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Martine Aubry vend-elle la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?

Publié le 16 décembre 2009 par Hmoreigne

C’est à croire qu’au PS on a remplacé les papillotes des fêtes de fin d’année par des pilules euphorisantes. Jean-Michel Normand spécialiste du PS pour le journal Le Monde évoque le petit miracle de la très consensuelle convention de Tours qui n’a pas été parasitée pour une fois par un autre sujet que celui affiché : les régionales de mars. “Nous pouvons toutes les gagner !” s’est laissée aller à déclarer dans le discours de clôture, très ou trop optimiste, Martine Aubry.

Au pays des bisounours, Ségolène Royal a une nouvelle fois joué les cas à part. La présidente de Poitou-Charentes qui avait boudé la convention a rappelé dés le lendemain matin sur RTL le PS à la réalité :“il faut toujours être prudent sur les objectifs, et en tout cas ne jamais préempter, de la part d’un parti politique, des résultats électoraux ; les électeurs n’aiment pas ça du tout”. L’ex-candidate aux élections présidentielles a invité la patronne à “rester humble” et à “ne pas crier victoire trop tôt”.

Si Ségolène Royal présente des défauts indéniables elle est toutefois unanimement reconnue pour un flair et un sens politique hors pair. La rue de Solférino, aurait tout intérêt à méditer l’avertissement même si celui-ci n’est pas dénué d’arrière-pensées. La bataille des dames pour 2012 est bien engagée.

En affirmant que la gauche peut gagner toutes les régions, Mme Aubry commet le même pêché d’orgueil que Lionel Jospin qui, en 2001, avant même le vote des électeurs, se voyait déjà au deuxième tour de la présidentielle“, a déclaré de son côté  Yves Jégo, conseiller politique de l’UMP. Le député de Seine et Marne appuie sur le point sensible, le sujet de la fiscalité locale, que trop souvent le PS écarte par une pirouette en évoquant le désengagement de l’Etat. “Les socialistes, plutôt que de savourer leur victoire en préemptant le choix des Français, feraient mieux d’expliquer leur bilan région par région en justifiant de l’utilisation des sommes ponctionnées depuis 2004 sur les contribuables“, avance l’ancien secrétaire d’Etat.

De fait, une lame de fond de rejet du Sarkozysme ne saurait se traduire mathématiquement par une adhésion aux divers projets régionaux socialistes. L’humilité affichée par Europe Ecologie cache de réelles ambitions et le PS aurait tort de mépriser les outsiders de son propre camp.

Le vrai talon d’Achille de Martine Aubry reste toutefois la rénovation manquée des listes régionales. La photo de groupe de Tours est saisissante, digne d’une certaine façon des années SFIO. Une ribambelle de notables sexagénaires souvent en panne de notoriété tant au niveau national que régional. Cette omniprésence des hommes en gris atteste du vieillissement à tous les étages des habitants de la maison socialiste et de son incapacité structurelle, pour des enjeux de pouvoir lié à la maîtrise de l’appareil, à faire appel à du sang neuf.

Face à un monde et une société en plein bouleversement, le PS n’offre ni nouveau logiciel ni nouvelles têtes et fait appel à ce qu’il considère comme des valeurs sûres. Le PS a beau assurer avoir renouvelé plus d’un tiers de ses candidats et placé quelques 15 % de militants “issus de la diversité” en position éligible, cette annonce butte sur sa visibilité.

Pas de quoi rêver ni même s’enflammer d’autant, que la défense du bilan des sortants ne saurait constituer en soi un exercice très sexy. ” A Martine Aubry de méditer l’ancien proverbe, popularisé plus tard dans ses Fables par La Fontaine, selon lequel, “Il ne fault marchander la peau de l’ours devant que la beste soit morte“. 


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