’est tout simplement transformée en dette publique. Pour financer l’acquisition de la dette privée, les états ont du emprunter sur le marché obligataire. A ce jour sous l’effets des politiques monétaires, une véritable bulle s’est créée, la dette des états au niveau mondial devant représenter la coquette somme de 49 500 milliards de dollars soit une progression impressionnante de 15 300 milliards de dollars en une année. Le marché est-il capable d’absorber de telles sommes ou se dirige-t-on vers un krach sur le marché des obligations étatiques? En cas de krach, les prix des obligations chuteraient et le coût du crédit s’envoleraient pour tous les acteurs économiques. Les niveaux de la dette des états sont tels que les investisseurs peuvent légitiment se poser la question de la solvabilité de certains états. Dans un contexte aussi nerveux, certains se demandent si les créances de certains états ne vont pas se transformer en actifs pourris comme le furent les emprunts russes qui provoquèrent la ruine de nombreux petits porteurs Français. Les PIGS, la zone Euro menacée C’est sous ce joli sobriquet que les Anglo Saxons surnomment le quartette Portugal, Irlande, Grèce et Espagne. Ces quatre pays ont en commun d’être considérés comme les grands malades d’une Europe elle-même préoccupante. La défaillance de Dubaï World qui a gagné un répit grâce à son voisin Abou Dhabi, la récente dévaluation du Vietnam ont eu pour effet de rendre les marchés encore plus nerveux. Les PIGS ont en commun d’être dans une situation financière tout bonnement catastrophique. Plus touchés que d’autres par la crise mondiale, ces pays se distinguent également par une gestion douteuse et un endettement colossal. Le déficit public de la Grèce devrait atteindre 12,7% du PIB, celui du Portugal 8%, celui de l’Irlande 12% et celui de l’Espagne 9,5%. Il ne s’agit là que de prévisions pour 2009. Pour rappel le traité de Maastricht autorise un déficit des comptes publics inférieur à 3% du PIB. Le poids de la dette des quatre PIGS est tout bonnement stupéfiant. En 2010, la dette publique Grecque devrait être comprise entre 120 et 130% du PIB, celle du Portugal à plus de 90% en 2011, l’Irlande afficherait un endettement à hauteur 110% du PIB à la fin 2010, l’Espagne faisant aussi bien. On aura en mémoire que Maastricht autorise une dette  de 60% du PIB. Nombre d’observateurs craignent que les PIGS se retrouvent dans une situation de défaillance à l’instar de Dubaï menaçant la zone Euro dans son ensemble. Les créanciers de ces pays se retrouveraient à la tête d’actifs pourris et le système serait de nouveau au bord du gouffre. Les marchés bruissent de rumeurs annonçant le retrait de la Grèce voire de l’ensemble des PIGS de la zone Euro. Cependant, à part installer un climat de défiance vis à vis de la zone Euro on voit mal quel serait l’intérêt du lâchage des PIGS. En cas de défaillance, les autres pays membres de la zone Euro n’auraient d’autres choix que de se porter au secours des PIGS en aggravant de facto leur endettement déjà très élevé. Les agences de notation, menace pour la zone Euro? Les agences de notation ont pour vocation d’évaluer le risque de solvabilité d’un état, d’une collectivité locale, d’une opération financière ou d’une entreprise. A l’issue de leurs analyses, les agences de notation attribuent une note à l’entité concernée. Plus la note est élevée plus le risque est faible. Avec l’industrialisation de la Finance ces agences sont devenues incontournables tant pour les investisseurs que pour émetteurs. Force est de constater que les agences de notation ont récemment défailli en ayant toute confiance dans les désormais célèbres crédits hypothécaires. Cela dit, ce n’est pas la première fois que les agences de notations se trompent gravement dans leurs appréciations des risques. On se souviendra des excellentes notes décernées à Enron, Worldcom ou encore Vivendi Universal peu avant que ces sociétés donnent leurs noms à de graves désastres boursiers. Les pays sont eux aussi notés par les agences de notation. Cette note est cruciale notamment lorsqu’un état cherche à emprunter auprès des marchés. Plus la note d’un état est élevée plus le taux auquel il emprunte est bas. Compte tenu des montants levés chaque jour par les états sur les marchés – la France a emprunté près de 250 milliards d’euros en 2009 – une baisse même minime de la notation d’un état peut avoir des conséquences dramatiques pour ses finances publiques. Ainsi, aussi vrai qu’une société peut être précipitée dans la tourmente du fait d’une mauvaise notation, un pays peut voir la situation de ses finances publiques empirer sous l’effet de baisse(s) de sa note. L’Europe pourrait donc payer au prix fort l’absence d’encadrement des agences de notation. Aujourd’hui les PIGS et notamment la Grèce se retrouvent notamment dans le collimateur des agences de notation. Le surprenant activisme des agences de notation ne touche pas tout le monde de la même façon. Compte tenu de leurs situations respectives, les USA et les Grande Bretagne devraient être notés pareillement aux PIGS. Ces deux pays ne s’en sortent cependant qu’avec un carton jaune. L’entrée dans l’ère du grand remboursement. Nous évoluons dans une économie mondiale encore très malade. Les importantes liquidités injectées dans le corps du malade ont développé un fort effet d’accoutumance. Les banques centrales vont devoir graduellement mettre fin aux mesure exceptionnelles de soutien au secteur bancaire de manière à éviter tout phénomène de sevrage. Les marchés appréhendent avec angoisse ce retour inévitable à normale. Compte tenu des dettes contractées par les états, il va falloir financer ces importants déficit. Les états ont d’ores et déjà des difficultés à placer leur dette, le recours au marché reste donc exclu du moins à moyen terme. Certains pays n’hésitent pas à laisser leur monnaie s’affaiblir de manière à relancer leurs exportations et donc leur croissance. Ces dévaluations sont l’une des causes de la crise de 1929. Du fait de l’interdépendance des économies ont peut espérer que ce phénomène ne sera pas utilisé à outrance. Les états sont donc contraints de réduire de manière drastique le poids de leurs dettes. Pour cela, plusieurs solutions existent : la guerre, l’hyper inflation où la mise en place d’un  plan de rigueur. La Grèce qui a choisi la troisième fois en annonçant des mesures phares comme une réduction de 10% des dépenses de santé, un gel des salaires de fonction publique, hausse de la fiscalité… Ces mesures qui pourraient sembler impossible à mettre en oeuvre en France sont pourtant relativement douces. Dans le cadre d’un plan de rigueur les taux d’endettement des nos pays sont tels que nous devons réduire de manière drastiques les dépenses de l’état. A en croire les récentes déclarations de chefs d’état Européens, certains semblent plus se préoccuper des échéances électorales.  Quelque soit la solution choisie, nous risquons fort de nous diriger vers une période socialement agitée avec ou sans l’aide des PIGS.

