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Sommet de Copenhague et réchauffement climatique : qu’en pense l’Opinion ?

Publié le 16 décembre 2009 par Délis

Copenhague_2009Après une semaine de débats à Copenhague, l’issue du Sommet est encore bien incertaine. Ce dernier avait pourtant bien commencé, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ayant déclaré dès la première journée que les émissions de gaz à effet de serre étaient effectivement responsables du réchauffement et constituaient une menace pour la santé publique, ouvrant ainsi la voie, pour la première fois, à une volonté de régulation de ces émissions. Depuis, on parle davantage de la polémique liée à la fuite d’un projet de « texte de Copenhague » qui émanerait de la présidence danoise, ou encore, depuis ce week-end, des manifestations de dizaines de milliers d’écologistes, d’altermondialistes ou de simples citoyens concernés par la cause qui ont défilé en marge du sommet pour réclamer à nos dirigeants un accord contraignant, défilés dont sont surtout commentés les incidents et les interpellations qui en ont découlé.

Aussi, à quelques jours de la clôture de ce Sommet, dans cette semaine qui sera celle des compromis pour nos dirigeants, Délits d’Opinion fait le point sur l’état de l’Opinion sur le sujet.

Le réchauffement climatique : une préoccupation sans conteste internationale

Le sujet du réchauffement climatique n’a pas attendu le Sommet de Copenhague pour être un sujet de préoccupation pour les citoyens du monde entier. La Commission Européenne et le parlement européen ont ainsi commandé début 2009 à TNS Opinion & social une vague spéciale de l’Eurobaromètre s’intéressant essentiellement aux Attitudes des Européens vis-à-vis du changement climatique . On y apprend notamment que pour la moyenne des européens, le changement climatique fait partie des trois problèmes les plus sérieux auxquels le monde est confronté (50% de citations), derrière « la pauvreté, le manque de nourriture et d’eau potable » (66% de citations) et, sans surprise compte tenu du contexte économique international des quinze derniers mois, de « l’important recul de l’économie mondiale » qui enregistre une progression de plus de 50% par rapport à la dernière mesure (24% au printemps 2008 contre 52% sur cette vague). Parmi les autres problèmes du monde que devancent le réchauffement climatique, on trouve le terrorisme international, les conflits armés, la prolifération d’armes nucléaires, l’augmentation de la population mondiale et la propagation des maladies infectieuses. Notons que les citoyens de Suède (particulièrement sensibles aux questions environnementales) (82%), ceux de Chypre (76%) et de Grèce (71%) citent le réchauffement climatique comme le problème le plus sérieux auquel le monde est confronté. En France, ce sentiment était partagé, en début d’année 2009, par un peu plus d’une personne sur deux (51%) s’inscrivant ainsi dans la moyenne européenne (50%).

Des Français qui se distinguent

Plus récemment, début décembre, l’institut Ifop réalisait un sondage pour le quotidien Le Monde dans lequel il confrontait les perceptions d’Italiens, de Polonais, de Japonais, d’Américains et de Français sur leur intérêt pour cette question du réchauffement climatique et de manière plus large sur l’impact des modes de vie sur l’environnement. Parmi les principaux enseignements de ce sondage, on relève que les Français sont les plus au fait de la tenue de cette conférence mondiale, et expriment un plus grand intérêt sur le sujet. Près des deux tiers des Français déclarent ainsi avoir entendu parler de Copenhague 2009 (64%), quand c’est le cas de seulement 33% des Italiens, 37% des Japonais, 39% des Américains et 47% des Polonais. Toutefois, les Français apparaissent comme les plus pessimistes quant aux chances de réussite de cette Conférence : les trois quart d’entre eux estiment ainsi que le Sommet aboutira à « un accord de façade » qui permettra de réduire seulement dans une certaine mesure les émissions de gaz à effet de serre. Seuls 10% croient en un véritable accord. En outre, plus du tiers des américains (36%) estiment que cette conférence s’achèvera sans qu’aucun accord ne soit signé, soit la proportion la plus forte dans les cinq pays considérés dans ce sondage.

Par ailleurs, cet état d’esprit plutôt sceptique de l’opinion dans l’Hexagone est confirmé par un autre sondage réalisé par l’institut BVA publié le 4 décembre dernier dans lequel moins de quatre personnes interrogées sur dix accordent leur confiance à Nicolas Sarkozy pour imposer aux autres pays du monde des mesures contraignantes permettant de réduire les impacts des émissions à effets de serre sur le réchauffement climatique (39%). 57% à l’inverse doutent fortement de ses capacités.

Parmi les différents dangers imputables au réchauffement climatique, le renforcement de phénomènes météorologiques extrêmes suscite le plus de craintes (70% de citations en Pologne, 68% au Japon à 37% de citations aux Etats-Unis), probablement parce que particulièrement visibles avec les cyclones ou les ouragans et les dégâts qu’ils engendrent, devant la fonte des glaces et l’élévation du niveau général des mers de 47% à 25% de citations), l’augmentation des sécheresses et des inondations (47% à 20%) et l’augmentation des fortes chaleurs et canicules (de 43% à 20%).

… et une volonté majoritaire de participer individuellement, mais pas trop !

Toujours dans ce même sondage réalisé par l’Ifop, les Français apparaissent comme les plus disposés à modifier leur mode de vie pour préserver l’environnement. Près du tiers d’entre eux (31%) se déclarent prêts à changer en profondeur leur mode de vie et à restreindre leur consommation de manière significative (proportion qui passe à 22% aux Etats-Unis et à 16% au Japon, des temples de consommation), et une majorité (57%) accepterait de changer « un peu » son mode de vie, contre 58% des américains et 65% des Japonais. Autrement dit, dans chacun des cinq pays considéré, cette disposition individuelle à modifier ses habitudes, bien que majoritaire est peu affirmée, plus encore aux Etats-Unis et au Japon, deux des acteurs de premier plan du Sommet de Copenhague.

L’environnement comme enjeu électoral

Pour autant, quel que soit la perception des conséquences du réchauffement climatique, la question environnementale constitue désormais un enjeu politique incontournable et international : au moins 62% des sondés de ces cinq pays prennent en compte les prises de positions des différents partis politiques en matière d’environnement et de lutte contre le changement climatique au moment de voter. Cette part de l’électorat sensible à la question écologique est la plus forte au Japon (79%) et en France (78%). Même les Etats-Unis, dont les sondés semblaient pourtant moins inquiets, voient plus des deux tiers de l’électorat sondé reconnaître l’importance de cet élément (69%). Près de 30% estiment même qu’il est « très important ».

A quelques semaines du scrutin régional dans l’Hexagone, nous pourrons prendre la mesure de cet intérêt « vert », déjà exprimé aux dernières élections européennes, dans le choix des Français pour leurs représentants locaux et ainsi voire confirmer ou infirmer un récent sondage dans lequel près des deux tiers des personnes interrogées (64%) souhaiterait qu’à l’issue des élections régionales de mars prochain certaines régions soient dirigées par des représentants d’Europe-Ecologie et des Verts (proportion qui passe à 78% chez les sympathisants de gauche).

En attendant mars prochain, toute l’équipe Délits d’Opinion suit de près les négociations en cours à Copenhague et proposera dans les jours qui viennent le décryptage de différents experts sur cette Conférence autrement appelé « le Sommet de la dernière chance ».


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