10 000. C’est le nombre de postes qui  vont être supprimés par le groupe ArcelorMittal en 2010. En deux ans, le leader mondial de l’acier aura détruit près de 50 000 postes. Cette hémorragie intervient dans un secteur qui constitue un bon indicateur de la santé de l’économie mondiale. A l’heure où le débat porte sur les modalités de sortie de crise, laissant penser que l’orage est derrière nous, on peut se demander si l’économie globalisée ne se dirige pas plutôt vers une nouvelle zone de turbulences.

Une hirondelle ne fait pas le Printemps.

Peu avant l’été 2009, l’idée selon laquelle le pire était derrière nous s’est progressivement installée dans les consciences. Au mois de Mai, le Cac 40 avait effacé ses pertes de 2009 et les opérateurs se félicitaient des résultats des valeurs bancaires et automobiles.

Pourtant, la hausse généralisée des indices boursiers est la résultante d’un excès de liquidités. Pour éviter une faillite généralisée du système, les banques centrales ont depuis 2007 procédé à une émission massive de liquidités. Bien que dans des situations périlleuses, les banques ont pu se refinancer auprès des banques centrales à des taux proches de zéro. Dès lors, qu’on fait les institutions financières? Elles ont cherché à placer cet argent sur le marché le plus rentable à court terme : la bourse. Dès lors, les indices mondiaux n’ont eut de cesse de progresser de manière artificielle.

Nul doute que les marchés boursiers vont continuer à progresser tant que les banquiers centraux ne cesseront pas leurs mesures non conventionnelles de soutien au secteur bancaire. Après s’être refaites une santé, les banques se sont empressées de s’affranchir de la «tutelle» des états en remboursant les sommes prêtées au titre des plans de sauvetage. Dès lors, en l’absence de mesures concrètes tout semble reparti comme s’il n’y avait pas eu de crise malgré des indicateurs dans le rouge. Malgré tout les marchés sont sous tension.

Le retour des emprunts russes?

Les plans de relances mis en place pour soutenir des économies au bord de la faillite ont eu pour effet de gonfler considérablement la dette des états. Autrement dit, la dette privée s’est tout simplement transformée en dette publique. Pour financer l’acquisition de la dette privée, les états ont du emprunter sur le marché obligataire. A ce jour sous l’effets des politiques monétaires, une véritable bulle s’est créée, la dette des états au niveau mondial devant représenter la coquette somme de 49 500 milliards de dollars soit une progression impressionnante de 15 300 milliards de dollars en une année.

Le marché est-il capable d’absorber de telles sommes ou se dirige-t-on vers un krach sur le marché des obligations étatiques? En cas de krach, les prix des obligations chuteraient et le coût du crédit s’envoleraient pour tous les acteurs économiques. Les niveaux de la dette des états sont tels que les investisseurs peuvent légitiment se poser la question de la solvabilité de certains états. Dans un contexte aussi nerveux, certains se demandent si les créances de certains états ne vont pas se transformer en actifs pourris comme le furent les emprunts russes qui provoquèrent la ruine de nombreux petits porteurs Français.

Les PIGS, la zone Euro menacée?

C’est sous ce joli sobriquet que les Anglo Saxons surnomment le quartette Portugal, Irlande, Grèce et Espagne. Ces quatre pays ont en commun d’être considérés comme les grands malades d’une Europe elle-même préoccupante. La défaillance de Dubaï World qui a gagné un répit grâce à son voisin Abou Dhabi, la récente dévaluation du Vietnam ont eu pour effet de rendre les marchés encore plus nerveux.

Les PIGS ont en commun d’être dans une situation financière tout bonnement catastrophique. Plus touchés que d’autres par la crise mondiale, ces pays se distinguent également par une gestion douteuse et un endettement colossal.

Le déficit public de la Grèce devrait atteindre 12,7% du PIB, celui du Portugal 8%, celui de l’Irlande 12% et celui de l’Espagne 9,5%. Il ne s’agit là que de prévisions pour 2009. Pour rappel le traité de Maastricht autorise un déficit des comptes publics inférieur à 3% du PIB.

Le poids de la dette des quatre PIGS est tout bonnement stupéfiant. En 2010, la dette publique Grecque devrait être comprise entre 120 et 130% du PIB, celle du Portugal à plus de 90% en 2011, l’Irlande afficherait un endettement à hauteur 110% du PIB à la fin 2010, l’Espagne faisant aussi bien. On aura en mémoire que Maastricht autorise une dette  de 60% du PIB.

Nombre d’observateurs craignent que les PIGS se retrouvent dans une situation de défaillance à l’instar de Dubaï menaçant la zone Euro dans son ensemble. Les créanciers de ces pays se retrouveraient à la tête d’actifs pourris et le système serait de nouveau au bord du gouffre. Les marchés bruissent de rumeurs annonçant le retrait de la Grèce voire de l’ensemble des PIGS de la zone Euro. Cependant, à part installer un climat de défiance vis à vis de la zone Euro on voit mal quel serait l’intérêt du lâchage des PIGS. En cas de défaillance, les autres pays membres de la zone Euro n’auraient d’autres choix que de se porter au secours des PIGS en aggravant de facto leur endettement déjà très élevé.

Les agences de notation, menace pour la zone Euro?

Les agences de notation ont pour vocation d’évaluer le risque de solvabilité d’un état, d’une collectivité locale, d’une opération financière ou d’une entreprise. A l’issue de leurs analyses, les agences de notation attribuent une note à l’entité concernée. Plus la note est élevée plus le risque est faible. Avec l’industrialisation de la Finance ces agences sont devenues incontournables tant pour les investisseurs que pour émetteurs.

Force est de constater que les agences de notation ont récemment défailli en ayant toute confiance dans les désormais célèbres crédits hypothécaires. Cela dit, ce n’est pas la première fois que les agences de notations se trompent gravement dans leurs appréciations des risques. On se souviendra des excellentes notes décernées à Enron, Worldcom ou encore Vivendi Universal peu avant que ces sociétés donnent leurs noms à de graves désastres boursiers.

Les pays sont eux aussi notés par les agences de notation. Cette note est cruciale notamment lorsqu’un état cherche à emprunter auprès des marchés. Plus la note d’un état est élevée plus le taux auquel il emprunte est bas. Compte tenu des montants levés chaque jour par les états sur les marchés – la France a emprunté près de 250 milliards d’euros en 2009 – une baisse même minime de la notation d’un état peut avoir des conséquences dramatiques pour ses finances publiques. Ainsi, aussi vrai qu’une société peut être précipitée dans la tourmente du fait d’une mauvaise notation, un pays peut voir la situation de ses finances publiques empirer sous l’effet de baisse(s) de sa note. L’Europe pourrait donc payer au prix fort l’absence d’encadrement des agences de notation.

Aujourd’hui les PIGS et notamment la Grèce se retrouvent notamment dans le collimateur des agences de notation. Le surprenant activisme des agences de notation ne touche pas tout le monde de la même façon. Compte tenu de leurs situations respectives, les USA et les Grande Bretagne devraient être notés pareillement aux PIGS. Ces deux pays ne s’en sortent cependant qu’avec un carton jaune.

L’entrée dans l’ère du grand remboursement.

Le malade ne pourra guérir sans une réforme profonde du secteur financier. Les banques trop importantes doivent être démantelées. Too big to fail, les grandes banques et autres assureurs savent qu’en cas de pertes importantes c’est le contribuable qui règle l’ardoise. Cet état de fait combiné aux activités croisées et aux prises de risque excessives reconduiront immanquablement à une situation analogue à celle que nous avons  vécu.

Nous évoluons dans une économie mondiale encore très malade. Les importantes liquidités injectées dans le corps du malade ont développé un fort effet d’accoutumance. Les banques centrales vont devoir graduellement mettre fin aux mesure exceptionnelles de soutien au secteur bancaire de manière à éviter tout phénomène de sevrage. Les marchés appréhendent avec angoisse ce retour inévitable à normale.

Compte tenu des dettes contractées par les états, il va falloir financer ces importants déficits. Les états ont d’ores et déjà des difficultés à placer leur dette, le recours au marché reste donc exclu du moins à moyen terme. Certains pays n’hésitent pas à laisser leur monnaie s’affaiblir de manière à relancer leurs exportations et donc leur croissance. Ces dévaluations sont l’une des causes de la violence de la crise de 1929. Du fait de l’interdépendance des économies ont peut espérer que ce phénomène ne sera pas utilisé à outrance.

Les états sont donc contraints de réduire de manière drastique le poids de leurs dettes. Pour cela, plusieurs solutions existent : la guerre, l’hyper inflation où la mise en place d’un  plan de rigueur. La Grèce qui a choisi la troisième fois en annonçant des mesures phares comme une réduction de 10% des dépenses de santé, un gel des salaires de fonction publique, hausse de la fiscalité… Ces mesures qui pourraient sembler impossible à mettre en oeuvre en France sont pourtant relativement douces. Dans le cadre d’un plan de rigueur les taux d’endettement des nos pays sont tels que nous devons réduire de manière drastiques les dépenses de l’état. A en croire les récentes déclarations de chefs d’état Européens, certains semblent plus se préoccuper des échéances électorales.  En tout état de cause nous refusons d’admettre que nous vivons depuis trop longtemps au dessus de nos moyens. Les opinions ne semblent toujours pas en avoir conscience ce qui laisse à penser que  nous risquons fort de nous diriger vers une période socialement agitée avec ou sans l’aide des PIGS.


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